Marie-Hélène Montpetit : La maison respire dans la nuit : Poésie : Éditions Mains libres : 2024 : 78 pages

Les plaisirs de l’œil et de l’oreille témoignent à merveille de l’accueil favorable que de manière générale nous réservons aux arts visuels ainsi qu’à la musique. À cette dernière, surtout, il n’est pas demandé d’être raisonnable. Le souhaiterait-elle, elle n’a cure de représenter quoi que ce soit du monde réel. Elle n’y est pas assujettie. La musique peut ne servir à rien. Si elle sert, ses fonctions peuvent être diverses, par exemple lorsqu’elle est requise à des fins religieuses, je pense à la musique sacrée. Au cinéma, elle soutient, accompagne un propos, suggère, suscite des émotions, influe sur nos perceptions. Elle peut même, comme on sait, être utilisée à des fins publicitaires. Bref, sa liberté peut dans certains cas s’avérer restreinte. C’est que dans ces conditions, on la détourne à d’autres fins que les siennes propres. Il n’en demeure pas moins qu’en dehors des contraintes qu’on peut lui imposer, lorsque pour le compositeur vient le temps de créer une œuvre entièrement personnelle, il peut s’aventurer à sa guise sur les sentiers de la création. Nul mélomane ne lui demandera des comptes relatifs au sens de son discours musical. Une phrase musicale n’a pas à proprement parler de signification, quoique bien entendu, telle une sonnerie de téléphone elle peut signifier en tant que message codé.

Les significations, par contre, dès que la langue est requise à des fins de création poétique viennent brouiller les cartes du jeu littéraire. À l’écrivain, il semblerait qu’il soit demandé de dire quelque chose. Comme il fait usage de mots, on réclame que ses mots soient porteurs de significations bien précises. Ce à quoi les poètes semblent se soustraire d’un accord quasi commun. Ce qui explique la réticence légendaire du grand public à prêter attention à leurs travaux. Un certain type de poésie refroidit les tièdes ardeurs du grand nombre, alors que chez les amateurs d’art, tout un chacun, à quelques exceptions près, emboîte volontiers le pas lorsqu’au musée lui sont proposées des expositions d’art abstrait. Le regardeur voit bien que ce qu’il voit accroché aux cimaises ne correspond à rien de ce qui dans le monde réel peut être observé dans la vie de tous les jours ; un paysage ne lui est pas proposé, ni un agencement de fleurs ni une nature morte. Ce n’est pas non plus un portrait. Qu’est-ce alors ? Il l’ignore. Que chez un Chagall des amants flottent dans le ciel comme des nuages, cela, il peut très bien le concevoir, ce type de tableau s’apparentant à la rêverie ou s’affichant comme symbole inventif de la légèreté du sentiment amoureux, de la liberté qui avec l’art se voit libérer de ses chaînes. Les dessins de Paule Baillargeon nous émeuvent. Pas plus qu’un Klee n’est-elle préoccupée par la ressemblance. On connaît l’histoire, la photographie a libéré la peinture du souci de représenter la réalité de manière réaliste. Peintres et musiciens ont le vent dans les voiles. Personne ne les embête en leur demandant ce qu’ils ont bien pu vouloir dire dans leurs tableaux ou leurs sonates. Il en va autrement avec les poètes.

Et pourtant ! Depuis au moins l’avènement des surréalistes et de leurs devanciers, entre autres et surtout Rimbaud, ne sommes-nous pas entrés dans une aire où la poésie, c’est du moins ce qu’avançait un Sartre dans Qu’est-ce que la littérature, a rejoint les rangs de la peinture et des autres arts auxquels il n’est jamais demandé de signifier quoi que ce soit ? Devant la rengaine des récalcitrants, offusqués que certains poèmes soient pour ainsi dire sens dessus dessous, insensés du moins à première vue ; devant les tergiversations des dubitatifs face à des images qu’il y aurait lieu selon eux de traduire en langage clair, plus précisément en réaction à l’idée d’un Rémy de Gourmont incitant à ramener dans le champ du raisonnable ce qui de prime abord semble incongru, Breton avec aplomb répliquait que « mamelle de cristal » dans un écrit de Saint-Pol-Roux ne cherche pas à produire la représentation d’une carafe, mais bien plutôt que cet énoncé évoque précisément une mamelle de cristal et rien d’autre. « Ce que Saint-Pol-Roux a voulu dire, soyez certain qu’il l’a dit ». On se souviendra de la réaction de Rimbaud à qui étaient adressés des reproches quant à la relative absence de sens de ses poèmes : « Ça dit ce que ça dit, littéralement et dans tous les sens. »

Il y a, me semble-t-il, des « mamelles de cristal » dans la poésie de Marie-Hélène Montpetit. Chez elle, se berce, comme dirait Breton, «la rosée à tête de chat ». Son petit recueil est étonnant à plus d’un titre. Mais les images y jouent-elles un rôle prépondérant ? Faut-il chercher à interpréter les poèmes qui le composent ? Entreprendre de les traduire n’entraîne-t-il pas forcément le risque d’une trahison ? Doit-on plutôt les lire comme on contemple une œuvre d’art abstraite ou comme on écoute une pièce de musique contemporaine, celle d’un Gilles Tremblay ou d’un Serge Arcuri, par exemple ? Une chose est certaine, lire des poèmes implique un véritable acte de lecture, même avec les poèmes les plus transparents du monde pour l’écriture desquels a été respecté le credo classique du « Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement / Et les mots pour le dire arrivent aisément ». Cela dit, certaines fleurs libèrent spontanément leurs effluves. D’autres exigent qu’on mérite davantage leur parfum. Dans tous les cas, lire une seule fois et rapidement ne suffit pas. On passe à côté de ce que recèle vraiment un poème qui dès la première lecture semble avoir tout donné, alors qu’on renonce à découvrir ce qu’un ouvrage d’allure plus hermétique semblait devoir nous refuser à jamais.

Lire est une chose. Présenter le fruit de ses lectures en est une autre. Que dire de cette maison qui respire dans la nuit outre le fait qu’elle séduit par les légers craquements qu’elle fait entendre ? Car elle est animée, bien entendu, et il s’y passe un tas de choses. Lesquelles ? De quoi ces murmures nous entretiennent-ils ? Quel est le sujet de ces poèmes ?

Pour répondre à ces questions, pour présenter un ouvrage, la plus simple façon est de faire mention de ce à quoi il réfère. De quoi est-il question dans les pages de ce recueil ? Peut-on d’abord se fier au titre ? Ce recueil parle-t-il vraiment d’une maison, et qui plus est, d’une maison qui respire dans la nuit ? Et encore, si ce titre semble offrir des pistes de lecture, nous ouvrir des voies pour entrer dans l’univers de la poète, n’aurions-nous pas intérêt à aller au-delà, à identifier, par exemple, les différents thèmes traités par l’écrivaine ? Idéalement, il faut pour les découvrir s’arrêter à chaque poème. Mais il est un réflexe auquel chacun s’adonne spontanément pour s’orienter dans les dédales d’un texte. Il s’agit de consulter la quatrième de couverture. Pour les bénéfices des lecteurs et lectrices, je crois bon ici de reproduire in extenso celle de ce recueil.

Dans son quatrième recueil de poésie, composé de neuf parties, Marie-Hélène Montpetit se souvient de cavalcades, de risques pris pour échapper à ce qui enferme et, en n’évitant ni la joie ni les pièges, d’avoir cherché à avancer sur les chemins du vivant.

alors je m’en remets à la forêt cachée
au vivant
enfoui sous le rude
dans l’imagier des soifs
et du babil

Ce livre sonde la pulsion de vie qui traverse l’enfance, l’adolescence, l’âge adulte et l’âge mûr où le corps désirant se transforme. Ces poèmes parlent d’échappées, de ce que l’on ose et tente, afin de ne pas s’éteindre. Ils évoquent aussi le corps usé, en qui le silence et le contentement, peu à peu, émergent.

Tout cela est fort bien, et fort bien dit.  La quatrième de couverture d’un ouvrage de poésie consiste souvent en un art périlleux, une sorte de défi à relever que l’éditeur relève comme il peut, préférant souvent le confier au poète lui-même, ici à la poète sans doute. Qui s’adonne à cette tâche tente d’apporter des précisions sur cela qui par nature appartient plus ou moins davantage au domaine du vague et de l’imprécis. Je ne veux pas généraliser, mais la plupart des ouvrages de poésie trouvent leur plus profonde unité dans la voix qui les porte, dans la cohérence tout incohérente de l’imaginaire qui habite l’écrivain, dans le florilège de ses obsessions, de ses hantises et de ce qui l’anime au plus profond. Et c’est assurément le cas ici. Ce recueil n’est pas constitué de poèmes épars et sans rapport les uns avec les autres, mais tout de même il est composé de suites rédigées peut-être à différentes époques, rapprochées ou non les unes des autres. Prendre un fil, à l’occasion de la rédaction d’une quatrième de couverture et coudre ensemble des différents « moments fragiles » (Brault), c’est réaliser une manière de courtepointe. On brode en s’inspirant de ce que l’on a écrit, de ce qu’on lit, de ce qu’on interprète en tant qu’auteur ou autrice. On recrée une cohérence, on fabrique une cohésion.

J’ai lu ce recueil à plus d’une reprise. S’il m’avait fallu rédiger à son intention une quatrième, elle n’aurait en rien évoqué ce qui se trouve dans cette brève présentation. Qui plus est, l’ayant en tête, cherchant à m’en servir comme de balises, je n’ai pas été à même d’en faire bon usage, ce qui ne la discrédite en rien, puisqu’en soi sa valeur est indéniable, ne serait-ce qu’à titre d’écho de ce qui secrètement anime le recueil. Mais, qui sait ? Ma cécité n’engage en rien la perspicacité des autres lecteurs et lectrices qui ouvriront ce recueil et qui, tout comme moi, prendront plaisir à ne pas le refermer de sitôt.

Assurément, il y a ici un thème récurrent. C’est celui de l’amour. Dans cette maison, toute textuelle, habite ou séjourne un couple. Est-il formé par une femme et un homme, une femme et une autre femme ? On ne saurait dire. Un passage peut laisser croire qu’il s’agit de celui de deux femmes : « et ton corps redevient / une jeune fille / étrange / aux lèvres / ornées de pousses / et de glaïeuls ». Cela n’est pas clarifié, il se pourrait que le « je » du poème s’adresse à lui-même, cela importe peu. La poète, de toute évidence, laisse au vague le soin de laisser plus ou moins entendre ce que charrie le murmure, le clapotis à la fois trouble et tranquille de ses vers.  

Le recueil commence avec « Le rucher abîmé », une suite de quatre quatrains. On y voit deux personnages. Il y a d’abord le « je » du poème ; pour plus de commodité, l’on pourrait parler de la poète. Ce « je » est en relation avec un « tu » dont l’identité n’est pas précisée. Le ton du premier poème est grave, comme l’est l’ensemble du recueil. Il est question des ruines du matin, de la raison qui s’y durcit. Une certaine tendresse le traverse. Avec ses mains, la voix de la poète regarde son vis-à-vis et le frôle. S’il m’est permis ici de donner une opinion, je dirai que ce poème est réussi, il me plaît comme le reste du recueil d’ailleurs. Il me plaît en raison de ce que j’ai appelé plus haut ses « mamelles de cristal », je veux dire cette manière de dire en établissant des rapports inusités entre les mots, de sorte que leur réunion offre un bouquet dont s’emparent avec plaisir nos facultés les plus imaginatives. En outre, et ce partout dans l’ouvrage, le ciselé des vers de Marie-Hélène Montpetit est ici remarquable.

Les quatre premiers poèmes sont brefs ; tous les poèmes du recueil le sont. Leur minimalisme favorise la lecture, contribue à la rendre agréable, alors même que ces poèmes sont habités par une certaine souffrance. On y voit une douceur altérée, une petite fille vérolée, tandis que le « tu » cogne « aveugle l’air doux ». La maison du titre apparaît dans ces premiers poèmes. Elle est mauve. Elle est implicitement comparée au « rucher abîmé de la douceur », ce « rucher abîmé » donnant son titre à la première suite.

Je lis et relis ces poèmes qui d’abord me déroutèrent et me laissent encore quelque peu perplexe, mais voilà, leur pertinence poétique finit par s’imposer. J’en viens peu à peu à constater qu’en me devenant familiers, ils me plaisent de plus en plus, quoique je ne saurais trop dire pourquoi. Mystère de cette poésie qui charme à force de voiles et de dévoilements.

Au fond, je sais que ces poèmes me plaisent parce que justement ils m’étonnent, me charment grâce à l’imaginaire qui les habite et en raison aussi de leur perfection formelle. Il y a ici une grande précision dans la diction ou si l’on préfère dans la rythmique. Tout cela donne à entendre une certaine musique.

Qualité, donc, de l’écriture, maîtrise technique, inventivité, expressivité sont au rendez-vous. Un monde est créé, quasi onirique, constitué de scènes brèves extraites de leur contexte, non pas éclairées par le commentaire, peu développées, laissées entièrement à l’interprétation de la lecture. Ce n’est pas à de l’écriture automatique, pas non plus à de la poésie surréaliste que nous avons affaire, mais tout de même la poésie de Marie-Hélène Montpetit s’apparente à celle de Rimbaud, dont elle a la fulgurance et l’inventivité des Illuminations. En lisant de tels vers, il arrive que le sens nous échappe, mais le mouvement du texte immanquablement nous gagne et nous transporte.

La proposition de la poète, bien que sa filiation au surréalisme soit indéniable, me paraît neuve, fraîche, voire enjouée, bien que l’ensemble du tableau n’ait rien de franchement joyeux, la fantaisie dont fait montre l’écrivaine étant loin de tourner le dos à ce que l’on pourrait appeler un certain mal du siècle. Il est fait mention dans ce recueil des grands enjeux sociaux, des crises graves qui actuellement mettent le monde à feu et à sang (« la blessure éclot sur une civière », « le réel surgit sur un lit d’hôpital »). Mais la poète n’élabore pas sur ces sujets. Elle s’en tient à quelque chose de plus personnel. Dans le sombre sont exprimées des douleurs intimes, celles qu’elle ressent la nuit au cœur d’une maison mauve.

Il y a de nombreux beaux poèmes dans ce recueil. En voici un.

la neige
les toits mouillés
nos corps de fantômes
enlacés dans un livre
cela qui fut volé
je le rends
avec la main douce
du souffle
sous le manteau
la prophétie du soir

Un dernier, pour la route ? Un très beau ? Ce sera celui avec lequel se termine le recueil.


on peut dire le silence et l’oubli des fautes
un ciel bleu se déverse dans la chambre
tasse sur le côté
les choses de soi
rouillées
qui ont brûlé là durant la nuit

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Auteur : Daniel Guénette

Né le 21 mai 1952, Daniel Guénette est originaire de Montréal. Il a vécu la majeure partie de son existence dans l’arrondissement de Saint-Laurent. Après des études en lettres à l’Université de Montréal, où il obtient un diplôme de maîtrise en création littéraire, il enseigne la littérature au cégep de Granby. En 2011, il prend sa retraite après 34 années d’enseignement. À l’aube de la soixantaine, il renoue avec l’écriture qu’il avait cessé de pratiquer durant près de vingt ans. Il publie chez Triptyque deux recueils de poésie, Traité de l’Incertain en 2013 et Carmen quadratum en 2016, ainsi qu’un récit, L’École des Chiens, en 2015. Dans son œuvre antérieure alternaient ouvrages de poésie (3 titres au Noroît, 2 chez Triptyque) et productions romanesques (3 titres chez Triptyque). Ces ouvrages furent publiés entre 1985 et 1996. L’ensemble fut bien reçu par la critique. À l’occasion du vingtième anniversaire des éditions Triptyque, feu Réginald Martel écrivait : « Et on soupçonne que bien des éditeurs seraient ravis d’inscrire à leur catalogue, parmi quelques auteurs de Triptyque, le nom d’un Daniel Guénette, par exemple. » J. Desraspes a enchanté Jean-Roch Boivin : « Ce roman est un délicieux apéritif, robuste et délicat, son auteur un écrivain de talent et de grands moyens. » Réginald Martel parle d’un roman « qu’on dévore sans reprendre son souffle » ; il salue également la parution des romans qui suivent, se montrant surtout favorable à L’écharpe d’Iris. Pierre Salducci écrit dans Le Devoir un article élogieux sur ce roman : « L’écharpe d’Iris est une réussite, une petite musique qui nous parle de la nature humaine et qu’on n’arrive pas à oublier. Un roman magnifique, un vrai. Pas un phénomène de mode. Pas un produit branché et périssable. Mais de la littérature. Tout simplement. » L’École des Chiens, qui en 2015 marque le retour de l’auteur au récit, a été commentée par divers blogueurs, dont le poète Jacques Gauthier : « Ce beau récit du poète Daniel Guénette évoque, avec pudeur et humilité, les onze années vécues auprès de Max qu’il a dû faire euthanasier à cause d’un cancer. Ils sont rares de tels livres qui traitent si tendrement de la relation entre un homme et son animal de compagnie. Ça parle de vie et de mort, d’attachement et d’amitié, d’enfance et de solitude. » Pour sa part, Topinambulle écrit : « Dans ce très beau récit, un homme apprivoise doucement le deuil de son chien. À la manière de Rousseau, Daniel Guénette nous invite à le suivre dans ses promenades, dans les méandres de ses souvenirs, où l'évocation de l'ami fidèle nous servira de guide. ». Dominic Tardif, dans Le Devoir, 4 juillet 2015 a rendu compte chaleureusement de L’école des chiens. Il a souligné qu’avec ce récit, l’auteur avait produit « de la vraie littérature » : « Plus qu’un livre sur un maître et son animal, L’école des chiens célèbre le pouvoir de l’écriture qui, chez Daniel Guénette, n’aspire pas à remplacer l’en allé, mais bien à en continuer la vie. » Recommandé avec enthousiasme à ses téléspectateurs, L’école des chiens a fait l’objet d’un échange de cadeaux à l’émission LIRE présentée sur ARTV. À partir de 1975, l’auteur a collaboré à diverses revues de littérature à titre de poète et de critique. On a pu lire ses recensions dans la revue Mœbius. Pour l’une d’elles, l’auteur a été finaliste au Prix d’excellence de la SODEP 2016, dans la catégorie Texte d’opinion critique sur une œuvre littéraire ou artistique. Plus récemment, l’auteur a publié deux nouveaux titres en poésie, Varia au Noroît en 2018 et, à l’hiver 2023, La châtaigneraie aux Éditions de la Grenouillère. Pour ce recueil, le poète a été finaliste au Prix d’excellence du webmagazine La Métropole. Dans la recension que réserve à cet ouvrage la revue LQ, le critique Antoine Boisclair écrit: « Ce recueil émouvant, très maîtrisé du point de vue formel, témoigne d’un savoir-faire indéniable. » Le critique et poète français Pierre Perrin écrit dans sa revue trimestrielle de littérature, la revue française « Possibles », ne pas confondre avec la revue québécoise du même nom : « Daniel Guénette a le vers sûr, souvent proche de l’alexandrin, parfois très bref. Il sait restituer une vie, avec sa foudre, ses éclairs, et les moments de calme, voire de communion. La Châtaigneraie constitue un beau recueil presque filial. » Pour sa part, dans Le Ou'tam’si magazine, Nathasha Pemba déclare que « La châtaigneraie est un recueil de poésie qui a l’allure d’un hommage, d’un renouvellement du contrat amical. C’est une poésie ontologique qui va au fond des choses pour faire émerger l’être. Daniel Guénette une fois plus confirme qu’il est poète, le poète de l’amitié, le poète de l’altérité, le poète de l’éternité. » Outre ces recueils de poésie, l’auteur fait paraître quelques nouveaux romans. De Miron, Breton et le mythomane, paru en 2017 à La Grenouillère, Dominic Tardif écrit dans Le Devoir : « Chronique des glorioles imaginaires d’un grand taquin aimant (se) conter des histoires et fabuler une légendaire vie d’aventures, Miron, Breton et le mythomane est le carton d’invitation d’une fête organisée en l’honneur du mensonge auquel s’abreuve n’importe quelle forme de littérature digne de ce nom. » Pour sa part, Dédé blanc-bec reçoit dans Nuit Blanche un commentaire signé Gaétan Bélanger : « Le ton poétique empreint d’humour et de nostalgie adopté par l’auteur rend extrêmement agréable la lecture de ce roman émouvant. Il faut préciser que, tout d’abord, il est un peu déroutant de suivre les bonds fréquents de la narration dans le temps. Plus que de simples digressions, elles donnent parfois l’impression que l’auteur saute du coq à l’âne pour revenir aux mêmes événements, observés sous un angle différent. Mais on s’habitue vite à cette manière ou à ce style et on l’apprécie pour son originalité. Voilà donc un roman au texte minutieusement poli et se démarquant par sa qualité et son audace. » Vierge folle est le dernier roman de l’auteur. La recension parue dans Culture Hebdo se termine avec ces mots : « Nous vous laissons le soin de découvrir la conclusion. Excellent, est un euphémisme. On a adoré. » Ce roman, sans doute le meilleur de l’auteur, s’il a suscité l’enthousiasme de ses lecteurs n’a guère fait l’objet de recensions sérieuses. Pour des recensions sérieuses, il aura fallu attendre l’hiver 2023. Au billet d’Antoine Boisclair portant sur La châtaigneraie, se sera ajoutée dans Le Devoir une chronique de Louis Cornellier consacrée non pas à un roman ou un recueil, mais à un essai. Le journaliste y salue d’abord le travail entrepris par l’écrivain sur son blogue : « Fin lecteur de poésie, l’écrivain s’y impose comme un critique raffiné, érudit et amical dont le style, limpide et élégant, s’apparente à celui de la conversation relevée. Ces qualités en font une rareté dans le paysage littéraire québécois. » Puis, il rend compte de l’essai : « Dans Le complexe d’Orphée (Nota bene, 2023, 186 pages), l’écrivain se fait plus essayiste que critique en proposant « une manière de promenade » dans laquelle il tente « de saisir la nature de la poésie ». Fidèle à son approche modeste et exploratoire, il déambule en compagnie des poètes et penseurs qu’il aime afin de délimiter son objet, tout en cultivant le souci de ne pas l’enfermer. » Il conclut sa chronique en ces termes : « Partisan des « poèmes limpides » qui disent de « simples vérités », Guénette trouve dans la poésie un antidote « à l’endormissement de [ses] facultés » ou, comme l’écrit Valéry, un discours « chargé de plus de sens, et mêlé de plus de musique, que le langage ordinaire n’en porte et n’en peut porter ». Fénelon aurait aimé ce livre admirable. » La conclusion de l’article d’Antoine Boisclair portant sur La châtaigneraie était elle aussi plutôt réjouissante : « Romancier accompli (son dernier récit, Vierge folle, est paru en 2021 aux éditions de La Grenouillère), critique littéraire important (son blogue, intitulé Dédé blanc-bec, offre des comptes rendus très étoffés sur des publications québécoises), Daniel Guénette est aussi un poète qui mérite toute notre attention. »

7 réflexions sur « Marie-Hélène Montpetit : La maison respire dans la nuit : Poésie : Éditions Mains libres : 2024 : 78 pages »

  1. Les psychologues nomment «intelligence verbale et intelligence non verbale» ces différences que tu décris si bien entre la logique de certains arts.

    Ils disent que ceux-ci ne s’adressent pas aux mêmes régions du cerveau et n’ont pas les mêmes modes de fonctionnement…

    Mais il me semble qu’en ce qui a trait à la signification, il me faut écouter ou regarder avec beaucoup d’efforts certaines musiques, certains tableaux comme je dois le faire lors de la lecture de certains poèmes pour réussir à entendre, voir ou saisir un sens quelconque.

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