David Turgeon : À propos du style de Genette : Essai : Le Quartanier : Série QR : 232 pages : 2018

Ce livre est un essai. D’ordinaire, les essais sont des ouvrages sérieux. On ne les écrit ni pour s’amuser ni pour amuser. Du moins, habituellement. Celui-ci de prime abord ne fait pas exception à la règle. C’est un ouvrage savant qui traite de sujets savants. Pour peu, on pourrait croire qu’il s’agit d’une thèse de doctorat. Je dis : « on pourrait croire », mais à dire vrai je n’en sais rien, je suppose. Peut-être que cet ouvrage s’écarte des normes universitaires. Mais, je ne saurais dire en quoi, il le ferait. Peut-être le courant d’inventivité qui le traverse ainsi que son humour subtil ne cadre pas tout à fait avec les attentes des hautes institutions universitaires. Encore une fois, je ne saurais dire, faute d’avoir personnellement entrepris moi-même des études de troisième cycle. Pourtant, il me semble que cet impressionnant essai est plus qu’un simple essai. On n’y voit guère de tâtonnements. Nulle part son auteur ne semble en proie à quelque errance. Il avance sur son parcours en ne perdant jamais de vue le cap, étape par étape, de manière marquée, nette, efficace. Il a une intention. Le titre de l’ouvrage l’indique clairement. Il veut décrire le style de Genette. Curieux projet. Pourquoi curieux ? Eh bien, parce que Genette est un théoricien de la littérature. Un savant, donc. Et les savants, c’est du moins l’idée que l’on s’en fait, cherchent à traiter des sujets qu’ils abordent en toute objectivité. Au sein de leurs écrits, ils ne laisseraient aucune trace. Rien de leur subjectivité dans leur propos et leur manière de s’exprimer ne transparaîtrait.

Le style est affaire de littérature. Les écrivains écrivent ; les théoriciens théorisent. Les premiers font de la littérature, laquelle en grande partie est affaire de style ; les seconds examinent, analysent, dissèquent la matière que la littérature met à leur disposition. Étudier le style d’un théoricien est par conséquent chose paradoxale, puisque chez le théoricien il y aurait absence de style. Un théoricien dans ses écrits brille par son absence, du moins on ne le trouve nulle part dans son écriture. Celle-ci se devant d’être neutre et le théoricien se faisant un devoir de plier, de resserrer son langage aux diverses idées qu’il tente de découvrir et de faire découvrir. Plier le langage, c’est user des outils spécifiques en usage dans la communauté scientifique des théoriciens de la littérature. Eux utilisent des termes provenant notamment de la rhétorique, de la linguistique, de la sémiotique, de la narratologie, etc. Voilà qui fait sérieux.

Ces domaines ne sont pas forcément à la portée du premier venu. L’auteur en est conscient. Dans la conclusion de son ouvrage, David Turgeon admet que la « spécialisation affichée » de son essai le « destine à n’intéresser jamais que quelques-unes et quelques-uns ». C’est que, je le répète, son essai s’apparente à une thèse de doctorat, ou en serait la refonte. Afin d’en faire l’essai que je commente ici, il se pourrait qu’il ait repris un travail réalisé naguère dans le cadre de ses études universitaires (je répète que je suppute, n’ayant aucune idée réelle du cursus de l’auteur : est-il ou non passé par l’université ? Je n’en sais rien ; je devine que oui). Il aurait fait subir à cette thèse deux modifications majeures.

La première a trait au style. Turgeon en reprenant sa thèse l’aurait dégagée de la « langue universitaire » ou, en tout cas, du discours théorique, lequel par sa neutralité stylistique cherche à manifester selon Genette l’«extrême élévation de la pensée». Dans la conclusion de son essai, Turgeon marque ses distances d’avec « ces pénibles dissertations rédigées directement en langue universitaire ». Il ajoute que l’université, « échaudée par les outrances de la nouvelle critique, enseigne semble-t-il à étouffer le propos dans une rhétorique laborieuse et un style indifférent. » On le voit finalement espérer que son propre essai puisse inviter « [sa] lectrice et [son] lecteur à envisager, à travers l’exemple de Gérard Genette, un style essayiste qui ne fasse ni dans l’obscurité ni dans la platitude. »

La seconde modification est liée de près à la première. Elle l’est dans la mesure où elle est relative à l’humour, l’humour étant un trait du langage. On vient de lire que Genette donne l’exemple d’un style essayiste exempt de platitude. Genette pique la curiosité de ses lecteurs. Il s’adonne à une certaine forme de jeu. Il invente une terminologie. Attention ! N’allons pas croire qu’il saupoudre artificiellement son discours de jeux de mots faciles dans le but de dérider l’atmosphère. Mais, on retrouve chez lui une certaine « désinvolture » dont on lui a fait reproche. Dans une note infrapaginale, Turgeon cite les propos d’une spécialiste de la théorie narrative. Elle écrit que « [p]rendre au sérieux Genette comme théoricien […] aujourd’hui n’est […] pas très facile ». Afin d’éclairer les réticences de cette dernière, il s’agit de Sylvie Patron, Turgeon admet que « [l]es lecteurs de Genette peuvent mal recevoir sa légendaire désinvolture, et n’y lire plus qu’un ton » que la théoricienne décrit comme étant « constamment ironique et souvent méprisant. »

La désinvolture ne caractérise pas, en règle générale, l’attitude d’un chercheur, d’un spécialiste, d’un théoricien. Celle de Genette est pourtant légendaire. La retrouve-t-on chez Turgeon ?

Pas tout à fait, mais presque. Pas vraiment, puisqu’il se montre très objectivement, très savamment fidèle à la promesse que fait entendre le titre de son ouvrage. Qui veut en savoir sur le style de Genette connaîtra franchement les dessous de cette affaire. Mais, petite question, qui donc veut apprendre quoi que ce soit au sujet du style de Genette ? Et qui donc est ce monsieur ?

Notre essayiste a déjà répondu à la première question — déjà, c’est-à-dire comme on vient de le voir à la fin de son essai. Il sait que son livre est un ouvrage savant. Il parle de « sa spécialisation affichée ». Bref, cet essai ne s’adresse qu’à « quelques-unes et quelques-uns ». Peut-être. Mais, élargissons ce public restreint au lectorat qui est déjà peu ou prou au fait de l’œuvre du romancier David Turgeon. Moi, par exemple.

Ce n’est pas par curiosité pour les travaux de Genette que j’en suis venu, deux fois plutôt qu’une, à lire ce livre. C’est, je le dis un peu naïvement, en raison de la vive impression qu’ont fait sur moi deux ouvrages romanesques de cet écrivain. À quoi m’attendais-je en ouvrant À propos du style de Genette ? À un ouvrage fantaisiste, je l’avoue, presque à une plaisanterie, à un essai débridé, farfelu, tiré par les cheveux. Ce n’est pas ce que j’y trouve. J’y trouve plus et mieux. Il y a là une véritable étude à laquelle je prends réellement plaisir. J’attribue ce plaisir au style de Turgeon, au savant et très sérieux pastiche du style de Genette qu’avec un discret amusement il exécute de manière tout à fait convaincante. Je l’attribue également aux connaissances que j’acquière en le lisant. Il me ramène à une époque plutôt lointaine, celle où justement je lisais, quoique distraitement, Figures 111 de Genette. L’époque structuraliste battait son plein et les professeurs nous initiaient par conséquent à la narratologie. Je retrouve en lisant le Turgeon de cet essai des notions que j’avais plus ou moins oubliées, exception faite de celles de l’analepse, de la prolepse et de l’intertextualité. Or Genette est un créateur de néologismes, dont certains sont passés à la postérité. Turgeon recourt à certaines d’entre elles plus qu’à d’autres. Au cœur de son essai, il fera grand usage des instruments d’analyse que sont notamment l’hypertexte et l’hypotexte. Il définit ces termes. « Pour Genette, l’hypertexte est ‘‘un texte qui dérive d’un autre par un processus de transformation, formelle ou thématique’’ ». L’hypotexte étant le texte premier.

Donnons, à des fins de clarification, l’exemple suivant. Nous lisons un essai intitulé À propos du style de Genette. Ce titre dérive d’un titre qu’il vient légèrement modifier, pour ne pas dire pasticher. En effet, Proust est l’auteur d’un petit essai intitulé À propos du style de Flaubert. Je crois me souvenir, mais n’irai pas vérifier si je m’abuse ou non, que Genette aurait lui-même intitulé à peu près pareillement un chapitre d’un de ses nombreux ouvrages. S’il ne l’a pas fait, il s’est en tout cas largement intéressé au style de Proust, si bien que, sous ce titre ou non, il a élaboré un ouvrage à propos du style de Proust. Ici, le texte premier, l’hypotexte, est celui de Proust. L’essai de Turgeon est son hypertexte. Il se pourrait que dans un avenir plus ou moins proche l’essai de Turgeon se tourne lui-même en hypotexte pour donner lieu alors à un essai qu’on pourrait intituler À propos du style de Turgeon

Hypertexte, hypotexte, paratexte, métatexte, etc. On jugera ces termes fort savants. Heureusement, ils le sont. Je rappelle que ce sont des instruments de travail. Une fois leur sens établi. Ils ont leur utilité. Bien entendu, Turgeon en use et il faut être d’abord attentif à la définition qu’il en donne (ou pas)  lorsqu’il s’en sert une première fois. Qui lit en négligeant alors d’assimiler leur signification rencontrera par la suite des difficultés.

Mais revenons en arrière. J’ai omis de répondre à ma deuxième question. Qui est au juste Gérard Genette ?

J’ai dit que Genette est un théoricien. C’est une réponse qu’il faut s’empresser de nuancer, ce que ne manque pas de faire Turgeon qui, à notre grand étonnement, nous révèle que Genette est en fait un écrivain, et non pas un écrivant, l’écrivant étant celui qui écrit (je résume rapidement la pensée de Barthes qui est à l’origine de la notion d’écrivant), l’écrivant étant celui qui écrit, dis-je, des textes non littéraires portant à l’occasion « sur » des textes littéraires. L’écrivant, nous rappelle Turgeon « agit en dehors de l’art. »  Si Flaubert et Proust « créent » des œuvres littéraires, les critiques, en revanche, les commentent, analysent ou étudient. Les livres et articles qu’ils rédigent à leur sujet sont moins des œuvres, ou n’en sont pas du tout, que des travaux portant « sur » des œuvres. Cela qui semble aller de soi est pourtant fort discutable. Et fait ici, on l’aura compris, l’objet d’une contestation.

Tout le travail de Turgeon consistera à démontrer que le travail de Genette est en soi littéraire. Dans ce qu’il appelle une promenade, mais c’est, je le rappelle, à un parcours laissant peu de place à l’errance qu’il s’adonne, Turgeon examine avec beaucoup de rigueur le style de Genette. Dans l’introduction, il annonce les étapes de sa déambulation à travers l’œuvre du théoricien. Il sera fait mention entre autres de « la place très réservée de la métaphore chez Genette », de « la prolifération » des néologismes, du « stylème genettien » (très amusant ! il s’agit de la locution « J’y reviens »). Il sera aussi question de la ponctuation, laquelle se révélera chez Genette aussi inventive que chez Flaubert, ce qui, écrit Genette, aura amené Proust à déclarer « que le véritable héros de L’Éducation n’est pas le fort indécis Frédéric Moreau, mais bien le point-virgule ». Non, vous ne rêvez pas. Le point-virgule « élevé » au rang de héros ! Et pour vous assurer du bien-fondé de cette déclaration, il vous suffira de lire Genette et Turgeon. Ce que ce dernier nous apprendra aussi, en tout cas j’étais sur ce point tout à fait ignorant, c’est qu’il y a de l’humour dans la démarche de Genette. Dans l’introduction, on lit ceci : « Il sera aussi question du rôle de l’humour qui est peut-être l’ingrédient premier de toute recherche théorique qui vaille la peine d’être lue ».

Je crois qu’on doit retenir ceci que j’extrais de la conclusion de l’introduction : « Je rappellerai également qu’un des signes distinctifs du style est qu’on peut l’imiter, le pasticher, ou à tout le moins en être imprégné plus ou moins volontairement (voir à ce sujet toutes les pages qui suivent). »

À propos du style de Genette est un essai « performatif », en cela qu’il accomplit son propos. Il illustre, autrement dit, par la pratique, la thèse qu’il avance. Cette thèse, je le rappelle, porte sur l’inclusion de la théorie à l’intérieur du champ de la littérature. S’il existe des ouvrages théoriques écrits dans un style sans style (mais, nous aurons appris en lisant Turgeon que « la posture théorique est avant tout un style comme un autre »), écrits, donc, dans un style abolissant la présence de la personne qui écrit, la réduisant à ce que Barthes appelait l’écrivant (notion rejetée par Genette), il existe par contre des œuvres théoriques qui font part de créativité, d’inventivité. Dans le sillage de Genette, Turgeon a produit un essai où la théorie se présente sous une forme littéraire. Le jeu littéraire y est à l’honneur. On lit rarement des ouvrages aussi fins, où l’humour est si savoureux — certains passages m’ont fait sourire ; d’autres, éclater de rire. Or tout ça, je le répète, est fort sérieux. Instructif à souhait. Admirablement écrit.

Véritable fête de l’intellect. Œuvre littéraire à part entière. Il va sans dire.

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Auteur : Daniel Guénette

Né le 21 mai 1952, Daniel Guénette est originaire de Montréal. Il a vécu la majeure partie de son existence dans l’arrondissement de Saint-Laurent. Après des études en lettres à l’Université de Montréal, où il obtient un diplôme de maîtrise en création littéraire, il enseigne la littérature au cégep de Granby. En 2011, il prend sa retraite après 34 années d’enseignement. À l’aube de la soixantaine, il renoue avec l’écriture qu’il avait cessé de pratiquer durant près de vingt ans. Il publie chez Triptyque deux recueils de poésie, Traité de l’Incertain en 2013 et Carmen quadratum en 2016, ainsi qu’un récit, L’École des Chiens, en 2015. Dans son œuvre antérieure alternaient ouvrages de poésie (3 titres au Noroît, 2 chez Triptyque) et productions romanesques (3 titres chez Triptyque). Ces ouvrages furent publiés entre 1985 et 1996. L’ensemble fut bien reçu par la critique. À l’occasion du vingtième anniversaire des éditions Triptyque, feu Réginald Martel écrivait : « Et on soupçonne que bien des éditeurs seraient ravis d’inscrire à leur catalogue, parmi quelques auteurs de Triptyque, le nom d’un Daniel Guénette, par exemple. » J. Desraspes a enchanté Jean-Roch Boivin : « Ce roman est un délicieux apéritif, robuste et délicat, son auteur un écrivain de talent et de grands moyens. » Réginald Martel parle d’un roman « qu’on dévore sans reprendre son souffle » ; il salue également la parution des romans qui suivent, se montrant surtout favorable à L’écharpe d’Iris. Pierre Salducci écrit dans Le Devoir un article élogieux sur ce roman : « L’écharpe d’Iris est une réussite, une petite musique qui nous parle de la nature humaine et qu’on n’arrive pas à oublier. Un roman magnifique, un vrai. Pas un phénomène de mode. Pas un produit branché et périssable. Mais de la littérature. Tout simplement. » L’École des Chiens, qui en 2015 marque le retour de l’auteur au récit, a été commentée par divers blogueurs, dont le poète Jacques Gauthier : « Ce beau récit du poète Daniel Guénette évoque, avec pudeur et humilité, les onze années vécues auprès de Max qu’il a dû faire euthanasier à cause d’un cancer. Ils sont rares de tels livres qui traitent si tendrement de la relation entre un homme et son animal de compagnie. Ça parle de vie et de mort, d’attachement et d’amitié, d’enfance et de solitude. » Pour sa part, Topinambulle écrit : « Dans ce très beau récit, un homme apprivoise doucement le deuil de son chien. À la manière de Rousseau, Daniel Guénette nous invite à le suivre dans ses promenades, dans les méandres de ses souvenirs, où l'évocation de l'ami fidèle nous servira de guide. ». Dominic Tardif, dans Le Devoir, 4 juillet 2015 a rendu compte chaleureusement de L’école des chiens. Il a souligné qu’avec ce récit, l’auteur avait produit « de la vraie littérature » : « Plus qu’un livre sur un maître et son animal, L’école des chiens célèbre le pouvoir de l’écriture qui, chez Daniel Guénette, n’aspire pas à remplacer l’en allé, mais bien à en continuer la vie. » Recommandé avec enthousiasme à ses téléspectateurs, L’école des chiens a fait l’objet d’un échange de cadeaux à l’émission LIRE présentée sur ARTV. À partir de 1975, l’auteur a collaboré à diverses revues de littérature à titre de poète et de critique. On a pu lire ses recensions dans la revue Mœbius. Pour l’une d’elles, l’auteur a été finaliste au Prix d’excellence de la SODEP 2016, dans la catégorie Texte d’opinion critique sur une œuvre littéraire ou artistique. Plus récemment, l’auteur a publié deux nouveaux titres en poésie, Varia au Noroît en 2018 et, à l’hiver 2023, La châtaigneraie aux Éditions de la Grenouillère. Pour ce recueil, le poète a été finaliste au Prix d’excellence du webmagazine La Métropole. Dans la recension que réserve à cet ouvrage la revue LQ, le critique Antoine Boisclair écrit: « Ce recueil émouvant, très maîtrisé du point de vue formel, témoigne d’un savoir-faire indéniable. » Le critique et poète français Pierre Perrin écrit dans sa revue trimestrielle de littérature, la revue française « Possibles », ne pas confondre avec la revue québécoise du même nom : « Daniel Guénette a le vers sûr, souvent proche de l’alexandrin, parfois très bref. Il sait restituer une vie, avec sa foudre, ses éclairs, et les moments de calme, voire de communion. La Châtaigneraie constitue un beau recueil presque filial. » Pour sa part, dans Le Ou'tam’si magazine, Nathasha Pemba déclare que « La châtaigneraie est un recueil de poésie qui a l’allure d’un hommage, d’un renouvellement du contrat amical. C’est une poésie ontologique qui va au fond des choses pour faire émerger l’être. Daniel Guénette une fois plus confirme qu’il est poète, le poète de l’amitié, le poète de l’altérité, le poète de l’éternité. » Outre ces recueils de poésie, l’auteur fait paraître quelques nouveaux romans. De Miron, Breton et le mythomane, paru en 2017 à La Grenouillère, Dominic Tardif écrit dans Le Devoir : « Chronique des glorioles imaginaires d’un grand taquin aimant (se) conter des histoires et fabuler une légendaire vie d’aventures, Miron, Breton et le mythomane est le carton d’invitation d’une fête organisée en l’honneur du mensonge auquel s’abreuve n’importe quelle forme de littérature digne de ce nom. » Pour sa part, Dédé blanc-bec reçoit dans Nuit Blanche un commentaire signé Gaétan Bélanger : « Le ton poétique empreint d’humour et de nostalgie adopté par l’auteur rend extrêmement agréable la lecture de ce roman émouvant. Il faut préciser que, tout d’abord, il est un peu déroutant de suivre les bonds fréquents de la narration dans le temps. Plus que de simples digressions, elles donnent parfois l’impression que l’auteur saute du coq à l’âne pour revenir aux mêmes événements, observés sous un angle différent. Mais on s’habitue vite à cette manière ou à ce style et on l’apprécie pour son originalité. Voilà donc un roman au texte minutieusement poli et se démarquant par sa qualité et son audace. » Vierge folle est le dernier roman de l’auteur. La recension parue dans Culture Hebdo se termine avec ces mots : « Nous vous laissons le soin de découvrir la conclusion. Excellent, est un euphémisme. On a adoré. » Ce roman, sans doute le meilleur de l’auteur, s’il a suscité l’enthousiasme de ses lecteurs n’a guère fait l’objet de recensions sérieuses. Pour des recensions sérieuses, il aura fallu attendre l’hiver 2023. Au billet d’Antoine Boisclair portant sur La châtaigneraie, se sera ajoutée dans Le Devoir une chronique de Louis Cornellier consacrée non pas à un roman ou un recueil, mais à un essai. Le journaliste y salue d’abord le travail entrepris par l’écrivain sur son blogue : « Fin lecteur de poésie, l’écrivain s’y impose comme un critique raffiné, érudit et amical dont le style, limpide et élégant, s’apparente à celui de la conversation relevée. Ces qualités en font une rareté dans le paysage littéraire québécois. » Puis, il rend compte de l’essai : « Dans Le complexe d’Orphée (Nota bene, 2023, 186 pages), l’écrivain se fait plus essayiste que critique en proposant « une manière de promenade » dans laquelle il tente « de saisir la nature de la poésie ». Fidèle à son approche modeste et exploratoire, il déambule en compagnie des poètes et penseurs qu’il aime afin de délimiter son objet, tout en cultivant le souci de ne pas l’enfermer. » Il conclut sa chronique en ces termes : « Partisan des « poèmes limpides » qui disent de « simples vérités », Guénette trouve dans la poésie un antidote « à l’endormissement de [ses] facultés » ou, comme l’écrit Valéry, un discours « chargé de plus de sens, et mêlé de plus de musique, que le langage ordinaire n’en porte et n’en peut porter ». Fénelon aurait aimé ce livre admirable. » La conclusion de l’article d’Antoine Boisclair portant sur La châtaigneraie était elle aussi plutôt réjouissante : « Romancier accompli (son dernier récit, Vierge folle, est paru en 2021 aux éditions de La Grenouillère), critique littéraire important (son blogue, intitulé Dédé blanc-bec, offre des comptes rendus très étoffés sur des publications québécoises), Daniel Guénette est aussi un poète qui mérite toute notre attention. »

Une réflexion sur « David Turgeon : À propos du style de Genette : Essai : Le Quartanier : Série QR : 232 pages : 2018 »

  1. Fascinant pour moi de découvrir une branche de la science exacte ayant la littérature et la poésie comme objet et plus encore, ce «méta-regard» de David Turgeon sur le style de Genette, l’homme de science! On ne cesse de faire reculer les frontières du savoir humain…

    Pour quand un chercheur reconnu étudiant les prouesses de D. Guénette?!

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