
Il est un air pour qui je donnerais
Tout Rossini, tout Mozart et tout Weber
Ainsi débute le poème « Fantaisie » de Gérard de Nerval. Je cite ces vers en raison de l’enthousiasme qu’ils manifestent en faveur de ce que l’on pourrait appeler les formes simples — la suite du poème en témoigne qui vante les mérites d’un air ancien empli de charmes secrets.
Je songe à Salah Stétié. Il affirmait quelque part que le simple n’est pas simple. L’air auquel réfère Nerval n’avait évidemment rien de wagnérien. Il devait ressembler aux chansons populaires du type « À la claire fontaine ». Dissipons un possible malentendu. La poésie de Thomas Mainguy ne nous ramène pas aux époques révolues, au folklore d’antan, toutefois le poète ne se refuse pas à réanimer un vers trop souvent rejeté du revers de la main, comme s’il avait donné depuis longtemps tout ce qu’il avait à donner. Qu’on fasse un tour du côté de chez Jean-Claude Pirotte pour se convaincre que la chose n’est pas morte ou qu’on ouvre un recueil de Robert Melançon (les poèmes de Melançon et de Mainguy ont un petit air de famille) , on sera vite convaincu de la vivacité toujours actuelle du vers.
Je cite les vers de Nerval et m’amuse du titre qui les coiffe, car chez Mainguy, du reste comme chez Pirotte et Melançon, la fantaisie est tout à fait présente. Par moments, il y a même du Michaux chez Mainguy, de l’inventivité, de l’ironie aussi, quoique jamais mordante. Avec lui, l’absurde n’est pas cultivé dans le but d’étonner. Il résulte plutôt d’une fine observation de la réalité que teinte çà et là le rêve, voire le cauchemar. Saisir de la réalité en poésie, cela ne se fait pas sans l’apport d’un certain surréalisme, bien relatif chez Mainguy dont le verbe jamais ne se plie aux caprices de l’inspiration telle que pratiquée par les automatistes. Ce sera davantage du côté de l’enfance que nous remonterons pour apprécier certains passages du recueil.
Connaissez-vous Arnold Lobel ? Il produisit au siècle dernier des livres pour enfants. On les retrouve à l’école des loisirs. Ses poèmes brefs, des « limericks », étaient tout à fait savoureux. Il les agrémentait de dessins illustrant de petits récits mettant en scène des animaux. Voici l’une de ses petites comptines.
Ce cochon flemmard était apathique.
Le mot « travail » lui donnait la panique.
Il se la coulait douce
En se tournant les pouces,
Songeant : » Je fais ma gymnastique. »
Traduit de l’anglais par Christian Poslaniec
Avec ce dernier poème, nous ne sommes pas très loin d’une des parties du livre de Mainguy, la deuxième, celle qui pour d’ingénieuses raisons s’intitule « Alphabestiaire ». Bien entendu, notre poète ne s’adresse pas à des enfants, quoique. Il entre dans ses poèmes une gravité que l’on pourrait dire métaphysique. Si l’enfance occupe une place importante dans son recueil, c’est dans la mesure où elle hante le poète, moins cependant par son évanescence passée que par la prospection la faisant paraître au bout d’un horizon qui présidera, pourrait-on dire, à son avènement. Enfance à conquérir avant d’atteindre le bout de son âge. Une quête est à l’œuvre chez Mainguy. J’y reviendrai.
Depuis sa toute récente parution, j’ai lu ce petit grand livre au moins cinq ou six fois. On comprendra que c’est pour renouveler le plaisir que procure cet ouvrage remarquable de finesse, d’art et de sagacité. Le livre compte quatre parties. Sans manifester de grands écarts entre elles, toutes ont leur particularité. Leur singularité toutefois participe de l’unité du recueil. Chacune s’établit dans un contexte différent, lequel se prête à l’utilisation d’un nouvel outil. Si je comprends bien, le sablier permettra de prendre la mesure du temps, le miroir réfléchira le monde, le compas en tracera les limites illimitées. Si je comprends bien. Mais, bien que ces mots, « sablier », « miroir » et « compas » apparaissent ici et là dans le recueil, leur utilisation ne sert en rien une entreprise rigoureuse et méthodique de type scientifique. Le géomètre se soucie non seulement de l’espace où il évolue, mais également du mètre propre au poème et donc à la structure rythmique du vers.
Quatre parties, avons-nous dit. Dès la première, la pensée se précise, le mot se dépose sur la page en parfaite adéquation avec le propos, avec le projet : projet d’un livre — on pourrait répéter le mot célèbre de Flaubert — d’ un livre qui se tienne « de lui-même par la force interne de son style. » Le poète est animé par un constant souci de précision. En cela, il se montre admirable. Peut-être le titre de l’œuvre souligne-t-il cette volonté de dire les choses du monde au plus près de ce qu’elles sont. Et par « choses du monde », j’entends également celle du monde intérieur. L’introspection est au cœur de cet ouvrage alors même que parallèlement il fait si grand cas de la géographie qu’enjambe le géomètre-poète : montagnes, lacs, nuages l’interrogent tout autant que les abysses de la conscience.
Si je ne m’attarde pas à tous les exergues du volume, tous parfaitement liés aux parties qu’ils inaugurent, les titres de ces dernières sont on ne plus cohérents, idoines encore une fois aux propos tenus et à la manière qu’a Mainguy de les tenir. Prenons le cas de la première partie. Elle s’intitule « Ouverture ». D’entrée, le poète cite ces mots de Margaret Atwood : « La porte s’ouvre, / vous regardez en dedans ; / pourquoi cela arrive-t-il maintenant ? » Cette section donne le ton ainsi que les thèmes principaux de l’ouvrage. Il y sera question d’ouvertures, de portes et, bien entendu, du dedans. L’en dedans correspondant aux zones obscures de l’être qu’entend éclairer l’introspection. Dans un rêve, notre poète se voit avalé par un poisson qu’il tentait de suivre (comme on tente de suivre le cours de ses pensées les plus fluides, les plus insaisissables). Le poisson avec sa « bouche toute grande / ouverte » (ouverte) le contraint à habiter cette « drôle de maison ». Il le recrache plus tard. Le « je » a pris alors la consistance d’une « forme incertaine ». Il est condamné à « frayer] / en des eaux remplies de tunnels / qui n’émergent plus. » Le recueil regorge d’évocations similaires, de pensées anxiogènes où l’être se voit enfermé en des espaces clos, des manières de prisons ou de cercueils : « un escalier plonge encore plus bas / vers de longs étages qui s’abaissent, / rapetissent jusqu’à l’étranglement. Il n’y a pas d’autres chemins ». On cherche en vain une ouverture. Par exemple, le poème intitulé « Passage » illustre bien cette fermeture, cet enfermement, cet enfer. Il commence par ce vers : « Me voici entre deux portes. » La porte d’en arrière a été avalée par le mur. Le « je » du poème tient sa poignée dans sa main. Il lui faut l’installer sur la porte qui lui fait face. Une fois ouverte, elle le mettra en présence de l’horreur. De l’autre côté montent en effet « des jappements humains ». « Et la poignée flottera / dans le vide grand ouvert de ma paume. » C’est moi qui souligne. De même, je veux signaler un mot récurent, le mot « vide ».
J’évoquais plus haut la poésie de Michaux. Un poème comme « Passage » incite à faire ce rapprochement, non pas en raison d’une influence qu’aurait exercée le Belge sur le Québécois, mais parce que, je le répète, on y voit de l’inventivité, de la fantaisie, un certain humour, pas tout à fait noir, mais discret, tendre et moins loufoque. Le tout n’a rien de gratuit. L’absurde, je le répète, est ici le fruit d’un regard posé sur le monde réel, tel qu’on le perçoit une fois engagé sur un sentier parallèle à ceux du rêve, ce sentier étant celui de la création poétique.
Dans la même veine que « Passage », le poème qui lui fait suite a trait à l’ouverture. Il l’aborde également avec une pincée d’humour. On n’est pas loin de Kafka. Il y a l’attente d’une ouverture. Un canal prochainement « [s’élargira] en nous. / On s’y engage en rampant / pour atteindre à l’autre bout / l’agent assis derrière son bureau / qui consigne les noms, détruit les visages. » Le saint Pierre des croyants est ici remplacé par un bureaucrate qu’on devine obtus, le fonctionnaire d’une mort qui débouche, me semble-t-il, sur le néant et non le paradis — l’enfer, comme on l’a mentionné se situant plutôt de ce côté-ci de la vie.
« Alphabestiaire » réserve les plus belles surprises. Voilà un titre fort bien choisi. Il résulte d’une création, d’un jeu de mots de l’auteur lui-même. Ce mot-valise a le mérite de signifier précisément ce à quoi il réfère et ce comment le poète procédera pour réaliser son projet de bestiaire : à chacune des lettres de l’alphabet sera jumelé un animal. On se souviendra de Guillaume Apollinaire.
Mon pauvre cœur est un hibou
Qu’on cloue, qu’on décloue, qu’on recloue.
De sang, d’ardeur, il est à bout.
Tous ceux qui m’aiment, je les loue.
Ici encore, Mainguy n’a rien à envier à son illustre prédécesseur. Ses petits poèmes ont la précision d’une montre suisse. Leur tic-tac régulier n’engendre nulle monotonie. Au contraire, de la régularité des vers naît une grande partie de leur beauté. On ne s’en rend peut-être pas immédiatement compte, mais le fait que le vers soit mesuré ajoute à l’intérêt que l’on prend à ces huitains composés d’octosyllabiques, Il faut une délicate ingéniosité pour couler de manière aussi naturelle le verbe dans un moule lui préexistant. La contrainte, qu’on se souvienne de l’Oulipo, génère sur le plan de la syntaxe des constructions qui sans être alambiquées s’offrent en miroir aux plus usuelles, aux plus naturelles. Il y a une pure merveille à tirer si bien son épingle du jeu, à produire des textes à la fois amusants et « nécessaires ». J’emploie ce dernier mot de manière à écarter de notre esprit tout soupçon de gratuité ou de facilité. On peut parfois penser que les jeux verbaux sont dépourvus de sens ou qu’ils tiennent éloignés des enjeux réels de l’existence, de la pensée que l’on peut et doit en avoir. Mainguy n’a rien du parnassien que seul stimule le désir d’atteindre la forme pure. Le poème qui ouvre « Alphabestiaire » témoigne de ses préoccupations.
L’animal, même minuscule,
est chargé de grandeur, de rêves.
Voilé dans son mystère, il vient
vers nous et nous voilà voisins
d’une solide différence.
Mais passons cette barrière —
qu’est-ce que moi, qu’est-ce que l’autre
au miroir où l’Être s’épelle ?
« [Au] miroir où l’Être s’épelle ». Il s’agit, on le voit, de saisir une essence, d’ouvrir à de plus larges compréhensions, d’exprimer aussi ce sentiment qui nous habite, celui d’être à la fois vivant et vide de vie, d’aspirer par-delà notre finitude à l’apparition d’une nouvelle finitude, alors que notre fin sera en quelque sorte dépassée par le recours à une nouvelle enfance. Cela est compliqué ? Pas vraiment. Mais, force est d’admettre que le paradoxe est bien souvent présent dans la poésie de Mainguy.
La disparition hante le poète. Le poème « Araignée » en témoigne. On la rencontre au milieu de sa toile. Elle tente « de rentrer / aussi loin que possible » en elle-même. Il lui semble qu’elle pourra arriver « à [se] faire / plus invisible que [ses] fils. » Dans son immobilité, l’araignée illustre en quelque sorte le mouvement d’introspection du poète, lequel mouvement le fait disparaître. On peut songer à la disparition élocutoire du poète telle qu’invoquée par Mallarmé. Le poète dans ses mots, comme l’araignée dans ses fils, se fait invisible. Ce recueil, quand bien même un « je » s’y manifeste par endroits, fait entendre la voix d’un poète qui brille par son absence. Il parle peu de lui, manière de tout dire en s’en tenant à l’essentiel. Toujours sans narcissisme aucun, il expose ses vérités au grand jour. J’échangeais récemment quelques réflexions avec Louis-Jean Thibault. Nous nous entretenions au sujet de ce que l’on pourrait, avec de nombreux guillemets, appeler une poésie « authentique ». Je crois que sa réflexion rejoint la pratique de Mainguy. Je le cire : « Je tente aussi, à la vite, une définition de ce que serait une poésie authentique : une impulsion créatrice qui part de l’expérience vécue, mais qui refuse la confession purement autobiographique, qui donne au verbe, à ses ressorts rythmiques et sonores, une forme de liberté contrôlée. En d’autres mots : du vrai transfiguré, sublimé. » Cela, me semble-t-il, correspond tout à fait à la démarche poétique de l’auteur de Sablier, miroir et compas. C’est une démarche dans laquelle entre autant la souffrance que la délivrance et la joie. Son livre est à la fois sombre et lumineux. Sombre, souvent par le propos et l’imagerie déployée. Lumineux en grande partie grâce au traitement, à la manière de dire les aspects sombres de l’existence. L’idée de l’anéantissement de soi se rencontre à maintes occasions dans le recueil. Un peu dans « Alphabestiaire » : « Et l’odeur de la mort attise / en lui le bûcher d’un jour pur » ; beaucoup dans les autres parties, qu’on songe aux lieux clos où confronté au vide le « je » s’absente de tout ainsi que de lui-même. Comme le rat piégé de « Souricière », c’est le titre de la troisième partie, saurait-il ronger la patte qui mentalement le retient prisonnier ?
Ce recueil est lumineux en grande partie en raison des jeux d’écriture auxquels s’adonne le poète. Je l’ai dit, il s’amuse dans les poèmes de son petit bestiaire à respecter scrupuleusement les contraintes du vers, la rime mise à part, ajoutant ainsi à son « travail » de poète celui du versificateur. Ce travail sur le vers ne vient pas s’ajouter à la poésie de Mainguy, n’est pas superfétatoire. Le vers chez lui n’a rien de décoratif. Mainguy ne coule pas son discours dans le moule convenu du vers traditionnel ; il fait du vers un élément consubstantiel au poème, indissociable du tout qu’est le poème. Ce faisant, en renouant avec une certaine tradition, longtemps éprouvée, récemment rejetée avec l’avènement du vers libre, Mainguy fait quasiment œuvre de pionnier puisqu’il redécouvre, ainsi que le font de rares poètes, les pouvoirs créateurs et générateurs de sens que l’observation des principes de la versification, ne serait-ce qu’à petite dose, permet d’associer aux pouvoirs que dispense l’inspiration. On retrouve ici l’idée de « liberté contrôlée » qu’évoquait plus haut un Louis-Jean Thibault.
Qu’est-ce que la magie du verbe, « ses ressorts rythmiques et sonores », pour citer Thibault encore une fois, permettent à l’auteur de Sablier, miroir et compas de réaliser ? De découvrir ? Où ses poèmes le conduisent-ils et nous conduisent-ils ?
Une véritable quête s’amorce ici au moyen du poème. Pour le poète, il s’agit de faire le point, de prendre la mesure de sa situation dans le monde, puis, partant du vide, de mettre le cap sur la vie. Les vers de terre du bestiaire nous apprennent que « vie et vide en chœur s’enracinent. » Il est question dans un des poèmes d’« Alphabestiaire » d’un « art de l’errance / tout condensé dans la tension / pour revenir à l’œuf néant. » Cet œuf néant a quelque chose d’aussi paradoxal que l’amalgame du vide et de la vie. Il faut le mettre en relation avec l’idée d’une enfance qui serait non pas derrière soi, comme une porte que le mur du temps a avalée, mais comme une porte qui pourrait s’ouvrir sur un nouvel avènement de soi. Comme la montagne d’un des tout derniers poèmes du recueil, il semblerait que le poète « veut disparaître là où il commence. » Ailleurs, il écrit : « Je me suis laissé glisser / jusqu’au fond où l’enfance intacte / d’un ruisseau courait / sur de rudes graviers. »
Quelque chose aura eu lieu. Une métamorphose, me semble-t-il. On lit ce qui suit dans le dernier poème : « Mon corps dégèle dans quelque absence. / J’ignore à quelle tête / appartient maintenant mon regard. / Peut-être à celle de l’oiseau distancé / qui se précipite vers l’horizon / et décoche du bout de son aile / le rideau d’atomes habillant l’espace. »
Il est difficile de présenter un ouvrage aussi riche. On voudrait en citer de nombreux passages. Lesquels choisir ? On hésite. Pourquoi pas le suivant ? Il fait part de préoccupations alarmantes en notre époque où aucune sirène d’alarme ne semble pourtant assez puissante pour que nous entamions une véritable lutte contre la dégradation du climat.
KOALAS
Vous qui nous avez regardés,
moi et autant de camarades,
calciner sur place, accrochés
aux arbres comme à des bouées
s’échouant contre des falaises
de feu ; vous qui nous avez vus
pleurer, pleurez aussi, car sous
les yeux vous aviez l’avenir.
Thomas Mainguy est un auteur singulier. Sa plume est remarquable. Il n’a publié à ce jour que cinq ouvrages en comptant ce dernier recueil. J’avais lu et commenté à sa sortie l’un de ses essais, celui ayant pour titre Crépuscules admirables. Le plaisir y est au rendez-vous à chaque page. Comme chez les classiques, on s’y divertit tout en s’instruisant. L’œil dormant, un recueil de poèmes, m’avait lui aussi ébloui … et Dieu sait que je n’ai pas l’éblouissement facile.
Sablier, miroir et compas est un recueil important. À mes yeux, une réussite. Pour paraphraser Nerval, je dirai qu’il s’agit d’un recueil de poésie pour qui je donnerais tout (on complétera cet énoncé en mettant ici les noms les plus prestigieux de la poésie contemporaine, qu’elle soit de France ou de Navarre, d’ici ou d’ailleurs). Est-ce que j’exagère ? L’enthousiasme m’emporte peut-être un peu. Disons que dans mon firmament littéraire, les poèmes de Mainguy sont des étoiles qui brillent d’un grand éclat, avec une intensité peu commune. Ce sont de belles étoiles au sein de la plus belle des constellations.

bravo Danielcomme d’habgénéreux et au service de l’œuvre voilà un livre que j’aurais publiépaul
Envoyé de Yahoo Courriel pour iPhone
J’aimeJ’aime
Oui. Un bon éditeur mérite un bon écrivain. Et Mainguy est excellent.
J’aimeJ’aime
absolument d’accord!
Envoyé de Yahoo Courriel pour iPhone
J’aimeJ’aime
Superbe critique, très fouillée, qui ravit une éditrice. Merci.
J’aimeJ’aime
L’éditrice est aimable, qui prend le temps de saluer le commentateur. Merci, et bon été, en attendant les prochaines pleines lunes de la rentrée d’automne.
J’aimeJ’aime