JEAN-FRANÇOIS MATHÉ : POSSIBLES : REVUE TRIMESTRIELLE DE LITTÉRATURE : NUMÉRO 34 : DÉCEMBRE 2024 

La poésie unit quelques morts aux vivants. Pierre Perrin

Adieu, chers compagnons, adieu, mes chers amis !
Je m’en vais le premier vous préparer la place.
Pierre de Ronsard

L’entièreté de ce numéro est consacrée au poète Jean-François Mathé, décédé à Thouars en novembre 2023. Pour rendre hommage au disparu, le directeur de la revue a invité Jean Pérol, Michel Pleau et Alain Raimbault à se joindre à lui. Afin de saluer la mémoire du poète, Pierre Perrin a également fait le choix de redonner la parole à Jean-François Mathé, dont on peut lire ici quelques poèmes, mais que l’on découvre principalement à travers quelques courriels adressés à son ami Pierre durant les toutes dernières années de sa vie. Sur la quatrième de couverture, Perrin dit avoir opté pour l’inédit. Il écrit : « Que serait Flaubert sans Correspondance, Renard sans le Journal ? » Cette option nous permet de découvrir le poète en toute simplicité, dans son intimité, au plus proche de sa vie quotidienne. Elle me paraît aussi plutôt audacieuse.

En mourant, les écrivains laissent des vivants derrière eux. « Attendez, disent la plupart, attendez cinquante ans avant de publier ma correspondance. » On ne veut pas froisser les survivants, créer de terrifiants séismes dans la République des Lettres. Ce sera donc dans l’indifférence, si leur correspondance est un jour rendue publique, que leurs médisances, pas toujours méchantes, parviendront à la postérité. Mathé ne calomnie pas, mais il dit ce qu’il pense. Si, comme le mentionne Perrin, son ami est « un homme aimable », il ne donne cependant pas dans la courbette : dans ses jambettes (crocs-en-jambe, disent les Français), il est selon Perrin « franc et vrai ». De cette sorte de franchise et de vérité, on se rappellera que le Journal de Renard fut malheureusement amputé par les « bons » soins de sa femme. Le directeur de la revue ne prend pas de telles précautions. N’empêche, certains et certaines éprouveront du dépit en se mirant dans les propos du disparu. On ne met pas de gants blancs dans une correspondance. Parfois non sans politesse, la critique officielle, celle qui se trouve en revue ou dans la presse écrite, est plutôt éreintante. Enfin ! Perrin ne nous fait pas le coup de la femme de Renard, et c’est tant mieux ; du reste, l’essentiel, ce qui fait l’intérêt de ces courriels, ne se trouve pas dans les réserves qu’à l’occasion Mathé formule à l’endroit de ses contemporains. L’homme est bon et aimable. Ce que l’on découvre surtout en lisant les quelque quatre-vingts courriels qu’il a fait parvenir à son ami, c’est qu’en plus des qualités de sa plume et de l’acuité de sa vision sur les choses du monde et de la littérature, cet homme est fondamentalement bon. Je reviendrai à ses courriels après avoir jeté un coup d’œil aux textes des trois poètes invités à célébrer sa vie et son œuvre.

Dans un moment de pure synchronicité, séjournant alors au Japon, Jean Pérol s’interroge. Le voici à Kyoto, plus précisément au temple de Koryuji, admirant une statue de Miroku Bosatsu datant du V1e siècle. Devant le sourire qu’affiche ce Bouddha pensif, Pérol se demande quel pourrait bien être en occident, « en art, en peinture, en poésie », l’équivalent de sa « discrétion à la fois légère et grave ». La figure de Jean-François Mathé se présente alors à son esprit. Or le voyageur ignore qu’au moment précis où il contemple cette statue, son ami est en train de rendre l’âme en France. Le poète de Thouars s’en va discrètement, un peu comme il a vécu, surtout comme il a écrit : « Mathé appartient à cette belle famille des discrets profonds, celle des Du Bellay, des Toulet, des Supervielle, des Verlaine et des comptines du jeune homme aux poches crevées. »

Michel Pleau nous offre « Le poème glissé sous la porte », un très beau texte commençant par cette toute petite phrase : « Jean-François Mathé était un ami. » Difficile quand nous lisons les courriels adressés à l’ami Perrin de ne pas aimer Mathé et de ne pas reprendre à notre compte les mots de Michel Pleau en les mettant cette fois-ci au présent. Le poète québécois rend un bel hommage au poète de Thouars. Il évoque les circonstances dans lesquelles il a été amené à faire la découverte de son œuvre. Son texte est personnel, quoiqu’entièrement tourné dans la direction de l’œuvre et de la personne de Mathé, que personnellement il n’a toutefois pas connu. Mais connaître un poète, Pleau le sait fort bien, c’est le rencontrer dans sa parole, car « c’est le poème qui fait le poète, et non l’inverse. Et pour que le poème parle, le poète doit s’effacer. » Paradoxalement, le poète est tout entier dans son effacement : « Lire sa poésie maintenant, c’est éprouver la présence qu’avive l’absence. Mathé n’est plus là et pourtant sa poésie le redonne au monde. »  Pleau revient à la discrétion dont parlait Pérol. Il développe une pensée de la poésie à laquelle le disparu souscrirait sans l’ombre d’un doute. Ces deux hommes sont des frères en poésie. Pour qui connaît l’œuvre de Pleau, les poèmes qu’il prélève chez le poète de Thouars témoignent de cette parenté.

Nous avons beau regarder au-dehors,
il n’y a d’oiseau qu’en nous-même,
et c’est celui de l’inquiétude qui bat des ailes
sans jamais trouver où se poser.

Alain Raimbault est un écrivain d’origine française. Il est né à Paris en 1966. Il a émigré au Canada à la fin du siècle dernier. Il a enseigné en Nouvelle-Écosse et vit présentement au Québec. Je garde un bon souvenir d’un de ses romans, publié à L’instant même en 2018. Il s’agit d’Effacé. Je me souviens que ce récit racontait des choses sombres, mille fois plus terribles, m’étais-je dit, que ce qu’on trouve dans Poil de Carotte, roman qu’admirait beaucoup notre ami Mathé, ses courriels nous l’apprennent. Mais revenons en arrière. En 1988, Raimbault habitait à Poitiers où il fréquentait Georges Bonnet, poète que, par ailleurs, estimait le disparu. Comme Raimbault travaillait à Thouars, Bonnet lui avait recommandé de rendre visite à Jean-François Mathé. Ce dernier habitait « une maison du temps des abbayes, de l’écriture manuscrite. » La bibliothèque du poète enjambait une rivière. Une telle maison de pierres donne à rêver. La rencontre a marqué l’esprit du jeune visiteur. Le poète lui offrit un exemplaire d’un de ses recueils : « Je retrouvais dans ce recueil la même poésie, la même beauté que dans celle de mon mentor, Georges Bonnet. »

La plus grande partie du numéro, plus d’une centaine de pages, est constituée par le tiers environ des quelques deux cent cinquante courriels que Mathé a adressés au directeur de la revue de 2015 à sa mort. Voici la présentation qu’en fait Pierre Perrin en quatrième de couverture : « Poète, Jean-François m’était un frère. Hauteur de vue, humilité du lettré ; justes jugements à propos des confrères, distance tenue avec les inutiles ; occupation des jours, lutte contre la maladie ; un homme aimable, sans courbettes, franc et vrai. »

Les réponses à ces courriels se laissent deviner. Pierre Perrin y fait assurément preuve d’empathie à l’endroit de l’ami malade et de sa femme, Nicole, qui l’est tout autant sinon davantage. Les réponses invisibles du directeur de la revue manifestent aussi de l’agacement, surtout lorsqu’il est question des confrères dits « inutiles » ; qu’on en juge par ces mots de Mathé : « Oui, tu progresses en férocité avec des mots coupants et coups de poing toujours bien choisis. Tu sais que ce n’est pas pour me déplaire et je te lis avec un plaisir méchant. »

Les deux amis ont en commun une hauteur de vue. En quoi consiste-t-elle ? Les courriels l’explicitent quelque peu : « Quant à Yeats, j’ai été heureux de lire ton article où l’on trouve de l’eau à apporter au moulin de notre conception de la poésie. Dans la citation de K. Raine d’abord (‘‘Incarner la pensée la plus haute possible dans la forme la plus simple possible.’’) et dans le précepte de Yeats lui-même (‘‘L’écriture poétique doit être aussi directe que la conversation.’’) » Attention ! Le mot conversation ne doit pas prêter à confusion.  Il est un écueil à éviter, celui de l’écriture plate : tel confrère « est en poésie de ceux dont il m’arrive de dire : ‘‘ si la platitude a des sommets, il en est un. » Ce jugement n’est pas gratuit, Mathé s’explique : il ne trouve pas dans les poèmes de ce confrère « quelque chose qui soulève les mots hors du prosaïsme et nous éclaire avec du feu, braise ou flamme, nous remue. » Ailleurs, dans les courriels, de nouvelles précisions sont apportées, des exemples donnés. On comprend que certains écrivains se contentent de livrer un contenu, que pour eux « la qualité de l’écriture compte pour du beurre et que seul comptent le sujet et, visiblement, le cadre de l’action. » Bref, s’il existe encore des « lecteurs qui lisent pour savourer une écriture », les écrivains en mesure de les satisfaire se font de plus en plus rares. Dans l’un de ses courriels, Perrin aura renchéri. Mathé le cite : « Il n’y a plus de lecteurs pour ce que nous aimons. » Bref, d’un côté comme de l’autre, la littérature fout le camp. Peu d’auteurs écrivent vraiment et peu de lecteurs les lisent vraiment. Mathé : « Toute une littérature écrite et vivante devient obsolète et à lire ce qui s’écrit (?) aujourd’hui et recueille les suffrages et les applaudissements, on se dit que la littérature a de beaux jours derrière elle. »

En lisant tout ceci, je ne puis réprimer une pensée. Il y a toujours eu en littérature, du moins dans la française, de petites et grandes querelles. S’affrontent génération après génération les tenants de la Terreur et ceux de la Rhétorique, sans compter tous les autres qui tiennent à diverses esthétiques, à diverses poétiques. Hernani mène ses batailles et porte une veste rouge. Les anciens fustigent les modernes qui le leur rendent bien. Mathé fait part à son ami de son découragement. C’est qu’on a refusé à son ami un de ses manuscrits pour une drôle de raison, on a jugé que son écriture était « trop ancienne ». Oui, le temps passe. Toutefois, si Perrin est ancien, une chose est certaine, si par malheur du jour au lendemain il devenait milliardaire, il y a fort à parier que pas plus que Mathé ne l’eût fait, il ne s’empresserait d’acquérir la fameuse sculpture invisible de Garau. C’est que chez les modernes, il y a en art contemporain, tout comme en poésie, des aberrations dont se détournent nos deux amis. Il se trouve que malheureusement, en poésie comme en d’autres domaines, il y a des grenouilles qui se gonflent tant qu’elles en viennent à en imposer. Il leur arrive d’obtenir d’enviables succès, immérités il va sans dire. Si nos deux poètes ne sont pas jaloux, c’est qu’ils ne sont pas dupes de la supercherie, de l’imposture à laquelle certains succès sont dus.

Est-ce à dire qu’il n’existe pas des géants en poésie ? Que leur succès repose forcément sur leur habileté à se mettre en vitrine, sur les relations qu’ils entretiennent avec des amis haut placés dans le petit monde de la littérature ? L’œuvre d’un Saint-John Perse vaut ce qu’il vaut, mais le personnage, le sait-on ? a fait des pieds et des mains pour l’élever sur un piédestal, pour la voir briller dans la Pléiade et finalement pour obtenir le Nobel. Tant de manigances, je n’invente rien, font rire quand elles ne font pas pleurer.

Ce n’est certes pas un Jean-François Mathé qui eût fait de même. Son humilité n’avait rien de feinte. Mais on a beau être humble, on accepte rarement de se voir humilié. À la fin du numéro, juste avant les notes de lecture que signent Pierrick de Chermont, Marie-Christine Guidon, Carmen Pennarun et Pierre Perrin, la parole est une fois encore donnée au poète de Thouars. Il s’agit de réponses données à des éreintements subis à l’occasion de la parution de ses poèmes, en revue et en livre. On l’a traité de « Petit maître », on a ridiculisé sa poésie. Il répond vigoureusement à ces attaques mesquines. Évidemment, il argumente avec doigté. Sa réaction à ces critiques a le mérite de rappeler les principes de rigueur et de probité que doit honorer quiconque exerce la fonction de critique littéraire. Voilà qui est admirable. Ce qui l’est davantage se trouve ailleurs.

Les courriels de Mathé révèlent un écrivain intègre, ils font voir un homme qui l’est tout autant, d’où le côté humain de sa poésie. En les lisant, c’est l’histoire d’un homme que l’on découvre. On parcourt avec lui les derniers moments de sa vie et cela est fort émouvant. Bien entendu, l’homme étant discret, il se tient à mille lieues du pathos. En tout et partout, il fait montre de sobriété, de pondération. Ainsi, les affres de la maladie sont-elles décrites en toute simplicité, ce qui, on l’aura compris, ne signifie pas qu’il raconte platement ; au contraire, on savoure son style grâce auquel, même dans les moments les plus graves, il parvient à exprimer justement son chagrin : « La santé de ma femme est toujours une corde de funambule. Je la retrouve parfois dans le filet. »

On ne peut les minimiser, ce ne sont pas de bêtes ennuis de santé. On voit s’aggraver leur situation au fil des pages. Le couple vit des moments difficiles. Le cas de Nicole est de plus en plus préoccupant. Heureusement, il y a l’amitié. Amis et proches leur rendent visite. La fille du couple, son compagnon, leurs deux jeunes filles viennent passer quelques jours à la maison. Jean-François, quand sa santé le lui permet, lit beaucoup, il relit. Il correspond avec quelques écrivains. Il écrit parfois, à dire vrai il écrit peu, retravaillant ses poèmes, les élaguant, ne partageant pas l’avis de son ami Pérol selon qui « le nouvel état du texte finit toujours par revenir au premier. » Il joue de la guitare et chante, s’occupe de son jardin dans le sens littéral du terme, prend surtout soin de sa femme qui souffre d’insuffisance respiratoire. Celle-ci fait tout comme son mari de longs séjours à l’hôpital. On s’attache à ce vieux couple. Et quand Nicole disparaît, on est ému. Puis, moins d’un an plus tard, vient le tour du poète. La Covid a finalement raison de sa fragilité.

« Que fait un poète mort, demande Michel Pleau ? Il continue d’écrire dans les yeux de ses lecteurs fidèles, mais aussi dans ceux des nouveaux lecteurs que le temps lui donnera. Le 29 novembre 2023, l’ami Jean-François Mathé nous quittait. Il ne nous quittera plus jamais. Il continuera à glisser ses poèmes sous notre porte. »

Avatar de Inconnu

Auteur : Daniel Guénette

Né le 21 mai 1952, Daniel Guénette est originaire de Montréal. Il a vécu la majeure partie de son existence dans l’arrondissement de Saint-Laurent. Après des études en lettres à l’Université de Montréal, où il obtient un diplôme de maîtrise en création littéraire, il enseigne la littérature au cégep de Granby. En 2011, il prend sa retraite après 34 années d’enseignement. À l’aube de la soixantaine, il renoue avec l’écriture qu’il avait cessé de pratiquer durant près de vingt ans. Il publie chez Triptyque deux recueils de poésie, Traité de l’Incertain en 2013 et Carmen quadratum en 2016, ainsi qu’un récit, L’École des Chiens, en 2015. Dans son œuvre antérieure alternaient ouvrages de poésie (3 titres au Noroît, 2 chez Triptyque) et productions romanesques (3 titres chez Triptyque). Ces ouvrages furent publiés entre 1985 et 1996. L’ensemble fut bien reçu par la critique. À l’occasion du vingtième anniversaire des éditions Triptyque, feu Réginald Martel écrivait : « Et on soupçonne que bien des éditeurs seraient ravis d’inscrire à leur catalogue, parmi quelques auteurs de Triptyque, le nom d’un Daniel Guénette, par exemple. » J. Desraspes a enchanté Jean-Roch Boivin : « Ce roman est un délicieux apéritif, robuste et délicat, son auteur un écrivain de talent et de grands moyens. » Réginald Martel parle d’un roman « qu’on dévore sans reprendre son souffle » ; il salue également la parution des romans qui suivent, se montrant surtout favorable à L’écharpe d’Iris. Pierre Salducci écrit dans Le Devoir un article élogieux sur ce roman : « L’écharpe d’Iris est une réussite, une petite musique qui nous parle de la nature humaine et qu’on n’arrive pas à oublier. Un roman magnifique, un vrai. Pas un phénomène de mode. Pas un produit branché et périssable. Mais de la littérature. Tout simplement. » L’École des Chiens, qui en 2015 marque le retour de l’auteur au récit, a été commentée par divers blogueurs, dont le poète Jacques Gauthier : « Ce beau récit du poète Daniel Guénette évoque, avec pudeur et humilité, les onze années vécues auprès de Max qu’il a dû faire euthanasier à cause d’un cancer. Ils sont rares de tels livres qui traitent si tendrement de la relation entre un homme et son animal de compagnie. Ça parle de vie et de mort, d’attachement et d’amitié, d’enfance et de solitude. » Pour sa part, Topinambulle écrit : « Dans ce très beau récit, un homme apprivoise doucement le deuil de son chien. À la manière de Rousseau, Daniel Guénette nous invite à le suivre dans ses promenades, dans les méandres de ses souvenirs, où l'évocation de l'ami fidèle nous servira de guide. ». Dominic Tardif, dans Le Devoir, 4 juillet 2015 a rendu compte chaleureusement de L’école des chiens. Il a souligné qu’avec ce récit, l’auteur avait produit « de la vraie littérature » : « Plus qu’un livre sur un maître et son animal, L’école des chiens célèbre le pouvoir de l’écriture qui, chez Daniel Guénette, n’aspire pas à remplacer l’en allé, mais bien à en continuer la vie. » Recommandé avec enthousiasme à ses téléspectateurs, L’école des chiens a fait l’objet d’un échange de cadeaux à l’émission LIRE présentée sur ARTV. À partir de 1975, l’auteur a collaboré à diverses revues de littérature à titre de poète et de critique. On a pu lire ses recensions dans la revue Mœbius. Pour l’une d’elles, l’auteur a été finaliste au Prix d’excellence de la SODEP 2016, dans la catégorie Texte d’opinion critique sur une œuvre littéraire ou artistique. Plus récemment, l’auteur a publié deux nouveaux titres en poésie, Varia au Noroît en 2018 et, à l’hiver 2023, La châtaigneraie aux Éditions de la Grenouillère. Pour ce recueil, le poète a été finaliste au Prix d’excellence du webmagazine La Métropole. Dans la recension que réserve à cet ouvrage la revue LQ, le critique Antoine Boisclair écrit: « Ce recueil émouvant, très maîtrisé du point de vue formel, témoigne d’un savoir-faire indéniable. » Le critique et poète français Pierre Perrin écrit dans sa revue trimestrielle de littérature, la revue française « Possibles », ne pas confondre avec la revue québécoise du même nom : « Daniel Guénette a le vers sûr, souvent proche de l’alexandrin, parfois très bref. Il sait restituer une vie, avec sa foudre, ses éclairs, et les moments de calme, voire de communion. La Châtaigneraie constitue un beau recueil presque filial. » Pour sa part, dans Le Ou'tam’si magazine, Nathasha Pemba déclare que « La châtaigneraie est un recueil de poésie qui a l’allure d’un hommage, d’un renouvellement du contrat amical. C’est une poésie ontologique qui va au fond des choses pour faire émerger l’être. Daniel Guénette une fois plus confirme qu’il est poète, le poète de l’amitié, le poète de l’altérité, le poète de l’éternité. » Outre ces recueils de poésie, l’auteur fait paraître quelques nouveaux romans. De Miron, Breton et le mythomane, paru en 2017 à La Grenouillère, Dominic Tardif écrit dans Le Devoir : « Chronique des glorioles imaginaires d’un grand taquin aimant (se) conter des histoires et fabuler une légendaire vie d’aventures, Miron, Breton et le mythomane est le carton d’invitation d’une fête organisée en l’honneur du mensonge auquel s’abreuve n’importe quelle forme de littérature digne de ce nom. » Pour sa part, Dédé blanc-bec reçoit dans Nuit Blanche un commentaire signé Gaétan Bélanger : « Le ton poétique empreint d’humour et de nostalgie adopté par l’auteur rend extrêmement agréable la lecture de ce roman émouvant. Il faut préciser que, tout d’abord, il est un peu déroutant de suivre les bonds fréquents de la narration dans le temps. Plus que de simples digressions, elles donnent parfois l’impression que l’auteur saute du coq à l’âne pour revenir aux mêmes événements, observés sous un angle différent. Mais on s’habitue vite à cette manière ou à ce style et on l’apprécie pour son originalité. Voilà donc un roman au texte minutieusement poli et se démarquant par sa qualité et son audace. » Vierge folle est le dernier roman de l’auteur. La recension parue dans Culture Hebdo se termine avec ces mots : « Nous vous laissons le soin de découvrir la conclusion. Excellent, est un euphémisme. On a adoré. » Ce roman, sans doute le meilleur de l’auteur, s’il a suscité l’enthousiasme de ses lecteurs n’a guère fait l’objet de recensions sérieuses. Pour des recensions sérieuses, il aura fallu attendre l’hiver 2023. Au billet d’Antoine Boisclair portant sur La châtaigneraie, se sera ajoutée dans Le Devoir une chronique de Louis Cornellier consacrée non pas à un roman ou un recueil, mais à un essai. Le journaliste y salue d’abord le travail entrepris par l’écrivain sur son blogue : « Fin lecteur de poésie, l’écrivain s’y impose comme un critique raffiné, érudit et amical dont le style, limpide et élégant, s’apparente à celui de la conversation relevée. Ces qualités en font une rareté dans le paysage littéraire québécois. » Puis, il rend compte de l’essai : « Dans Le complexe d’Orphée (Nota bene, 2023, 186 pages), l’écrivain se fait plus essayiste que critique en proposant « une manière de promenade » dans laquelle il tente « de saisir la nature de la poésie ». Fidèle à son approche modeste et exploratoire, il déambule en compagnie des poètes et penseurs qu’il aime afin de délimiter son objet, tout en cultivant le souci de ne pas l’enfermer. » Il conclut sa chronique en ces termes : « Partisan des « poèmes limpides » qui disent de « simples vérités », Guénette trouve dans la poésie un antidote « à l’endormissement de [ses] facultés » ou, comme l’écrit Valéry, un discours « chargé de plus de sens, et mêlé de plus de musique, que le langage ordinaire n’en porte et n’en peut porter ». Fénelon aurait aimé ce livre admirable. » La conclusion de l’article d’Antoine Boisclair portant sur La châtaigneraie était elle aussi plutôt réjouissante : « Romancier accompli (son dernier récit, Vierge folle, est paru en 2021 aux éditions de La Grenouillère), critique littéraire important (son blogue, intitulé Dédé blanc-bec, offre des comptes rendus très étoffés sur des publications québécoises), Daniel Guénette est aussi un poète qui mérite toute notre attention. »

2 réflexions sur « JEAN-FRANÇOIS MATHÉ : POSSIBLES : REVUE TRIMESTRIELLE DE LITTÉRATURE : NUMÉRO 34 : DÉCEMBRE 2024  »

  1. Ton article lève quelque peu le voile sur la vie qui grouille entre les poètes disparus et les vivants.
    Passionnante cette hommerie bien naturelle qui se cache sous les vers de ces grands oiseaux au-dessus de la mêlée.
    J’imagine que tu en connais beaucoup sur ce monde croustillant. Que l’été revienne pour que j’en entende davantage…
    J’ai pensé à ton livre Le complexe d’Orphée en lisant cette belle citation de Mathé: «Mathé s’explique : il ne trouve pas dans les poèmes de ce confrère « quelque chose qui soulève les mots hors du prosaïsme et nous éclaire avec du feu, braise ou flamme, nous remue. »

    De : Le blogue de Dédé blanc-bec comment-reply@wordpress.com
    Envoyé : 13 janvier 2025 14:58
    À : lchartier18@outlook.com
    Objet : Le blogue de Dédé blanc-bec

    JEAN-FRANÇOIS MATHÉ Possibles : Revue trimestrielle de littérature : Numéro 34 : Décembre 2024 La poésie unit quelques morts aux vivants. Pierre Perrin Adieu, chers compagnons, adieu, mes chers …
    Lire sur le bloghttps://dedeblancbec.com/2025/01/13/1769/ ou le lecteurhttps://public-api.wordpress.com/bar/?stat=groovemails-events&bin=wpcom_email_click&redirect_to=https%3A%2F%2Fwww.wordpress.com%2Fread%2Fblogs%2F169102358%2Fposts%2F1769&sr=1&signature=e0e06de1ea23952e470e5dc5f2184943&user=b3d55910e6d53ab176352e447df63b65&_e=eyJlcnJvciI6bnVsbCwiYmxvZ19pZCI6MTY5MTAyMzU4LCJibG9nX2xhbmciOiJmci1GUiIsInNpdGVfaWRfbGFiZWwiOiJ3cGNvbSIsImhhc19mZWF0dXJlZF9pbWFnZSI6IjAiLCJzdWJzY3JpYmVyX2lkIjoiMzk1OTM1Mjc4IiwiX3VpIjoiYjNkNTU5MTBlNmQ1M2FiMTc2MzUyZTQ0N2RmNjNiNjUiLCJfdXQiOiJhbm9uIiwiZW1haWxfZG9tYWluIjoib3V0bG9vay5jb20iLCJwb3N0X2lkIjoxNzY5LCJ1c2VyX2VtYWlsIjoibGNoYXJ0aWVyMThAb3V0bG9vay5jb20iLCJkYXRlX3NlbnQiOiIyMDI1LTAxLTEzIiwiZW1haWxfaWQiOiI5OWE5NDRlMTI0MGRlMzI3NzZhYTZiNjdkNmNjYjA3YyIsImVtYWlsX25hbWUiOiJuZXctcG9zdCIsInRlbXBsYXRlIjoibmV3LXBvc3QiLCJsaW5rX2Rlc2MiOiJyZWFkZXItdXJsIiwiYW5jaG9yX3RleHQiOiJsZVx1MDBhMGxlY3RldXIiLCJfZHIiOm51bGwsIl9kbCI6Ilwvd3BcL3YyXC9zaXRlc1wvMTY5MTAyMzU4XC9wb3N0c1wvMTc2OT9fZW52ZWxvcGU9MSZlbnZpcm9ubWVudC1pZD1wcm9kdWN0aW9uJl9ndXRlbmJlcmdfbm9uY2U9ZWNhZjcyOTZmYiZfbG9jYWxlPXVzZXIiLCJfZW4iOiJ3cGNvbV9lbWFpbF9jbGljayIsIl90cyI6MTczNjc5ODMwMDMyOSwiYnJvd3Nlcl90eXBlIjoicGhwLWFnZW50IiwiX2F1YSI6IndwY29tLXRyYWNrcy1jbGllbnQtdjAuMyIsIl91bCI6bnVsbCwiYmxvZ190eiI6IjEiLCJ1c2VyX2xhbmciOm51bGx9&_z=z
    [Image du logo du site]
    Le blogue de Dédé blanc‑bechttps://dedeblancbec.com/
    Lire sur le bloghttps://dedeblancbec.com/2025/01/13/1769/ ou le lecteurhttps://public-api.wordpress.com/bar/?stat=groovemails-events&bin=wpcom_email_click&redirect_to=https%3A%2F%2Fwww.wordpress.com%2Fread%2Fblogs%2F169102358%2Fposts%2F1769&sr=1&signature=e0e06de1ea23952e470e5dc5f2184943&user=b3d55910e6d53ab176352e447df63b65&_e=eyJlcnJvciI6bnVsbCwiYmxvZ19pZCI6MTY5MTAyMzU4LCJibG9nX2xhbmciOiJmci1GUiIsInNpdGVfaWRfbGFiZWwiOiJ3cGNvbSIsImhhc19mZWF0dXJlZF9pbWFnZSI6IjAiLCJzdWJzY3JpYmVyX2lkIjoiMzk1OTM1Mjc4IiwiX3VpIjoiYjNkNTU5MTBlNmQ1M2FiMTc2MzUyZTQ0N2RmNjNiNjUiLCJfdXQiOiJhbm9uIiwiZW1haWxfZG9tYWluIjoib3V0bG9vay5jb20iLCJwb3N0X2lkIjoxNzY5LCJ1c2VyX2VtYWlsIjoibGNoYXJ0aWVyMThAb3V0bG9vay5jb20iLCJkYXRlX3NlbnQiOiIyMDI1LTAxLTEzIiwiZW1haWxfaWQiOiI5OWE5NDRlMTI0MGRlMzI3NzZhYTZiNjdkNmNjYjA3YyIsImVtYWlsX25hbWUiOiJuZXctcG9zdCIsInRlbXBsYXRlIjoibmV3LXBvc3QiLCJsaW5rX2Rlc2MiOiJyZWFkZXItdXJsIiwiYW5jaG9yX3RleHQiOiJsZVx1MDBhMGxlY3RldXIiLCJfZHIiOm51bGwsIl9kbCI6Ilwvd3BcL3YyXC9zaXRlc1wvMTY5MTAyMzU4XC9wb3N0c1wvMTc2OT9fZW52ZWxvcGU9MSZlbnZpcm9ubWVudC1pZD1wcm9kdWN0aW9uJl9ndXRlbmJlcmdfbm9uY2U9ZWNhZjcyOTZmYiZfbG9jYWxlPXVzZXIiLCJfZW4iOiJ3cGNvbV9lbWFpbF9jbGljayIsIl90cyI6MTczNjc5ODMwMDMzMSwiYnJvd3Nlcl90eXBlIjoicGhwLWFnZW50IiwiX2F1YSI6IndwY29tLXRyYWNrcy1jbGllbnQtdjAuMyIsIl91bCI6bnVsbCwiYmxvZ190eiI6IjEiLCJ1c2VyX2xhbmciOm51bGx9&_z=z

    [https://1.gravatar.com/avatar/4837b430e722a54ec8919066a0da11cbf1b0a9ada4dfae3fa2b6d9d0ef37ec79?s=96&d=identicon&r=G]

    Par Daniel Guénette le 13 janvier 2025

    JEAN-FRANÇOIS MATHÉ

    Possibles : Revue trimestrielle de littérature : Numéro 34 : Décembre 2024
    [https://4476home.wordpress.com/wp-content/uploads/2025/01/download-1-1.jpg?w=192]

    La poésie unit quelques morts aux vivants. Pierre Perrin

    Adieu, chers compagnons, adieu, mes chers amis !
    Je m’en vais le premier vous préparer la place. Pierre de Ronsard

    L’entièreté de ce numéro est consacrée au poète Jean-François Mathé, décédé à Thouars en novembre 2023. Pour rendre hommage au disparu,

    J’aime

Répondre à Laurent Chartier Annuler la réponse.