Exit : no 116 : éditions gaz moutarde : revue de poésie : 2024 : 96 pages

En quatrième de couverture, nous lisons ceci : espace de création et de liberté / Exit publie quatre fois l’an / des textes poétiques / et se rapportant à la poésie

Ce numéro a pour titre Désormais, un jardin, ce qui n’est sans doute pas étranger à la présence de Geneviève Boudreau au sein de ce numéro. Nous y reviendrons.

Dans la première partie de la revue, les textes poétiques sont signés Olivier Bourque, Michèle Moisan et Sylvain Turner. La seconde appartient à Gérald Gaudet et ses invités. Cette section s’intitule « dialogue ». Le poète Gérald Gaudet s’entretient avec les poètes Geneviève Boudreau et Nicholas Dawson.

Une introduction ouvre le numéro. Stéphane Despatie en présente le contenu. Il met d’abord en exergue des citations en lien avec les poèmes d’Olivier Bourque : « Ce matin de nouveau je me suis réveillé » (Nâzim Hikmet) et les entretiens : « dehors, un insecte gelé s’accroche au carreau » (Marie-Claire Bancquart) pour celui de la poète et « Quelque part, les patientes pluies / commencent à polir tes os » (Liliane Wouters) pour celui de Nicholas Dawson. Ces citations donnent le ton et la substance. Chez Olivier Bourque, on se sera endormi, puis réveillé. Il y aura des insectes dans l’entretien de celle qui nous a récemment offert avec Une abeille suffit, un essai poétique dont le sous-titre est Carnet d’observation d’un jardin urbain. Les « patientes pluies » et les os réfèrent quant à eux à la perte d’un être cher. Nicholas Dawson est l’auteur de Peur pietà, un recueil qui dans ses premières versions en était un d’accompagnement, de recueillement et de dialogue intérieur avec la maladie et la mort, alors que sa sœur aînée était aux prises avec une maladie dont l’issue prochaine ne pouvait être qu’une mort certaine. La version finale du recueil est plutôt centrée sur les peurs du poète et la présence du sacré qui en quelque sorte les conjure.

SECTION 1 : POÈMES

Les poèmes d’Olivier Bourque

Olivier Bourque a produit une suite intitulée Cratère de morues. Ce titre est énigmatique, les poèmes de Bourque le sont tout autant. Une note nous apprend qu’ils appartiennent à un ensemble qui portera ce même titre. Stéphane Despatie nous en a informé d’abord, ces poèmes forment « une suite moderne qui nous raconte autant qu’elle retient une part de mystère. » J’ajouterais pour ma part que cette suite retient plutôt une « très » grande part de mystère. Or, si elle la « retient », c’est dire que ce qu’elle en recèle, elle le garde pour soi. À moins qu’une lecture attentive ne vienne ouvrir des brèches dans ces poèmes qui, au départ, déconcertent, mais qu’on prend plaisir à apprivoiser pour peu que l’on consente à les lire à plus d’une reprise. Alors, de leur relative obscurité jaillissent de réjouissants traits de lumière.

Stéphane Despatie dans son introduction montre qu’il arrive aux écrivains « d’éviter de trop montrer au lecteur les ficelles de la création. » Le moins qu’on puisse dire est qu’Olivier Bourque n’écrit pas des vers cousus de fil blanc. Dans ses poèmes ludiques à souhait, où pour reprendre Valéry la « poésie est une fête de l’intellect » (attention ! rien n’est plus éloigné de la poésie de Valéry que celle de Bourque), se trouvent de belles choses, l’intelligence le cédant alors à la simplicité comme en témoigne le passage suivant. Les vers d’Olivier Bourque sont disposés autrement. (Je ne parviens pas ici à restituer la disposition des vers du poète. On m’en voit désolé.)

Soirée presque irréelle
La poudreuse fustige les lampadaires,
orangés comme du bois
Charivari de toboggans et de luges
Dans les pigments la coloration informe
de petites ondées ;
Dehors excite d’un sifflement les poteaux électriques
Je pourrais y jeter mon corps
M’élancer avec confiance dans le souvenir rieur
des joies de l’enfance ;

L’expédition poétique de Michèle Moisan


Un point d’eau     si claire
Qu’on dénombre par centaines
Les cailloux aux pieds de la Noyée

Voilà qui est clair comme de l’eau de roche. Mais attention ! Même lorsqu’elles sont limpides, les eaux de la poésie incitent à s’y baigner à plus d’une reprise. Le plaisir s’accroît avec l’usage.

Il faut toujours se rappeler ces mots de Salah Stétié : « Le simple n’est pas simple. » Il en va évidemment de même avec La noyée, bien que l’on n’ait d’abord et encore moins en cours de route aucune difficulté à suivre la poète dans l’expédition qui la mène, elle et ses compagnons, dans les régions les plus éloignées de Charlevoix. C’est l’hiver. Mais d’abord, qui est cette Noyée ? Les poèmes se suffisent à eux-mêmes, il nous est dit dans les premiers vers qu’il s’agit d’une montagne. Une note en bas de page nous renvoie à un site qui regorge de détails à son sujet.  On apprendra ce qui suit en le consultant : https://www.notredamedesmonts.com/un-peu-d-histoire

Trois montagnes forment la silhouette de la Noyée. Elle semble couchée dans le lit d’une rivière ou un lac. On distingue son ventre gonflé de vie, elle est enceinte de son jeune amant, on distingue le profil de son visage et sa longue chevelure flottant sur l’onde. La légende de la Noyée raconte qu’un vieil homme, le chef d’une tribu, interdit le mariage de son fils avec la femme qui portait secrètement son enfant. Les deux amoureux doivent se séparer. Ils se réfugient au fond de la mer. Des siècles plus tard, alors que les eaux se retirent apparaissent la montagne de la Noyée et plus loin, la face de son amoureux. Tout cela, le premier poème le révèle succinctement.

Devant nous s’ouvre un territoire
bouleversé de creux et de sommets
formes jadis secoués de tremblements

dans ces contours montagneux
la figure d’une femme
étendue impassible sous le ciel
et que les gens d’ici surnomment
la noyée

puis éloigné d’elle
à des kilomètres de mélancolie
le profil pétrifié
d’un chasseur à la peau cuivrée
qu’on dit son amant
tué de chagrin

cette légende d’amours interdites se répand en échos
les soirs de tempête on croit entendre
des gémissements

​Après ce beau poème, la suite retrace l’expédition de la « petite horde de fondeurs » qui, chaussés de skis, entreprendront d’aller à la rencontre de la Noyée : « une glisse royale sur la moquette scintillante ».

À l’extrême de la mémoire : Poèmes de Sylvain Turner

​Le poète nous offre ici des extraits d’In memoriam. Voilà qui fait sérieux. En raison du latin et du sens que prend cette expression consacrée. Le latin avait été sollicité dans son recueil précédent. Il s’intitulait In extremis et, en effet, en maints passages la faune qu’il célébrait frôlait de gravissimes abîmes. L’action, si l’on peut parler d’action, se situait dans des quartiers défavorisés. Ses personnages étaient aux prises avec des défis de taille. Le titre était bien choisi et les poèmes étaient percutants. Encore une fois, le titre du recueil à venir est fort pertinent, du moins à en juger par les extraits qu’on nous présente ici.

La vie était difficile dans In extremis, elle l’est encore davantage dans ce recueil. Si dans le premier recueil il y avait des personnages plus ou moins inspirés de ceux que le poète pouvait connaître dans la vie réelle, ici, point de personnages, point de fiction ou de faits transformés par l’imaginaire. Une vraie personne, l’auteur lui-même, apprend qu’il est atteint d’une grave maladie congénitale. Le diagnostic tombe comme un couperet. L’ « homme stéthoscope », le cardiologue n’use pas d’euphémismes, il parle de « cardiomyopathie hypertrophique », d’ « épaisseur des parois », de « risque de mort subite ».

Les poèmes de cette suite, tous plus saisissants les uns que les autres, forment un récit. Ce sont de petits poèmes en prose. On y découvre un langage imagé, percutant, en phase avec les sentiments qu’éprouve le poète. Leur propos colle admirablement, de manière idoine, à la réalité qu’il exprime. On est saisi par la justesse des métaphores et autres figures avec lesquels le poète rend compte de la douloureuse expérience, le mot est trop faible, à laquelle il est confronté.

Le diagnostic est terrifiant. Il faudra faire avec. Mais comment dire adieu au monde alors que l’on croyait avoir l’éternité devant soi ? Cette heure à sa montre qui sait à quel moment elle s’arrêtera ?

Dans ces poèmes, un homme soliloque avec lui-même, adresse de tendres paroles à sa bien-aimée. Il découvre « Les rituels du détachement », c’est le titre du dernier poème où il en vient à affronter la mort : « Je la prends maintenant à bras-le-corps, la saisissant de toute ma rage de vivre. »

Le lyrisme de ces poèmes n’est pas le fruit d’un travail artificiel. Il sourd comme en témoigne le passage suivant d’un mal qu’il faut impérativement évacuer : « La pointe d’une épée jette son ombre sur mon crâne, ma ligne de vie tressaille dans ma paume humide. Mes fous rendent leurs armes sur l’échiquier de l’innocence, mes cavaliers prennent la fuite, mon roi vacille. »

SECTION 2 : DIALOGUE

Ce dossier est préparé par Gérald Gaudet. Le responsable de cette section est d’abord écrivain ; il est en outre l’un des plus importants passeurs qui soit, menant depuis bon nombre d’années des entretiens avec les auteurs et autrices du Québec. Chez Nota bene, il a fait paraître depuis 2019 trois forts volumes d’entretiens. Par ailleurs, Exit accueille fréquemment, comme c’est le cas pour ce présent numéro, quelques-uns de ses entretiens. Le titre donné à ceux dont il sera question ci-dessous est Des formes d’amour. Il s’ouvre par ces paroles de Gaudet, annonçant le jardin de l’autrice et les recueillements du poète.

Comment agir quand on a devant soi un rassemblement de coccinelles, un vol d’oiseaux, une allée de pierre couverte de thym, ou quand, replongeant dans ses souvenirs, on se rappelle deux enfants en train de prier, mains jointes, tête baissée, les coudes appuyés sur les rebords du lit parce que l’aînée des deux, la grande sœur, est aux prises avec une grave maladie ?

GENEVIÈVE BOUDREAU

UNE VOIX DONNÉE À LA FRAGILISATION DU MONDE

Le présentateur prend bien soin avant qu’on ne lise l’entretien de mentionner le riche parcours de la poète. Il passe en revue les ouvrages qu’elle a fait paraître au fil des ans et tisse entre eux des rapports qui éclairent son plus récent. Il porte à notre attention l’une des principales caractéristiques de son travail d’écrivaine : « Geneviève Boudreau développe depuis toujours une poétique du regard. » S’il a tenu a réalisé cet entretien, c’est pour comprendre « ce qui l’a menée de l’infiniment grand à l’infiniment petit et ce qui, dans l’attention qu’elle porte de plus en plus à tout ce qui lui offre, dans l’amour, l’intensité, nous la rend si pertinente au moment où nous sommes toutes et tous aux prises avec les urgences de toutes sortes. »

Une des réponses de l’écrivaine nous éclaire tout particulièrement. La voici.

D’autres fois, c’est vers le minuscule que l’œil se porte et voit sa complexité. Par exemple, devant un essaim de coccinelles qui trace sa constellation sous une feuille, et qu’on ne voit pas si on ne se fait pas soi-même tout petit. Ou devant le regard des abeilles … on ignore à quel point leurs yeux sont complexes et beaux. Quand je réussis à prendre des photos suffisamment claires, j’arrive à capter par exemple les tons de vert jade avec des formes un peu spiralées des yeux de la mégachile découpeuse de luzerne. On dirait des photos de galaxies prises par la Nasa. C’est tout petit, c’est dans l’œil d’une abeille et en même temps ça renvoie à de l’infiniment grand. »  

J’ai lu et commenté à sa parution l’essai poétique de Geneviève Boudreau. On trouve cette recension dans le numéro 175 de Nuit blanche. J’en prélève l’extrait suivant.

De propriétaire d’un petit bungalow de banlieue qu’elle est, la voici décentrée, invitée dans un jardin qui dans les faits appartient, se dit-elle, davantage à sa flore et à sa faune qu’à elle-même. La petite Alice de Lewis Caroll, à qui elle s’identifie, s’émerveille. Le jardin atteint quand on le regarde bien les proportions de l’Univers. Le microcosme projette la poète dans le macrocosme. Une véritable rencontre se produit : « Dans toutes ces voix rampantes, ignorées ou humiliées, j’ai reconnu une présence amie ».

NICHOLAS DAWSON

L’ATHÉE QUI DEMEURE CROYANT

Peur pietà est un recueil paradoxalement original. À la fois complexe et simple. Son auteur est, comme on dit, résolument moderne. Il pratique une écriture libre. Les pensées qui traversent son œuvre, c’est-à-dire tout son être, comme en témoigne cet entretien, sont riches ; nous pourrions dire qu’elles sont à la fine pointe de la pensée contemporaine. Capable de sophistication, l’auteur l’est aussi de candeur et de tendresse. Si son intellect impressionne, son cœur le fait tout autant sinon davantage, cet auteur ne craignant pas de dire les choses le plus simplement du monde. Il n’hésite pas à retourner dans son enfance pour y retrouver ses peurs d’antan, tout en y éprouvant ses peurs les plus actuelles.

Avec Gérald Gaudet, il revient sur la genèse de Peur pietà. Il revisite son parcours, de l’enfance à aujourd’hui, de la migration à sa situation présente, ici, au Québec. L’intervieweur présente ainsi le poète : « Le regard de Nicholas Dawson est large, généreux, informé et lucide. Comment s’en étonner ? tourné vers sa vérité d’homme, il est aussi tourné vers l’autre. Il allie l’intime, le social et le politique dans une prose affirmée qui donne autant à penser qu’à sentir. Une prose riche qui ne peut, avec tout ce qu’elle rassemble, que toucher, plurielle, contradictoire, éclatée, l’énergie du vivre-ensemble, une énergie proprement poétique. »

Le poète explique que « l’exil est [son] sujet de prédilection », que c’est son « espace d’écriture ». Ainsi, l’exil se retrouve-t-il au centre du recueil dont les premières versions étaient plutôt consacrées à sa présence d’accompagnateur auprès de Caroline : « Donc, Peur pietà est devenu moins un livre sur l’accompagnement d’une proche malade que sur l’écriture et les croyances qui me permettent d’accompagner ma peur. » Ses propos sur le lyrisme et la foi donnent à réfléchir.

On trouvera le commentaire que j’ai réservé à ce recueil en exclusivités Web. L’accès en est gratuit dans nuitblanche.com.  Relisant cette recension, je ne puis m’empêcher de remarquer que nulle part je n’y mentionne le nom de feu Caroline Dawson, qui à cette époque était toujours vivante. Sans que cela fût tout à fait conscient, je m’accordais respectueusement à la réalité sensible de l’auteur et de son livre. Dans l’entretien accordé à Gaudet, le poète dévoile le processus d’écriture qui fut le sien, passant dans l’écriture de son recueil (et ce, avec l’adoubement de sa grande sœur) du rôle d’accompagnateur à celui de sujet se recentrant sur sa propre expérience, entendons sur ses propres peurs ainsi que sur ses recours à diverses formes de piété afin de les amadouer. Dans sa présentation, Gaudet rappelle que « même si son recueil de poésie s’est écrit dans ce climat familial des dernières années [Nicholas Dawson] n’a absolument pas voulu se permettre de ‘‘faire de la douleur et de la maladie de Caroline un spectacle’’ ».

J’extrais en terminant ces quelques lignes de ma recension de Peur pietà.

Du reste, pour intelligente que soit la méditation du poète, celle-ci est moins intellectuelle que sensible. Elle trouve sa force et sa pertinence dans l’inventivité langagière dont fait montre l’auteur. Comprenons que pour dire la maladie, la peur et la foi, il trouve des mots simples et percutants. Son chant en évitant toute forme d’éloquence s’élève à un haut degré de pensée sensible. Il conviendrait de l’identifier à une forme de prière bien particulière : « comme jadis il arrive que je prie / même athée je demeure croyant ».

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Auteur : Daniel Guénette

Né le 21 mai 1952, Daniel Guénette est originaire de Montréal. Il a vécu la majeure partie de son existence dans l’arrondissement de Saint-Laurent. Après des études en lettres à l’Université de Montréal, où il obtient un diplôme de maîtrise en création littéraire, il enseigne la littérature au cégep de Granby. En 2011, il prend sa retraite après 34 années d’enseignement. À l’aube de la soixantaine, il renoue avec l’écriture qu’il avait cessé de pratiquer durant près de vingt ans. Il publie chez Triptyque deux recueils de poésie, Traité de l’Incertain en 2013 et Carmen quadratum en 2016, ainsi qu’un récit, L’École des Chiens, en 2015. Dans son œuvre antérieure alternaient ouvrages de poésie (3 titres au Noroît, 2 chez Triptyque) et productions romanesques (3 titres chez Triptyque). Ces ouvrages furent publiés entre 1985 et 1996. L’ensemble fut bien reçu par la critique. À l’occasion du vingtième anniversaire des éditions Triptyque, feu Réginald Martel écrivait : « Et on soupçonne que bien des éditeurs seraient ravis d’inscrire à leur catalogue, parmi quelques auteurs de Triptyque, le nom d’un Daniel Guénette, par exemple. » J. Desraspes a enchanté Jean-Roch Boivin : « Ce roman est un délicieux apéritif, robuste et délicat, son auteur un écrivain de talent et de grands moyens. » Réginald Martel parle d’un roman « qu’on dévore sans reprendre son souffle » ; il salue également la parution des romans qui suivent, se montrant surtout favorable à L’écharpe d’Iris. Pierre Salducci écrit dans Le Devoir un article élogieux sur ce roman : « L’écharpe d’Iris est une réussite, une petite musique qui nous parle de la nature humaine et qu’on n’arrive pas à oublier. Un roman magnifique, un vrai. Pas un phénomène de mode. Pas un produit branché et périssable. Mais de la littérature. Tout simplement. » L’École des Chiens, qui en 2015 marque le retour de l’auteur au récit, a été commentée par divers blogueurs, dont le poète Jacques Gauthier : « Ce beau récit du poète Daniel Guénette évoque, avec pudeur et humilité, les onze années vécues auprès de Max qu’il a dû faire euthanasier à cause d’un cancer. Ils sont rares de tels livres qui traitent si tendrement de la relation entre un homme et son animal de compagnie. Ça parle de vie et de mort, d’attachement et d’amitié, d’enfance et de solitude. » Pour sa part, Topinambulle écrit : « Dans ce très beau récit, un homme apprivoise doucement le deuil de son chien. À la manière de Rousseau, Daniel Guénette nous invite à le suivre dans ses promenades, dans les méandres de ses souvenirs, où l'évocation de l'ami fidèle nous servira de guide. ». Dominic Tardif, dans Le Devoir, 4 juillet 2015 a rendu compte chaleureusement de L’école des chiens. Il a souligné qu’avec ce récit, l’auteur avait produit « de la vraie littérature » : « Plus qu’un livre sur un maître et son animal, L’école des chiens célèbre le pouvoir de l’écriture qui, chez Daniel Guénette, n’aspire pas à remplacer l’en allé, mais bien à en continuer la vie. » Recommandé avec enthousiasme à ses téléspectateurs, L’école des chiens a fait l’objet d’un échange de cadeaux à l’émission LIRE présentée sur ARTV. À partir de 1975, l’auteur a collaboré à diverses revues de littérature à titre de poète et de critique. On a pu lire ses recensions dans la revue Mœbius. Pour l’une d’elles, l’auteur a été finaliste au Prix d’excellence de la SODEP 2016, dans la catégorie Texte d’opinion critique sur une œuvre littéraire ou artistique. Plus récemment, l’auteur a publié deux nouveaux titres en poésie, Varia au Noroît en 2018 et, à l’hiver 2023, La châtaigneraie aux Éditions de la Grenouillère. Pour ce recueil, le poète a été finaliste au Prix d’excellence du webmagazine La Métropole. Dans la recension que réserve à cet ouvrage la revue LQ, le critique Antoine Boisclair écrit: « Ce recueil émouvant, très maîtrisé du point de vue formel, témoigne d’un savoir-faire indéniable. » Le critique et poète français Pierre Perrin écrit dans sa revue trimestrielle de littérature, la revue française « Possibles », ne pas confondre avec la revue québécoise du même nom : « Daniel Guénette a le vers sûr, souvent proche de l’alexandrin, parfois très bref. Il sait restituer une vie, avec sa foudre, ses éclairs, et les moments de calme, voire de communion. La Châtaigneraie constitue un beau recueil presque filial. » Pour sa part, dans Le Ou'tam’si magazine, Nathasha Pemba déclare que « La châtaigneraie est un recueil de poésie qui a l’allure d’un hommage, d’un renouvellement du contrat amical. C’est une poésie ontologique qui va au fond des choses pour faire émerger l’être. Daniel Guénette une fois plus confirme qu’il est poète, le poète de l’amitié, le poète de l’altérité, le poète de l’éternité. » Outre ces recueils de poésie, l’auteur fait paraître quelques nouveaux romans. De Miron, Breton et le mythomane, paru en 2017 à La Grenouillère, Dominic Tardif écrit dans Le Devoir : « Chronique des glorioles imaginaires d’un grand taquin aimant (se) conter des histoires et fabuler une légendaire vie d’aventures, Miron, Breton et le mythomane est le carton d’invitation d’une fête organisée en l’honneur du mensonge auquel s’abreuve n’importe quelle forme de littérature digne de ce nom. » Pour sa part, Dédé blanc-bec reçoit dans Nuit Blanche un commentaire signé Gaétan Bélanger : « Le ton poétique empreint d’humour et de nostalgie adopté par l’auteur rend extrêmement agréable la lecture de ce roman émouvant. Il faut préciser que, tout d’abord, il est un peu déroutant de suivre les bonds fréquents de la narration dans le temps. Plus que de simples digressions, elles donnent parfois l’impression que l’auteur saute du coq à l’âne pour revenir aux mêmes événements, observés sous un angle différent. Mais on s’habitue vite à cette manière ou à ce style et on l’apprécie pour son originalité. Voilà donc un roman au texte minutieusement poli et se démarquant par sa qualité et son audace. » Vierge folle est le dernier roman de l’auteur. La recension parue dans Culture Hebdo se termine avec ces mots : « Nous vous laissons le soin de découvrir la conclusion. Excellent, est un euphémisme. On a adoré. » Ce roman, sans doute le meilleur de l’auteur, s’il a suscité l’enthousiasme de ses lecteurs n’a guère fait l’objet de recensions sérieuses. Pour des recensions sérieuses, il aura fallu attendre l’hiver 2023. Au billet d’Antoine Boisclair portant sur La châtaigneraie, se sera ajoutée dans Le Devoir une chronique de Louis Cornellier consacrée non pas à un roman ou un recueil, mais à un essai. Le journaliste y salue d’abord le travail entrepris par l’écrivain sur son blogue : « Fin lecteur de poésie, l’écrivain s’y impose comme un critique raffiné, érudit et amical dont le style, limpide et élégant, s’apparente à celui de la conversation relevée. Ces qualités en font une rareté dans le paysage littéraire québécois. » Puis, il rend compte de l’essai : « Dans Le complexe d’Orphée (Nota bene, 2023, 186 pages), l’écrivain se fait plus essayiste que critique en proposant « une manière de promenade » dans laquelle il tente « de saisir la nature de la poésie ». Fidèle à son approche modeste et exploratoire, il déambule en compagnie des poètes et penseurs qu’il aime afin de délimiter son objet, tout en cultivant le souci de ne pas l’enfermer. » Il conclut sa chronique en ces termes : « Partisan des « poèmes limpides » qui disent de « simples vérités », Guénette trouve dans la poésie un antidote « à l’endormissement de [ses] facultés » ou, comme l’écrit Valéry, un discours « chargé de plus de sens, et mêlé de plus de musique, que le langage ordinaire n’en porte et n’en peut porter ». Fénelon aurait aimé ce livre admirable. » La conclusion de l’article d’Antoine Boisclair portant sur La châtaigneraie était elle aussi plutôt réjouissante : « Romancier accompli (son dernier récit, Vierge folle, est paru en 2021 aux éditions de La Grenouillère), critique littéraire important (son blogue, intitulé Dédé blanc-bec, offre des comptes rendus très étoffés sur des publications québécoises), Daniel Guénette est aussi un poète qui mérite toute notre attention. »

3 réflexions sur « Exit : no 116 : éditions gaz moutarde : revue de poésie : 2024 : 96 pages »

  1. L’expédition poétique de Michèle Moisan

    Félix-Antoine Savard a célébré la Noyée dans son Manaud maître draveur.

    Quel plaisir de lire cette poète qui est subjuguée par les beautés et l’expérience des montagnes de l’arrière-pays de Charlevoix!

    D’autant plus que c’est probablement dans mon lac que se trouve ce point d’eau  si claire
    Qu’on dénombre par centaines
    Les cailloux aux pieds de la Noyée

    La poésie vient ajouter une touche de beauté à ce coin de pays déjà fort bien pourvu sur ce plan!

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