Jean-Baptiste Leduck : Le chant de la cabane : Poésie : AMV édition : 2024 : 56 pages

Voici un petit livre très original. Son titre cependant pourrait laisser croire qu’il est conventionnel. En poésie le chant renvoie à des ouvrages solennels, voire empreints de noblesse. Poésie lyrique, épique, le chant évoque un art ayant eu cours autrefois. Qu’on songe par exemple aux chants de Pindare. Les surréalistes ne s’y sont guère trompés qui préfèrent aux chants anciens ceux que l’on dit magnétiques. Voilà qui fait plus moderne. Le chant en musique est également chose grave et sérieuse entretenant peu de rapports avec la chanson dite populaire. On apprend le chant au conservatoire ; la chanson, celle des rues et des bois, comme chez Hugo, semble naître de façon naturelle. On ne l’étudie pas. On chantonne comme on respire. On chante comme les oiseaux, comme les cigales. Et, bien que la plupart des vedettes de la chanson populaire travaillent comme des forçats, ce qui est apprécié chez elles, c’est justement leur apparence de naturel.

La cabane évoque la nature. Elle est à la chanson ce que le chant est aux palais dont les fronts sont audacieux, dixit Du Bellay dans son sonnet des Regrets. La cabane n’a rien de très moderne. Elle est sise quelque part au fond de la forêt ou dans une arrière-cour, dans le jardin, livrée aux plaisirs de l’enfance. En poésie, la cabane ne fait pas très sérieux. Autrefois, elle était populaire, chez les anciens Canadiens, dans le roman de la terre des premiers romanciers québécois où l’habitant et le coureur de bois y trouvaient refuge.

Bref, voilà un titre qui a quelque chose d’archaïque. Et pourtant. Sans renvoyer de manière ostensible à notre monde contemporain, ce livre, écrit au présent, se lit bel et bien au présent. Des esprits pour qui tout texte produit aujourd’hui doit délibérément être le fruit d’une volonté de se distinguer expressément de toute tradition trouveront à redire au style et à la manière de ce Chant de la cabane. Ils y verront un certain classicisme. Ce faisant, ils n’y verront que du feu. Certes, ils n’auront pas tout à fait tort. On est loin des Champs magnétiques de Soupault et Breton, loin de ce qui en poésie tend à manifester une radicale opposition à l’endroit de toute forme de conservatisme. Quelque chose se trouve ici préservé. Il y a encore des mots, des phrases. Et ces mots, ces phrases sont porteurs de sens. Mais de quel sens ? Il se pourrait bien que lecteurs et lectrices errent durant tout un temps à travers les circonvolutions de ce chant avant de parvenir à en saisir des bribes, bribes de significations qui de ramification en ramification en viennent à former un tout se découpant clairement ou quasiment clairement, comme sur l’horizon se dessine la silhouette d’un paysage.

Le recueil est divisé en trois parties. Rectification : ce n’est pas un recueil. Il s’agit plutôt d’un poème, d’un poème divisé en trois mouvements intitulés respectivement chant 1, chant 11 et chant 111. Ce livre correspond effectivement à un chant. Non parce qu’il est lyrique, il ne l’est que partiellement et jamais de manière échevelée, mais parce que, à l’instar de ce que l’on apprend dans un conservatoire, c’est-à-dire de la rigueur, de la méthode, des connaissances en solfège, en composition, il est le fruit d’une savante élaboration, d’une conception, d’un engendrement du verbe hautement sophistiqué, quoique demeurant tout à fait simple dans sa facture. Voyez cet extrait : « je commence à regretter / le temps / où je chassais les papillons / Epsilon ». Mis à part cet Epsilon, il n’y pas ici à se creuser les méninges. Epsilon, je l’ignorais, est relatif à un homme ou un enfant qui ne pense pas et dont l’opinion ne pèse pas vraiment dans la balance. Mais c’est aussi une lettre grecque, la cinquième. Et en physique, l’epsilon est encore autre chose. En mathématiques, également. Epsilon porte une majuscule dans le poème et semble être l’attribut du « je », celui qui commence à regretter le temps lointain de son enfance. Bref, le « je » fut jadis un enfant naïf et innocent. Il a perdu sa candeur. Peut-être désire-t-il la retrouver ou, du moins, retrouver la sérénité, la paix intérieure qu’il a connue naguère. Peut-être la cabane est-elle le seul lieu qui puisse lui apporter quelque forme de réconfort, de repos.

Mais n’allons pas si vite. Il nous faudra revenir sur la sophistication toute simple de ce chant, sur ses particularités formelles, lesquelles, à mon sens, relèvent de la haute voltige, je devrais dire du prodige. J’indiquerai prochainement pourquoi la facture de cet ouvrage me fascine à ce point. Commençons par le commencement.

Il y a ce titre. Au départ, on ne lui prête pas vraiment attention. On croit qu’un poète ira se ressourcer au bord d’un lac ou d’une rivière, qu’il nous vantera les beautés de la nature, que ses poèmes seront bêtement élégiaques, qu’on en aura vite fait le tour et que vivement, l’on pourra s’empresser de regagner la ville, notre monde moderne, les questions de l’heure qui nous taraudent ou, baissant les bras devant elles et les défis qu’il nous faudrait relever pour les résoudre, nous chercherons l’évasion dans les plaisirs faciles et les divertissements que nous proposent et imposent nos écrans.

Après avoir le livre, nous découvrons un premier poème. Mais, un exergue nous a d’abord arrêtés. On ne saurait le prendre à la légère. Il vient de Rimbaud : « Elle est retrouvée. / Quoi ? — L’Éternité. / C’est la mer allée / Avec le soleil. »

Premiers vers du premier poème : « cabane au creux des verts / des vagues / quelque part un écho / un rempart de sang / pour seule lecture ». Voilà qui est plutôt énigmatique. La suite fournira peut-être quelque éclaircissement. La bêtise quand on lit un poème consiste à ne pas lire la suite. On reproche parfois aux poètes d’être obscurs ; or une forêt, même et surtout de mots, il faut la traverser, s’y aventurer pour parvenir éventuellement à en découvrir les multiples facettes.

Ainsi donc, on continue de lire. Voici la deuxième strophe : « il me semble parfois / que la mer est restée / dans le ciel de l’île ». Tiens ! La mer de Rimbaud. Mais le ciel de l’île ? Une indication dans le haut de la page informe du lieu où le poème a été écrit : Montréal. Pourquoi ne pas penser, du moins durant un instant, que le ciel dont il est ici question serait celui qui est suspendu au-dessus de l’île de Montréal ? Enfin ! On serait peut-être plus avisé de croire qu’il y eut autrefois pour Epsilon une île, que cette île a été quittée, qu’il y a perte de quelque chose, de l’enfance peut-être à laquelle il sera plus tard référé avec cet Epsilon ? Certes, nous sommes ici en poésie, et je n’apprendrai rien à personne en rappelant que la poésie est rarement univoque. Or certains poètes, dont Jean-Baptiste Leduck, ne s’acharnent pas forcément à interdire au lecteur l’accès aux significations de leurs poèmes. Encore faut-il en cette matière rappeler le mot de Gide relatif à la nécessaire collaboration du lecteur.

Ce n’est pas ici en s’arrêtant à un seul poème, en le détachant de l’ensemble auquel tout en lui le lie et le relie, qu’on parviendra à saisir la portée des vers de ce chant qui, je le rappelle, n’est pas un recueil. Car un recueil, quand bien même la plupart des poètes cherchent à donner aux leurs une certaine unité, une relative homogénéité, est comme son nom l’indique un florilège, une organisation, un regroupement de pièces non pas totalement disparates, mais provenant, bien que d’un même auteur, de différents temps ou moments traversés par sa personne. Or avec Le chant de la cabane, le poète a produit une œuvre tout à fait concertée, dont le moindre détail a sa raison d’être, venant s’imbriquer dans une chorégraphie où les mots dansent sous nos yeux en se pliant, je n’oserais pas dire à un plan préétabli, mais à des exigences dans lesquelles le souci de composition est étroitement lié à une quête de sens. Par quête de sens, j’entends une double volonté. A : la volonté chez le poète de frayer son chemin au milieu de sa propre existence ( au moyen de la méditation poétique qui lui permet de prendre conscience des enjeux auxquels il est confronté, enjeux personnels, collectifs, psychiques, existentiels … ) ; B : la volonté de favoriser l’inclusion  dans son parcours poétique des lecteurs et lectrices qui, moyennant leur collaboration, doivent eux-mêmes parvenir à créer leur propre compréhension dans le dispositif mis à leur disposition par les poèmes.

Avec ce livre, nous pouvons parler de réussite, puisque le poète est parvenu à fabriquer des poèmes (Valéry, si je me souviens bien, parlait du poème comme d’une fabrication) qui par leur structure minutieusement élaborée favorisent justement un accès à des significations qui sont, j’allais dire sans cesse en mouvement, dansantes, dans ce chant.

Je dis « dansantes ». J’y reviens. Le chant que nous lisons procède d’une brillante chorégraphie de mots s’emboîtant les uns à la suite des autres, s’amalgamant à travers des combinaisons nombreuses, altérés dans des jeux de langage par d’enrichissantes permutations. Nous pourrions comparer ce chant, non pas à d’artificiels émaux et camées parnassiens, mais tout de même à une pièce de précieuse orfèvrerie ou plutôt à une mécanique souple et vivante de pièces semblables à celles qui sont à l’œuvre dans une horloge de très haute précision. Mais, pour maîtrisée que soit l’écriture de Leduck, on aura compris qu’elle n’en demeure pas moins sensible et vivante. Je le répète, on ne trouvera rien d’artificiel ou de superficiel dans ce chant poétique. Cette poésie est savante, déroutante pour peu qu’on lise distraitement, mais toute sa rigueur concourt à mettre en avant des sens qui, bien que semblant fuyants, se laissent saisir pour peu qu’on y mette du sien. Cette rigueur, je le répète, est au service du propos. Décidément, notre poète n’écrit pas n’importe quoi n’importe comment. Voici comment il procède.

J’en ai glissé un mot plus haut. L’art de Leduck a partie liée avec la reprise et la variation. Il se répète sans se répéter. En usant de ce que rapidement nous pourrions appeler les mêmes formules, mais jamais tout à fait à l’identique, il pratique une technique semblable à celle que l’on rencontre dans le cinéma d’animation, je parle ici de l’animation image par image, mieux connue sous le nom de « stop motion ». Un objet est photographié, puis, après une légère modification, est à nouveau photographié. C’est à un sort similaire que sont livrés les mots, les énoncés du Chant de la cabane. De reprise en reprise, comme de prise de vue en prise de vue au cinéma, un mouvement se dessine, une trajectoire se précise. Une histoire se voit ainsi racontée. C’est une histoire livrée dans une sorte de symbolisme plutôt luxuriant, voire exotique. On parle d’un imaginaire se rapprochant de la musique d’un Debussy, de la peinture d’un peintre impressionniste, il faudrait dire pointilliste, car, comme mentionné, c’est dans le mot à mot, posé sur la page en toute conscience et subissant diverses altérations, que s’élabore ici le chant.

À ce sujet, il me semble approprié de citer les vers suivants.

chaque objet a son double     
vivant comme un anathème
chaque ombre a son objet     
mouvant comme une caresse

puits de lumière         
sur le jardin    
fermé  
chaque fois différent

Mouvant. C’est là l’effet produit par ce chant. Comme le vent, le poète déplace les éléments de son poème, fait avancer les mots sur la page où tout alors devient métamorphose. La chose et son contraire s’allient, en viennent à s’aliéner l’une l’autre, comme c’est le cas avec les papillons d’Epsilon. On aura lu dans la première suite : « je commence à regretter / le temps / où je chassais les papillons / Epsilon ». Puis, dans la seconde, le « je » se dédie : « je ne regrette plus le temps / où je chassais les papillons / Epsilon. » On le voit, tout bouge, tout est mouvant.

Il faudrait prendre pour exemple de ces mouvements la trajectoire que connaît la cabane, tout en n’oubliant pas de réserver le même traitement aux autres leitmotive du poème. Ils sont nombreux. En voici quelques-uns : « les tombes grises », les « caresses orphelines », une certaine « ceinture dorée », « des possibles vivants », « le tintinnabuli », « les peaux de passage », « Epsilon » et bien sûr ses « papillons », « une fête très lente », l’écume au bord des lèvres » et j’en passe, sauf à mentionner aussi « la skyline », « le doute » et « les limbes ». Tous ces groupes de mots, on l’aura compris, font l’objet de cette technique de « l’image par image », du « stop motion ». Autrement dit, à travers le chant, dans une grande proximité ou parfois un éloignement relatif, ils apparaissent, subissant de légères modifications contribuant à créer le mouvement, celui de l’histoire qui nous est racontée.

Dans cette histoire, il y a le « je » du récit, son « narrateur », il y a la cabane, mais aussi un certain personnage qui se nomme Robin. Il apparaît dès le tout premier poème : « Robin s’est endormi / sur l’édredon / du matin / la skyline à l’envers / la ceinture dorée éparpillée / au creux des verts / des rêves / des possibles vivants ». On aura reconnu au passage quelques-unes des concrétions verbales ci-dessus mentionnées. Je rappelle qu’au fil des pages, celles-ci feront l’objet d’altérations, de variations, et seront éclairées différemment par le contexte, comme le serait un oiseau sur une branche, dont le plumage et la coloration varieront selon qu’y joue le jeu combiné de ses propres mouvements, des rayons du soleil, de l’ombre et du vent qui en agitant les feuillages le fait paraître tout à coup gai ou triste comme un tout petit pinson.

Mais trêve de lyrisme, revenons à ce Robin. In English, a robin is a little bird. C’est le merle d’Amérique. Mais plus loin, alors que le « narrateur » se réveille, toujours sur l’édredon, Robin se trouve entre ses jambes, « l’écume au bord des lèvres / en croissant de lune ». Qui est Robin ? Un chien ? Un chat ? Un merle ? Mais un merle n’a pas de lèvres. L’exergue du deuxième chant nous l’apprendra. Il est tiré de A Midsummer Night’s Dream de Shakespeare. Le voici : « Robin : I’ll put a girdle round the earth / In forty minutes. » Dans cette pièce, Robin est une fée. Ici, Robin est sans doute, se dit-on, la compagne du « narrateur ». Non, il est plutôt son compagnon comme on l’apprendra dans les dernières pages.

Revenons à la cabane. À sa progression au fil du texte. Elle offre au tout début un rempart. Nous pourrions dire un refuge. C’est « la cabane de mes rêves ». Bientôt, la voici menacée : « demain j’ai peur / l’entrée de la cabane / ne sera pas gardée ». Plus loin, on retrouve « l’entrée de la cabane / entrouverte ». Au tout début du deuxième chant le poète « étouffe dans la cabane / l’écume au bord des lèvres / la ceinture dorée / serrée autour du cou ». Est-ce à Robin que s’adresse l’injonction suivante : « tais-toi » ? Et en quoi consistent ces vents, « prélude chélonien » qu’il s’agirait alors de laisser parler ? Et tout d’abord, que signifie ce mot : chélonien ? Il renvoie à des reptiles pourvus d’un corps allongé, d’une carapace et d’un plastron ventral. Les tortues font partie de cet ordre de reptiles, d’où plus loin dans le chant les vers suivants : « cabane sur le dos / je trace de grands cercles / dans l’arène collante / des limbes orphelines ». Et le premier vers de la strophe suivante : « sur mon dos chélonien ». Tout cela me paraît riche, dont les significations encore me lancent sur des pistes sans fin. De quoi en oublier cette cabane dont je désirais retracer les métamorphoses, celles surtout qui sévissent dans la conscience du « je » du poème. J’avais omis ce passage : « c’est pour cela je crois / que je fuis la cabane / épingler / les papillons Epsilon ». Dans le « Chant 111 », nous apprendrons que le « narrateur » veut « bâtir cette cabane / où habitent tes rêves ». Il s’adresse ici à une personne, est-ce encore Robin ? Il est dit par ailleurs que cette cabane « n’échappe pas au doute ». Il est question de faunes : « à l’école des faunes / on ne m’a pas appris / à lire les remparts // je crois que mon enfance / vole prisonnière / d’une chanson sans réponse ».

À la fin, Robin s’est envolé ; comme un merle sorti de sa cage ? « Robin est parti / avec un bout de ma raison / faire la cabane buissonnière ». De même, « le cercle d’or a disparu ». Dans les dernières pages du livre, la cabane est fermée et « rien n’éveillera plus / le monstre chélonien / à la bouche dorée ».

Vite ! Chez moi le feu est pris. Il y a péril en la demeure. On me presse de faire mes valises, je ne peux emporter avec moi que l’essentiel. On m’avise que j’irai finir mes jours dans une cabane sur une île déserte. Vite ! Je prends quelques vêtements. Une photographie de mon vieux chien. Deux ou trois, quatre livres tout au plus. Lesquels ? Je ne sais pas. Il y en a tant. Il en faudrait un dont je ne pourrai jamais me lasser, jamais tout à fait venir à bout, un livre infini comme les vagues de la mer, comme l’éternité qu’en ses pages je trouverais enfin. J’exagère un peu avec cette éternité, mais assurément, j’emporterais ce petit livre.

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Auteur : Daniel Guénette

Né le 21 mai 1952, Daniel Guénette est originaire de Montréal. Il a vécu la majeure partie de son existence dans l’arrondissement de Saint-Laurent. Après des études en lettres à l’Université de Montréal, où il obtient un diplôme de maîtrise en création littéraire, il enseigne la littérature au cégep de Granby. En 2011, il prend sa retraite après 34 années d’enseignement. À l’aube de la soixantaine, il renoue avec l’écriture qu’il avait cessé de pratiquer durant près de vingt ans. Il publie chez Triptyque deux recueils de poésie, Traité de l’Incertain en 2013 et Carmen quadratum en 2016, ainsi qu’un récit, L’École des Chiens, en 2015. Dans son œuvre antérieure alternaient ouvrages de poésie (3 titres au Noroît, 2 chez Triptyque) et productions romanesques (3 titres chez Triptyque). Ces ouvrages furent publiés entre 1985 et 1996. L’ensemble fut bien reçu par la critique. À l’occasion du vingtième anniversaire des éditions Triptyque, feu Réginald Martel écrivait : « Et on soupçonne que bien des éditeurs seraient ravis d’inscrire à leur catalogue, parmi quelques auteurs de Triptyque, le nom d’un Daniel Guénette, par exemple. » J. Desraspes a enchanté Jean-Roch Boivin : « Ce roman est un délicieux apéritif, robuste et délicat, son auteur un écrivain de talent et de grands moyens. » Réginald Martel parle d’un roman « qu’on dévore sans reprendre son souffle » ; il salue également la parution des romans qui suivent, se montrant surtout favorable à L’écharpe d’Iris. Pierre Salducci écrit dans Le Devoir un article élogieux sur ce roman : « L’écharpe d’Iris est une réussite, une petite musique qui nous parle de la nature humaine et qu’on n’arrive pas à oublier. Un roman magnifique, un vrai. Pas un phénomène de mode. Pas un produit branché et périssable. Mais de la littérature. Tout simplement. » L’École des Chiens, qui en 2015 marque le retour de l’auteur au récit, a été commentée par divers blogueurs, dont le poète Jacques Gauthier : « Ce beau récit du poète Daniel Guénette évoque, avec pudeur et humilité, les onze années vécues auprès de Max qu’il a dû faire euthanasier à cause d’un cancer. Ils sont rares de tels livres qui traitent si tendrement de la relation entre un homme et son animal de compagnie. Ça parle de vie et de mort, d’attachement et d’amitié, d’enfance et de solitude. » Pour sa part, Topinambulle écrit : « Dans ce très beau récit, un homme apprivoise doucement le deuil de son chien. À la manière de Rousseau, Daniel Guénette nous invite à le suivre dans ses promenades, dans les méandres de ses souvenirs, où l'évocation de l'ami fidèle nous servira de guide. ». Dominic Tardif, dans Le Devoir, 4 juillet 2015 a rendu compte chaleureusement de L’école des chiens. Il a souligné qu’avec ce récit, l’auteur avait produit « de la vraie littérature » : « Plus qu’un livre sur un maître et son animal, L’école des chiens célèbre le pouvoir de l’écriture qui, chez Daniel Guénette, n’aspire pas à remplacer l’en allé, mais bien à en continuer la vie. » Recommandé avec enthousiasme à ses téléspectateurs, L’école des chiens a fait l’objet d’un échange de cadeaux à l’émission LIRE présentée sur ARTV. À partir de 1975, l’auteur a collaboré à diverses revues de littérature à titre de poète et de critique. On a pu lire ses recensions dans la revue Mœbius. Pour l’une d’elles, l’auteur a été finaliste au Prix d’excellence de la SODEP 2016, dans la catégorie Texte d’opinion critique sur une œuvre littéraire ou artistique. Plus récemment, l’auteur a publié deux nouveaux titres en poésie, Varia au Noroît en 2018 et, à l’hiver 2023, La châtaigneraie aux Éditions de la Grenouillère. Pour ce recueil, le poète a été finaliste au Prix d’excellence du webmagazine La Métropole. Dans la recension que réserve à cet ouvrage la revue LQ, le critique Antoine Boisclair écrit: « Ce recueil émouvant, très maîtrisé du point de vue formel, témoigne d’un savoir-faire indéniable. » Le critique et poète français Pierre Perrin écrit dans sa revue trimestrielle de littérature, la revue française « Possibles », ne pas confondre avec la revue québécoise du même nom : « Daniel Guénette a le vers sûr, souvent proche de l’alexandrin, parfois très bref. Il sait restituer une vie, avec sa foudre, ses éclairs, et les moments de calme, voire de communion. La Châtaigneraie constitue un beau recueil presque filial. » Pour sa part, dans Le Ou'tam’si magazine, Nathasha Pemba déclare que « La châtaigneraie est un recueil de poésie qui a l’allure d’un hommage, d’un renouvellement du contrat amical. C’est une poésie ontologique qui va au fond des choses pour faire émerger l’être. Daniel Guénette une fois plus confirme qu’il est poète, le poète de l’amitié, le poète de l’altérité, le poète de l’éternité. » Outre ces recueils de poésie, l’auteur fait paraître quelques nouveaux romans. De Miron, Breton et le mythomane, paru en 2017 à La Grenouillère, Dominic Tardif écrit dans Le Devoir : « Chronique des glorioles imaginaires d’un grand taquin aimant (se) conter des histoires et fabuler une légendaire vie d’aventures, Miron, Breton et le mythomane est le carton d’invitation d’une fête organisée en l’honneur du mensonge auquel s’abreuve n’importe quelle forme de littérature digne de ce nom. » Pour sa part, Dédé blanc-bec reçoit dans Nuit Blanche un commentaire signé Gaétan Bélanger : « Le ton poétique empreint d’humour et de nostalgie adopté par l’auteur rend extrêmement agréable la lecture de ce roman émouvant. Il faut préciser que, tout d’abord, il est un peu déroutant de suivre les bonds fréquents de la narration dans le temps. Plus que de simples digressions, elles donnent parfois l’impression que l’auteur saute du coq à l’âne pour revenir aux mêmes événements, observés sous un angle différent. Mais on s’habitue vite à cette manière ou à ce style et on l’apprécie pour son originalité. Voilà donc un roman au texte minutieusement poli et se démarquant par sa qualité et son audace. » Vierge folle est le dernier roman de l’auteur. La recension parue dans Culture Hebdo se termine avec ces mots : « Nous vous laissons le soin de découvrir la conclusion. Excellent, est un euphémisme. On a adoré. » Ce roman, sans doute le meilleur de l’auteur, s’il a suscité l’enthousiasme de ses lecteurs n’a guère fait l’objet de recensions sérieuses. Pour des recensions sérieuses, il aura fallu attendre l’hiver 2023. Au billet d’Antoine Boisclair portant sur La châtaigneraie, se sera ajoutée dans Le Devoir une chronique de Louis Cornellier consacrée non pas à un roman ou un recueil, mais à un essai. Le journaliste y salue d’abord le travail entrepris par l’écrivain sur son blogue : « Fin lecteur de poésie, l’écrivain s’y impose comme un critique raffiné, érudit et amical dont le style, limpide et élégant, s’apparente à celui de la conversation relevée. Ces qualités en font une rareté dans le paysage littéraire québécois. » Puis, il rend compte de l’essai : « Dans Le complexe d’Orphée (Nota bene, 2023, 186 pages), l’écrivain se fait plus essayiste que critique en proposant « une manière de promenade » dans laquelle il tente « de saisir la nature de la poésie ». Fidèle à son approche modeste et exploratoire, il déambule en compagnie des poètes et penseurs qu’il aime afin de délimiter son objet, tout en cultivant le souci de ne pas l’enfermer. » Il conclut sa chronique en ces termes : « Partisan des « poèmes limpides » qui disent de « simples vérités », Guénette trouve dans la poésie un antidote « à l’endormissement de [ses] facultés » ou, comme l’écrit Valéry, un discours « chargé de plus de sens, et mêlé de plus de musique, que le langage ordinaire n’en porte et n’en peut porter ». Fénelon aurait aimé ce livre admirable. » La conclusion de l’article d’Antoine Boisclair portant sur La châtaigneraie était elle aussi plutôt réjouissante : « Romancier accompli (son dernier récit, Vierge folle, est paru en 2021 aux éditions de La Grenouillère), critique littéraire important (son blogue, intitulé Dédé blanc-bec, offre des comptes rendus très étoffés sur des publications québécoises), Daniel Guénette est aussi un poète qui mérite toute notre attention. »

7 réflexions sur « Jean-Baptiste Leduck : Le chant de la cabane : Poésie : AMV édition : 2024 : 56 pages »

  1. Rares sont les oeuvres que tu étudies et que tu nous offres qui t’amènent à un tel corps à corps-coeur à coeur, un tel niveau de «collaboration gidienne», un tel fit, un tel équilibre entre poète et appréciateur. Grand privilège, merci.

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    1. Laurent. Il y a tant de poètes et ils sont si différents les uns des autres. Le mot « fit », est-ce un mot anglais ? J’ai trouvé cette définition : FIT (Fécale Immuno Chemical Test) détecte sang dans vos selles (merde) qui peut être un signe de pré-cancer. Soyons sérieux, un « fit ». c’est une entente, un bon mariage entre deux choses. Non ?

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      1. Absolument!
        Excuse ce glissement, la langue m’a fourché!
        Probablement causé par l’influence excessive de l’occupant de la Cabane Blanche…

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