Louis-Philippe Hébert : Chambre 613 : Roman : Éditions de la Grenouillère : 2025 : 176 pages

« En fait, personne ne connaît réellement John Kilmore, rigolait le patron. » John Kilmore est le narrateur de Chambre 613, il en est également le protagoniste. J’emboîte volontiers le pas au patron. Je détourne ses mots pour les appliquer au romancier. À mon avis, personne non plus ne connaît réellement Louis-Philippe Hébert.

Cet homme porte plusieurs chapeaux. Durant les dernières décennies, à vrai dire depuis qu’il est au monde, et surtout depuis qu’il écrit et publie, il a fait mille et une choses. Entre autres de la radio, du journalisme et de l’enseignement. Mais surtout, on lui doit de nombreux romans, des recueils de poésie et de nouvelles. J’ajoute que parallèlement à la réalisation de ses œuvres littéraires, il a fondé, comme l’indique la quatrième de couverture de Chambre 613, « la première maison d’édition de logiciels en français, puis une maison de livres informatiques et grand public. » Il est, rappelons-le, le grand magicien qui contre vents et marées tient la barre des Éditions de La Grenouillère. Cet homme, on le connaît. Mais, l’autre, celui qu’il est au plus profond de lui-même, seuls ses livres réellement permettent de l’appréhender. Bien entendu, on se méfiera de l’opération consistant à traquer un homme dans ses livres. Proust a bien démontré les limites des lectures à la Sainte-Beuve. Oui, mais. Tout de même. Il n’en demeure pas moins que si LPH n’est pas Kilmore, que si un romancier est à la fois chacun de ses personnages, on ne saurait s’arrêter à ces êtres de papier lorsque l’on tente de cerner la personnalité d’un auteur donné.

Dans les romans de LPH, les objets comptent pour beaucoup. À tel point que je serais tenté de dire que ce dernier se retrouve non seulement chez ses personnages, mais également au cœur de chacun des objets qui habitent ses œuvres. Chez lui, un ascenseur n’est pas innocent. Une fenêtre autant qu’un miroir permet d’entrevoir un aspect de son être ; un fantôme dont l’ombre furtive apparaît au fond d’une pièce, un appareil radio contre lequel se débat son héros, tout cela le révèle. Mais surtout, chacune de ses phrases. Et même ses descriptions. LPH dit autant en décrivant une fenêtre ou des installations portuaires qu’en s’attardant à décrire un faciès, comme celui de Hogues, une espèce d’alter ego de Kilmore, un poète venu réciter ses vers lors d’un festival de poésie se déroulant dans la ville de Mille-Rives. Ça vous sonne une cloche ? Une cloche qui résonne pas mal fort lorsqu’il est question des noms de rues de la ville et des bars et restaurants où se déroulent les lectures de poésie.

L’auteur sait jouer avec les mots. Mais il s’en sert aussi à bon escient. La richesse du lexique chez lui impressionne, non en raison de sa rareté — un cruciverbiste n’y fera pas son miel — mais plutôt parce que ce lexique est toujours approprié, idoine à ce à qu’il désigne en raison de sa justesse (l’auteur connaît le mot juste). Je donne un exemple de cette précision qui jamais ne fait défaut, surtout dans les domaines techniques. Prenons le mylar : ce mot renvoie à une matière issue du polyester — matière utilisée dans la confection de feuilles de plastique familières pour tout le monde, mais que la plupart ne font que voir, côtoyer, manipuler sans connaître le terme qui leur correspond.  Partout dans le roman, et je dirais partout dans l’œuvre de Louis-Philippe Hébert, les choses, les objets du monde réel sont présentés avec réalisme, décrits avec une rigueur exemplaire. Chez lui, pas d’à peu près, rien de vague. Ses descriptions accentuent le caractère réaliste de ses ouvrages : « Je tirai de chaque côté la boucle mécanique d’un fermoir à ressort et le châssis vint vers moi sans que j’aie beaucoup à insister. Bien qu’il y ait eu des saletés qui empêchaient le mécanisme de se déployer convenablement. La fenêtre pivotait sur un axe horizontal au bas du cadre. Elle était guidée par une penture métallique qui évoqua un compas et apparut dangereuse pour les doigts. »

L’auteur excelle aussi à mener de front les progressions parallèles que connaissent les éléments les plus importants de son roman. La poudre noire ou l’ascenseur, par exemple. Ascenseur. Ce mot apparaît d’abord sans qu’on lui prête attention. Il est question d’un lieu où se réfugier (dans le sous-sol, près de la fournaise : « Là où atterrissent les ascenseurs. À fuir le liquidateur. » Attention ici au mot « liquidateur ». Deux pages plus loin, le mot « ascenseur » revient. Le téléphone du commis « glissa le long de son bras comme une cabine d’ascenseur dans un corridor vertical invisible et lui tomba dans la paume de la main. » C’est là tout l’art d’un romancier consciencieux. Il met en place non seulement le décor où se situera l’action, mais il dépose également dans l’inconscient du lecteur des éléments, souvent des objets, qui scène après scène connaîtront une croissante amplification jusqu’au dénouement final, la chute si l’on veut, le finale, le grand coup de cymbale de la fin de l’histoire.

Progressions parallèles. J’ai parlé de poudre noire. Elle en vient peu à peu à s’animer. À être envahissante. Elle est importante, mais l’on ne peut pas tout dire. Je la laisse de côté. De même, j’omets de traiter de l’évolution de ce qui a trait au motif du porc dans cette histoire. Je me borne à dire qu’à la toute fin, lorsque « l’Ange exterminateur » sur le chemin du retour traverse les campagnes, les éleveurs de porc font à sa victime de petites funérailles — l’odeur du lisier se faisant envahissante. Quant à l’ascenseur, nous apprendrons bientôt qu’il est défectueux. Et avec lui, devant et dedans les deux cabines de l’ascenseur, il se passera des choses plutôt troublantes. La première étant le refus de Kilmore de séjourner dans la chambre qu’on lui a allouée, car elle se situe justement en face de l’ascenseur, et il craint que le bruit et l’animation ne le dérangent. Il a besoin de silence pour accomplir son travail de liquidation. Kilmore, comme son nom l’indique, est, pourrait-on croire, un tueur en série. Je n’en dis pas plus. 

Il y aurait tant à dire. Au sujet de l’humour par exemple. Lequel nous incite à penser que nous avons affaire ici, non pas à une inquiétante étrangeté, mais bien plutôt à une souriante étrangeté. Une étrangeté qu’accentuent même les origines du héros. Il vient d’une autre planète. Il le dit. Il n’a ni père ni mère. Il parle beaucoup d’univers parallèles.

Le narrateur parsème son récit d’anecdotes. Dont certaines font rire. D’autres, frémir. « Car, de la plus petite anecdote jusqu’à l’épanchement de sang, tout dans mon histoire tient du rêve. » Les anecdotes entretiennent entre elles des rapports qui passent d’abord inaperçus. Comme passe plus ou moins inaperçu dans la phrase que l’on vient de citer cet « épanchement de sang ». Le lecteur lit, puis passe à la phrase suivante, attentif surtout au déroulement de cette histoire qui se passe, semble-t-il, surtout dans la tête de Kilmore.

Voici une anecdote. Au moment de signer au registre de l’hôtel, le héros gribouille un nom illisible : « Hogues ». Le commis lui demande comment il l’épelle, Kilmore répond : « Like a pig ». C’est plutôt amusant. En effet, pour les Britanniques, « hog » désigne généralement un gros porc castré, mais le mot désigne également tout type de porc en anglais américain. Vers la fin du roman, alors qu’on sera en présence du type qui s’appelle Hogues, il sera question de sa physionomie, de son faciès, dont le narrateur dira qu’il tient du porc. Aussi, ce qui est intéressant, c’est que Kilmore en signant le registre de l’hôtel s’approprie l’identité de celui qui s’avérera un peu plus tard être l’objet de sa quête, le mot « objet » devant être entendu dans plus d’un sens. Je laisse les lecteurs se débrouiller avec ses diverses significations.  

Il a signé Hogues : « le client avait écrit le premier nom qui lui passait par la tête. » Le client étant Kilmore, qui parle ici de lui-même à la troisième personne. Le commis s’était étonné : « Nous attendons un autre visiteur du même nom. Un lapsus. Ce n’est pas vous. Non. Un double. Hogues confronté à Hogues. » Tout se complique. N’a-t-on pas lu au début du récit cette phrase étonnante ? « Mais quand l’assaillant, c’est soi. » 

Dans ce roman, nous irons donc d’étonnement en étonnement. Tout cela aura de quoi donner le tournis. Or, bien que l’on puisse être déboussolé, jamais n’a-t-on l’impression que, pour invraisemblable qu’elle paraisse, cette histoire n’a ni queue ni tête, pas de sens. Du sens, au contraire, elle en regorge, ne serait-ce que dans ces sortes d’adages que l’auteur y parsème ici et là. Du genre : « Quand il s’agit d’une délation, il n’y a pas plus délateur que soi-même envers soi-même. » : « Même les gagnants finiront par être des perdants. » : « L’âge est une caricature. Il exagère les traits. » : « C’est dans la mort de l’autre que la vie acquiert tout son sens » : « Certains écrivent pour faire plaisir. Certains écrivent pour se faire plaisir. » : « Le rêve est un univers qui se répand dans le nôtre. Quand il a perdu son étanchéité. »

Comment LPH parvient-il à écrire des histoires qu’on interprète malgré soi au pied de la lettre tout en sachant fort bien qu’elles relèvent de l’absurde ? C’est là un phénomène intrigant. On est plongé dans un univers qui à première vue entretient fort peu de rapports avec le monde réel, du moins dans la mesure où il s’y passe des choses qui d’ordinaire n’ont pas cours dans la vie de tous les jours. Des choses qui ne se passent, pourrait-on croire, que dans un cerveau malade, celui par exemple d’un être en proie à des hallucinations, et qui délire. Mais si Kilmore délire, jamais délire n’a été aussi raisonnable. En effet, le narrateur de cette histoire, son héros, est un homme d’une rare intelligence, un esprit cartésien fort méthodique. Ses raisonnements tiennent la route, sa parole est on ne peut plus rigoureuse, contrôlée, pour tout dire logique et rationnelle. L’histoire qu’il raconte a beau être invraisemblable, le lecteur y adhère totalement, et ce, malgré son étrangeté.

Je reviens au célèbre concept de « l’inquiétante étrangeté ». Cette étrangeté donne habituellement des frissons au lecteur, joue sur sa sensibilité, lui faisant craindre le pire. Chez LPH, bien que son héros aborde à plusieurs reprises la question de la peur, l’étrangeté est en quelque sorte familière. Cela est dû au contrôle que j’évoquais il y a un instant, à la parole maîtrisée du narrateur, à une manière de raconter qui s’en tient aux faits en présentant les plus extravagants comme s’ils allaient de soi. Le lecteur se rend bien compte que Kilmore est un être « spécial », qui sort de l’ordinaire, qui en sort tout en ayant les apparences d’un être tout à fait normal. Il ressemble au premier venu. Mais le premier venu n’a pas son cerveau. Le cerveau de Kilmore engendre des extravagances qui, pour toutes vessies qu’elles soient, font croire à de véritables lanternes. Avec lui, on prend l’imaginaire pour le réel. En fait, le réel devient imaginaire, qui sans doute n’a jamais cessé de l’être. C’est en tout cas ce que prétend Kilmore : « Les histoires vraies sont celles qui manquent le plus de véracité. » Par conséquent, celles qui ont le plus de véracité seraient celles qui sont les plus invraisemblables.

Nous parlons ici de vérité. Il y aurait des histoires qui en recèlent. Elles disent, et c’est là une opinion répandue, des vérités. Pensons au mentir-vrai de Louis Aragon, au fameux mot de Cocteau : « Je suis un mensonge qui dit toujours la vérité. » C’est là une idée admise sans doute depuis la nuit des temps, à savoir que les contes et les fictions donnent à voir symboliquement le monde dans lequel nous évoluons, livrent en quelque sorte des manières d’enseignement. Si bien qu’on en vient à parler de messages, à croire que tout récit propose une allégorie et que lire, par conséquent, ne consiste pas uniquement en une entreprise de divertissement, mais qu’il entre dans cette activité surtout peut-être une part de questionnement. Un auteur aurait donc quelque chose à nous dire. Écrire serait pour qui écrit une manière détournée d’exprimer des idées. Mais si tout cela n’était pas entièrement vrai ? Si, dans le cas qui nous intéresse, avec cette Chambre 613, il en allait autrement ? Et si à la question : « Qu’est-ce que LPH veut nous dire, nous faire comprendre ? Ou à la suivante : « Qu’est-ce que tout cela peut bien signifier ? », on répondait tout simplement : RIEN.

En passant, je prélève du livre le passage suivant, en le tirant bien entendu de son contexte. Il signifie tout de même quelque chose. C’est le narrateur qui parle : « qu’est-ce que cela signifie. Rien, il n’y a pas d’autre réponse. » Voilà qui apporte de l’eau au moulin de nos interprétations.

Ainsi, serait-on en mesure d’affirmer que LPH écrit pour rien, que ses histoires ne riment à rien, et tout particulièrement celle racontée dans Chambre 613, qu’elles sont insignifiantes. On en conviendra, un tel raisonnement n’a rien de raisonnable. Mais, pourtant. Des auteurs fort raisonnables ont tenu des propos qui semblent réduire à presque rien la nature « intelligible » du discours littéraire, des productions littéraires. Je songe à Valéry. Roger Caillois affirme que le célèbre poète « aspirait à aiguiser les vertus de l’intellect. » Il rappelle que le poète détestait « l’ineffable et l’obscur, les mystérieux et l’insolite, le fortuit et l’arbitraire, l’incohérent, l’informe, l’absurde, que sais-je encore ? » Cela se trouve dans Rencontres, où je lis également que Valéry aurait déclaré ceci : « Mes vers ont le sens qu’on veut bien leur donner. » Alors ? Que dire du sens, de la signification de Chambre 613 ? Le narrateur nous met la puce à l’oreille : « Car, de la plus petite anecdote jusqu’à l’épanchement de sang, tout dans mon histoire tient du rêve. » On le sait bien, les rêves ne signifient pas rien. Ils ont, cependant « le sens qu’on veut bien leur donner. »

Doit-on prendre cette histoire au pied de la lettre ou chercher à l’interpréter ? Je crois que la question est mal posée, qu’elle présente en opposition deux voies qui au fond n’en font qu’une. Il se trouve que LPH a écrit un roman qu’il est impossible de lire en le tenant à distance, comme s’il s’agissait d’une froide abstraction, de l’illustration d’une thèse, d’une parabole.

Comme dans la plupart des récits, le personnage de son histoire entreprend une quête. Elle le conduit dans une petite ville appelée Mille-Rives. Il y passera une grande partie de son temps dans une chambre d’hôtel. Son but étant de rencontrer un homme afin de lui faire signer un contrat. Il s’agit de préarrangements funéraires. L’histoire est simple. John Kilmore finira par rencontrer le dénommé Hogues et lui fera alors signer ledit contrat. Puis, ayant accompli sa mission, le modeste employé de l’entreprise de pompes funèbres Sanschagrin retournera d’où il est venu.

Bien entendu, ce résumé ne dit pas tout. Ne dit pas l’essentiel. Ne mentionne pas ce qui se passera ultimement dans la cage d’ascenseur. Ne rend pas suffisamment compte de la nature complexe de John Kilmore, ne révèle pas la raison pour laquelle son patron lui a offert une arme à feu, un Glück, dont le héros au début de l’histoire entend bien se servir en le retournant contre lui-même. Première phrase du roman : « Je suis venu ici pour mourir. » Meurt-il à la fin ? Par chance, un Glück n’est pas un Glock. En allemand, si je ne m’abuse, « glück » signifie « chance ». Quant au Glock, il s’agit bel et bien d’un pistolet. C’est dire que notre auteur, qui joue si bien avec les mots, est par chance un bien drôle de pistolet ! Tellement subtil que dans son roman il est aussi question de Louise Glück, la célèbre poétesse américaine, lauréate du prix Nobel de littérature en 2020.

Ce résumé heureusement ne résume rien. Quant à ce billet, il ne rend malheureusement pas compte de la richesse du roman, du fait qu’il se lit si facilement malgré sa très grande complexité. C’est un roman qui séduit et divertit. Sa composition est subtile. L’auteur est un véritable ingénieur du récit. Il fabrique une pièce de mécanique où chaque élément s’agence parfaitement à l’ensemble. Mécanique bien huilée. Je m’en voudrais de ne pas signaler la qualité de l’écriture. Il s’agit d’une écriture sobre, classique, raffinée. Inventive également. Et moderne. À dire vrai, ce roman, dont la forme et le contenu sont audacieux, manifeste ce que l’on pourrait appeler une tradition d’avant-garde.

Le personnage principal a lâché l’aveu suivant : « Certains écrivent pour faire plaisir. Certains écrivent pour se faire plaisir. J’abhorre les deux phrases. » Je me demande s’il en va de même chez l’auteur. Une chose me semble certaine, son roman procure une puissante dose de plaisir et il a certainement dû en éprouver en le produisant.

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Auteur : Daniel Guénette

Né le 21 mai 1952, Daniel Guénette est originaire de Montréal. Il a vécu la majeure partie de son existence dans l’arrondissement de Saint-Laurent. Après des études en lettres à l’Université de Montréal, où il obtient un diplôme de maîtrise en création littéraire, il enseigne la littérature au cégep de Granby. En 2011, il prend sa retraite après 34 années d’enseignement. À l’aube de la soixantaine, il renoue avec l’écriture qu’il avait cessé de pratiquer durant près de vingt ans. Il publie chez Triptyque deux recueils de poésie, Traité de l’Incertain en 2013 et Carmen quadratum en 2016, ainsi qu’un récit, L’École des Chiens, en 2015. Dans son œuvre antérieure alternaient ouvrages de poésie (3 titres au Noroît, 2 chez Triptyque) et productions romanesques (3 titres chez Triptyque). Ces ouvrages furent publiés entre 1985 et 1996. L’ensemble fut bien reçu par la critique. À l’occasion du vingtième anniversaire des éditions Triptyque, feu Réginald Martel écrivait : « Et on soupçonne que bien des éditeurs seraient ravis d’inscrire à leur catalogue, parmi quelques auteurs de Triptyque, le nom d’un Daniel Guénette, par exemple. » J. Desraspes a enchanté Jean-Roch Boivin : « Ce roman est un délicieux apéritif, robuste et délicat, son auteur un écrivain de talent et de grands moyens. » Réginald Martel parle d’un roman « qu’on dévore sans reprendre son souffle » ; il salue également la parution des romans qui suivent, se montrant surtout favorable à L’écharpe d’Iris. Pierre Salducci écrit dans Le Devoir un article élogieux sur ce roman : « L’écharpe d’Iris est une réussite, une petite musique qui nous parle de la nature humaine et qu’on n’arrive pas à oublier. Un roman magnifique, un vrai. Pas un phénomène de mode. Pas un produit branché et périssable. Mais de la littérature. Tout simplement. » L’École des Chiens, qui en 2015 marque le retour de l’auteur au récit, a été commentée par divers blogueurs, dont le poète Jacques Gauthier : « Ce beau récit du poète Daniel Guénette évoque, avec pudeur et humilité, les onze années vécues auprès de Max qu’il a dû faire euthanasier à cause d’un cancer. Ils sont rares de tels livres qui traitent si tendrement de la relation entre un homme et son animal de compagnie. Ça parle de vie et de mort, d’attachement et d’amitié, d’enfance et de solitude. » Pour sa part, Topinambulle écrit : « Dans ce très beau récit, un homme apprivoise doucement le deuil de son chien. À la manière de Rousseau, Daniel Guénette nous invite à le suivre dans ses promenades, dans les méandres de ses souvenirs, où l'évocation de l'ami fidèle nous servira de guide. ». Dominic Tardif, dans Le Devoir, 4 juillet 2015 a rendu compte chaleureusement de L’école des chiens. Il a souligné qu’avec ce récit, l’auteur avait produit « de la vraie littérature » : « Plus qu’un livre sur un maître et son animal, L’école des chiens célèbre le pouvoir de l’écriture qui, chez Daniel Guénette, n’aspire pas à remplacer l’en allé, mais bien à en continuer la vie. » Recommandé avec enthousiasme à ses téléspectateurs, L’école des chiens a fait l’objet d’un échange de cadeaux à l’émission LIRE présentée sur ARTV. À partir de 1975, l’auteur a collaboré à diverses revues de littérature à titre de poète et de critique. On a pu lire ses recensions dans la revue Mœbius. Pour l’une d’elles, l’auteur a été finaliste au Prix d’excellence de la SODEP 2016, dans la catégorie Texte d’opinion critique sur une œuvre littéraire ou artistique. Plus récemment, l’auteur a publié deux nouveaux titres en poésie, Varia au Noroît en 2018 et, à l’hiver 2023, La châtaigneraie aux Éditions de la Grenouillère. Pour ce recueil, le poète a été finaliste au Prix d’excellence du webmagazine La Métropole. Dans la recension que réserve à cet ouvrage la revue LQ, le critique Antoine Boisclair écrit: « Ce recueil émouvant, très maîtrisé du point de vue formel, témoigne d’un savoir-faire indéniable. » Le critique et poète français Pierre Perrin écrit dans sa revue trimestrielle de littérature, la revue française « Possibles », ne pas confondre avec la revue québécoise du même nom : « Daniel Guénette a le vers sûr, souvent proche de l’alexandrin, parfois très bref. Il sait restituer une vie, avec sa foudre, ses éclairs, et les moments de calme, voire de communion. La Châtaigneraie constitue un beau recueil presque filial. » Pour sa part, dans Le Ou'tam’si magazine, Nathasha Pemba déclare que « La châtaigneraie est un recueil de poésie qui a l’allure d’un hommage, d’un renouvellement du contrat amical. C’est une poésie ontologique qui va au fond des choses pour faire émerger l’être. Daniel Guénette une fois plus confirme qu’il est poète, le poète de l’amitié, le poète de l’altérité, le poète de l’éternité. » Outre ces recueils de poésie, l’auteur fait paraître quelques nouveaux romans. De Miron, Breton et le mythomane, paru en 2017 à La Grenouillère, Dominic Tardif écrit dans Le Devoir : « Chronique des glorioles imaginaires d’un grand taquin aimant (se) conter des histoires et fabuler une légendaire vie d’aventures, Miron, Breton et le mythomane est le carton d’invitation d’une fête organisée en l’honneur du mensonge auquel s’abreuve n’importe quelle forme de littérature digne de ce nom. » Pour sa part, Dédé blanc-bec reçoit dans Nuit Blanche un commentaire signé Gaétan Bélanger : « Le ton poétique empreint d’humour et de nostalgie adopté par l’auteur rend extrêmement agréable la lecture de ce roman émouvant. Il faut préciser que, tout d’abord, il est un peu déroutant de suivre les bonds fréquents de la narration dans le temps. Plus que de simples digressions, elles donnent parfois l’impression que l’auteur saute du coq à l’âne pour revenir aux mêmes événements, observés sous un angle différent. Mais on s’habitue vite à cette manière ou à ce style et on l’apprécie pour son originalité. Voilà donc un roman au texte minutieusement poli et se démarquant par sa qualité et son audace. » Vierge folle est le dernier roman de l’auteur. La recension parue dans Culture Hebdo se termine avec ces mots : « Nous vous laissons le soin de découvrir la conclusion. Excellent, est un euphémisme. On a adoré. » Ce roman, sans doute le meilleur de l’auteur, s’il a suscité l’enthousiasme de ses lecteurs n’a guère fait l’objet de recensions sérieuses. Pour des recensions sérieuses, il aura fallu attendre l’hiver 2023. Au billet d’Antoine Boisclair portant sur La châtaigneraie, se sera ajoutée dans Le Devoir une chronique de Louis Cornellier consacrée non pas à un roman ou un recueil, mais à un essai. Le journaliste y salue d’abord le travail entrepris par l’écrivain sur son blogue : « Fin lecteur de poésie, l’écrivain s’y impose comme un critique raffiné, érudit et amical dont le style, limpide et élégant, s’apparente à celui de la conversation relevée. Ces qualités en font une rareté dans le paysage littéraire québécois. » Puis, il rend compte de l’essai : « Dans Le complexe d’Orphée (Nota bene, 2023, 186 pages), l’écrivain se fait plus essayiste que critique en proposant « une manière de promenade » dans laquelle il tente « de saisir la nature de la poésie ». Fidèle à son approche modeste et exploratoire, il déambule en compagnie des poètes et penseurs qu’il aime afin de délimiter son objet, tout en cultivant le souci de ne pas l’enfermer. » Il conclut sa chronique en ces termes : « Partisan des « poèmes limpides » qui disent de « simples vérités », Guénette trouve dans la poésie un antidote « à l’endormissement de [ses] facultés » ou, comme l’écrit Valéry, un discours « chargé de plus de sens, et mêlé de plus de musique, que le langage ordinaire n’en porte et n’en peut porter ». Fénelon aurait aimé ce livre admirable. » La conclusion de l’article d’Antoine Boisclair portant sur La châtaigneraie était elle aussi plutôt réjouissante : « Romancier accompli (son dernier récit, Vierge folle, est paru en 2021 aux éditions de La Grenouillère), critique littéraire important (son blogue, intitulé Dédé blanc-bec, offre des comptes rendus très étoffés sur des publications québécoises), Daniel Guénette est aussi un poète qui mérite toute notre attention. »

2 réflexions sur « Louis-Philippe Hébert : Chambre 613 : Roman : Éditions de la Grenouillère : 2025 : 176 pages »

  1. En peinture, on ne peut faire abstraction de la couleur d’à côté, car celle-ci teinte toutes les autres. La couleur n’est jamais franche, elle est instable et se modifie selon la lumière. Vos analyses voient plus loin que ce qui semble être. Merci pour la découverte.

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