Pierre Perrin : Finis litteræ : Poésie : Éditions Possibles : France : 2024 : 140 pages

Le poète de Finis litteræ n’a rien d’un prophète de malheur. Contrairement à d’autres avant lui, il n’entonne pas le chant du cygne de la littérature. Du reste, il n’est point question de fin dans son recueil. C’est plutôt, nous apprend la quatrième de couverture, à la « pointe extrême » de la lettre que son titre réfère. Il est proche de Finistère, ce mot tirant son origine de finis terræ. « Le sonnet figure cette pointe. » L’ancienne forme du sonnet, ressuscitée, redevient ici actuelle, rendue moderne, nous dit la quatrième, par « l’oubli de la rime ». Un tel renversement risque d’en étonner plus d’un. Phénix renaît ici de ses cendres. Un paradoxe souvent s’avère riche de sens.

Outre ce titre puisé à même l’Antiquité latine, outre la forme du sonnet, elle-même trésor quasi national de la vieille Europe, outre l’alexandrin tombé en désuétude un peu partout depuis plus d’un siècle et demi, il y a quelque chose de positivement vieux dans la poésie de Pierre Perrin, de suffisamment vieux pour que l’enfance y puisse remonter à la surface. Ce n’est pas rien. Les aubes d’autrefois reluisent désormais dans le lointain ; le chant les ressuscite, la nostalgie les mêle au crépuscule. Mais, il a beau ne pas être né de la dernière couvée, le poète en ces temps pour lui de pénultième sait de son regard embrasser le monde actuel avec intensité, avec lucidité. Un bel aujourd’hui ? Pas vraiment. Dans la première partie intitulée « L’époque fait le poirier », mais également ailleurs dans le recueil, le poète inscrit fermement son discours dans la conversation de l’heure, il participe aux débats de société.

Faire le poirier est une expression qui signifie se tenir en équilibre sur les mains, les pieds en l’air, la tête en bas. Si le poète déclare que l’époque fait le poirier, c’est que tout ou presque de ce qui jusqu’à maintenant a été notre monde s’y trouve inversé. Le poète s’en prend entre autres au sens dessus dessous où se renverse aujourd’hui le sens des valeurs. À ses yeux, un certain progrès entraîne un incontestable déficit, une bien déplorable régression des us et coutumes. La culture se dégrade. Dans une volte-face sans précédent, la machine, dont fait parfois mention le poète, ou si l’on préfère le robot, a pris le relais de l’intelligence humaine et ainsi contribué à une bien évidente déshumanisation. D’où, sans doute, çà et là le recours à l’expression du tête-à-queue. La culture en notre époque de progrès équivaut non pas à la contre-culture, mais bien plutôt à l’inculture, à l’ignorance crasse. L’auteur ne se privera pas de faire le procès de l’école, des écrans bien calés au creux de la paume de nos mains, des yeux rivés dessus au détriment des pages de livres qu’on lit désormais de moins en moins. Procès aussi d’un certain type de littérature, lequel procès en contrepartie conduit Pierre Perrin à mettre sur un piédestal la finis litteræ qu’il préconise. Dans plusieurs poèmes, il dévoile son art poétique.

Qu’on ne se méprenne pas sur ce point, Pierre Perrin est indéniablement notre contemporain. Pour nostalgiques que soient certains de ses plus beaux poèmes, il en est de nombreux qui s’apparentent à des armes de guerre. Il ne part pas en croisade, mais, depuis la ferme qu’il habite, il conduit une certaine campagne quasi militaire, et ce ne sont pas à des moulins à vent qu’il s’en prend. En gros, il milite en faveur d’un idéal qui a nom d’humanisme. « Quel progrès insuffler à notre espèce humaine ? » Il se pose la question après avoir constaté à plusieurs reprises jusqu’à quel degré de turpitude notre espèce est tombée, elle qui pour se nourrir « tue, dépèce, équarrit, débite quatre-vingts milliards de veaux, vaches, cochons, couvées et autres animaux domestiques, par an. » Sans compter les guerres qui sans arrêt sévissent à la surface du globe : « Si le cœur ni le Christ n’ont pas pu établir / Un paradis, ni foi, ni raison, ni confiance, / Je déplore, à nos pieds, la mort de l’humanisme. »

Où en sommes-nous aujourd’hui avec le monde ? « Le Kosovo, l’Irak par deux fois, la Lybie, (sic) / Israël, la Syrie … Comment tenir le Mal ? » Le poète ne ferme pas les yeux. Il réfléchit. Il exprime clairement ses positions sociales et politiques. Par exemple, on ne tergiverse pas sur le sens à attribuer à l’un des premiers poèmes du recueil, celui intitulé « Dictature ». Il y est question de la Russie d’aujourd’hui et de feu Navalny, son opposant le plus célèbre. Un deuxième poème à la fin fait écho à ce sonnet. Tandis que le tyran « poursuit sa tuerie sur le front de l’Ukraine », nous assistons à l’enterrement du célèbre opposant. Ce poème est touchant, qui fait part du chagrin de la mère, du soutien qu’apportent lors des funérailles des milliers de supporters venus sur place saluer le défunt. C’est un sonnet contenant de très beaux vers, dont particulièrement les deux suivants : « Ô mère en ta douleur, plus droite que les cierges, // Ton martyr entre en terre où le peuple se terre. » On le sait, Racine a lui aussi produit d’excellents alexandrins.

La mort rôde partout dans ces sonnets. Surtout, elle fauche d’abord un père, une mère, puis de vieux amis. Le poète leur rend hommage (dans le cas de la mère, un bémol s’impose ici comme on le verra plus tard) ; le poète leur offre un tombeau. En écho à Ronsard (« Je m’en vais le premier vous préparer la place »), il offre à Jean-François Mathé un très bel incipit : « Toi, parti le premier pour préparer la place, / Ta mort m’a assommé. » Frédéric Tison, Jean Pérol ont droit à pareil honneur, ainsi que René Char : « Il est plus grand que sa dépouille sous la terre. » Le poème qui lui est consacré, « Gisant debout » est dédié à Marie-Claude Char. Son dernier vers est extrait des Feuillets d’Hypnos. Une note à la fin du recueil demande à ce qu’on ne compte pas le e de l’un de ses mots. Voici la citation, suivie de la recommandation : « L’éternité n’est guère moins longue que la vie. » « Ne pas prononcer le e muet de guère. » Je mentionne cette note afin de marquer le souci manifesté par Pierre Perrin de se conformer en tout et pour tout à la règle du jeu. Un alexandrin compte douze syllabes, pas une de plus, pas une de moins. Plus important, me semble-t-il, est le fait que le poète nomme ceux qu’il aime, alors que dans le cas contraire il s’abstient de le faire. Ceux et celles qu’il fustige n’ont pas droit à la dénomination. Mieux vaut, semble-t-il, laisser l’ombre de l’anonymat recouvrir ces personnages dont la notoriété, aux yeux du poète, outrepasse le peu de mérite de leurs œuvres.

Notre pamphlétaire se manifeste pleinement dans la section intitulée « Poésie et basse-cour ». Il y excelle dans le portrait-charge. Un certain petit milieu littéraire, tout comme la cour des courtisans d’antan, regorge de bassesses. Cette basse-cour est loin de trouver grâce à ses yeux.

Où trouver du plaisir ? Vos sonnets sont féroces.
Je ne suis pas cruel. Je rends mes proies plus vives
Qu’elles ne paraissent. Que leur reprochez-vous ?
La fausseté, la mièvrerie, les pâmoisons.

Voilà un dialogue fort savoureux. Il appartient à une petite scène qu’on dirait croquée sur le vif. On croirait le tout extrait des Précieuses ridicules. Le poète critique ici l’artifice et la superficialité. On rencontrera dans le recueil bon nombre de poèmes relevant pareillement de la parodie, de la peinture et de la critique des mœurs, surtout littéraires. À dire vrai, ce dialogue fait songer à La Bruyère. Je vois en Pierre Perrin un esprit classique. Il doit sans doute souscrire à cette pensée qui se trouve dans Les caractères : « Quand une lecture vous élève l’esprit, et qu’elle vous inspire des sentiments nobles et courageux, ne cherchez pas une autre règle pour juger de l’ouvrage ; il est bon et fait main d’ouvrier. » Il y a de l’artisan chez notre poète dans la mesure où son verbe justement est mesuré et toujours, quant au sens, à proportion des hommes à qui il s’adresse.

Le poète, ou cru tel, serait-il vaniteux ?
L’humour reste une terre inconnue à ses yeux.
Qu’une idée le traverse, elle et lui se chiffonnent.
« Il neige » est interdit. La simplicité tue.

Dans ce quatrain, et surtout avec « Il neige », je retrouve La Bruyère. Lisons le moraliste. 

Que dites-vous ? Comment ? Je n’y suis pas ; vous plairait-il de recommencer ? J’y suis encore moins. Je devine enfin : vous voulez, Acis, me dire qu’il fait froid ; que ne disiez-vous : « Il fait froid » ? Vous voulez m’apprendre qu’il pleut ou qu’il neige ; dites : « Il pleut, il neige. » Vous me trouvez bon visage, et vous désirez de m’en féliciter ; dites : « Je vous trouve bon visage. » – Mais, répondez-vous, cela est bien uni et bien clair ; et d’ailleurs qui ne pourrait pas en dire autant ? – Qu’importe, Acis ? Est-ce un si grand mal d’être entendu quand on parle, et de parler comme tout le monde ? Une chose vous manque, Acis, à vous et à vos semblables les diseurs de phœbus ; vous ne vous en défiez point, et je vais vous jeter dans l’étonnement : une chose vous manque, c’est l’esprit. Ce n’est pas tout : il y a en vous une chose de trop, qui est l’opinion d’en avoir plus que les autres ; voilà la source de votre pompeux galimatias, de vos phrases embrouillées, et de vos grands mots qui ne signifient rien. Vous abordez cet homme, ou vous entrez dans cette chambre ; je vous tire par votre habit, et vous dis à l’oreille : « Ne songez point à avoir de l’esprit, n’en ayez point, c’est votre rôle ; ayez, si vous pouvez, un langage simple, et tel que l’ont ceux en qui vous ne trouvez aucun esprit : peut-être alors croira-t-on que vous en avez. »

Gide commentait ainsi sa lecture des Caractères : « Je relis Les Caractères de La Bruyère. Si claire est l’eau de ces bassins, qu’il faut se pencher longtemps au-dessus pour en comprendre la profondeur. » Je n’exagère pas en utilisant les mêmes mots pour commenter ma lecture de Finis littéræ.  

Les aspects polémiques, les têtes de Turc auxquelles s’en prend le caricaturiste ne doivent pas faire oublier certains aspects tout aussi importants de ces 112 sonnets. J’ai évoqué l’enfance et la mort. Dans l’un des plus poignants poèmes du recueil, enfance et mort justement se retrouveront. Mais il est d’autres thèmes qu’il convient de mentionner. La seconde partie du recueil s’intitule « Le dit de l’amour ». Elle recèle des poèmes qui sont des odes à l’amour, qui célèbrent la rencontre amoureuse, les plaisirs de la chair, la communion des âmes. On voit par moments poindre des élans dignes du fou d’Elsa. « Tu es venue, tu m’as levé d’entre les boues. » La poésie de Pierre Perrin est érotisante à souhait. Les lèvres mêlent des haleines de miel, les fruits embaument les étreintes, ils gémissent : « Toutes les fleurs et tous les fruits nous appartiennent. / De l’un à l’autre, des mésanges plein la tête, / Nous élevons nos vies sous une paix d’étoiles. » Et « Qui s’abreuve à sa bouche ouvre une mangue fraîche. » Et encore : « Elle se livrait nue comme on roule dans l’herbe. / Elle ouvrait le mystère, agrandissait le temps. » Je n’en finirais pas de citer, tout particulièrement ceci qui me paraît sublime : « Où la ferme douceur de la pêche au soleil, / Qu’on retient de tomber au lieu de la cueillir ? »

Il y a dans l’univers poétique de Pierre Perrin un je ne sais quoi qui le rend des plus sympathiques. Un homme est ici présent, qui s’adresse à nous, qui se montre tel qu’il est, sans précautions, sans ambages, je dirais même avec courage. Oui, courage, puisqu’il ose dénoncer et prendre position, ne serait-ce qu’en soulevant des voiles et en nommant un chat un chat. Il parle avec franchise, avec droiture. Son goût pour la simplicité le rapproche, ainsi que son amour des chats, d’un certain Léautaud.

Vient toujours forcément un peu l’heure des bilans lorsqu’on a produit une vingtaine d’ouvrages répartis sur un bon demi-siècle. On est alors plus ou moins en retrait, mais vraiment pas tout à fait dans le cas de notre poète. On peut, puisqu’il a parlé d’une ferme dès le poème liminaire du recueil, se le représenter à la campagne, lisant, écrivant, s’occupant de son jardin et de ses chats, coulant des jours heureux avec sa compagne. Mais sous ces dehors apaisants, la folle du logis ne reste pas longtemps sage et tranquille ; elle sursaute, s’empresse de piquer à nouveau la curiosité du poète. Le monde est là. Il faut continuer à le regarder droit dans les yeux. Ce monde présent n’oblitère pourtant pas le monde ancien, à preuve, le sonnet ressuscité de ses cendres ; à preuve, cet enfant toujours vivant qui a enterré son père, sa mère et son chien. Le passé ne meurt jamais. Il inspire au poète de très belles pages sur ce qu’il appelle l’âme. On peut également en lire de fort douloureuses. À la fin de l’ouvrage, Pierre Perrin revient sur une scène déjà évoquée dans Des jours de pleine terre, et, j’en mettrais ma main au feu, dans ce que je devine être un livre extrêmement puissant, Une mère, le Cri retenu. Ce n’est pas détail innocent. L’enfant avait « élu un chien ». Tous deux formaient « un duo, à la vie, à la mort. »

J’ai dix ans, quand ma mère arrache le trésor,
Le fait tuer devant moi. Tout ce sang innocent
Fume encore et mon cœur n’a pas coagulé.

De l’un des tout premiers poèmes du recueil je retiens les vers suivants : « Louis-René des Forêts prie la voix de l’enfant, / Un don du ciel, de ne jamais se taire en nous. » Quoi qu’il en puisse dire ou penser, la voix de l’enfant chez Pierre Perrin ne s’est jamais tue. C’est elle qui, métamorphosée par les âges, lui a inspiré les 112 très beaux poèmes de Finis litteræ.

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Auteur : Daniel Guénette

Né le 21 mai 1952, Daniel Guénette est originaire de Montréal. Il a vécu la majeure partie de son existence dans l’arrondissement de Saint-Laurent. Après des études en lettres à l’Université de Montréal, où il obtient un diplôme de maîtrise en création littéraire, il enseigne la littérature au cégep de Granby. En 2011, il prend sa retraite après 34 années d’enseignement. À l’aube de la soixantaine, il renoue avec l’écriture qu’il avait cessé de pratiquer durant près de vingt ans. Il publie chez Triptyque deux recueils de poésie, Traité de l’Incertain en 2013 et Carmen quadratum en 2016, ainsi qu’un récit, L’École des Chiens, en 2015. Dans son œuvre antérieure alternaient ouvrages de poésie (3 titres au Noroît, 2 chez Triptyque) et productions romanesques (3 titres chez Triptyque). Ces ouvrages furent publiés entre 1985 et 1996. L’ensemble fut bien reçu par la critique. À l’occasion du vingtième anniversaire des éditions Triptyque, feu Réginald Martel écrivait : « Et on soupçonne que bien des éditeurs seraient ravis d’inscrire à leur catalogue, parmi quelques auteurs de Triptyque, le nom d’un Daniel Guénette, par exemple. » J. Desraspes a enchanté Jean-Roch Boivin : « Ce roman est un délicieux apéritif, robuste et délicat, son auteur un écrivain de talent et de grands moyens. » Réginald Martel parle d’un roman « qu’on dévore sans reprendre son souffle » ; il salue également la parution des romans qui suivent, se montrant surtout favorable à L’écharpe d’Iris. Pierre Salducci écrit dans Le Devoir un article élogieux sur ce roman : « L’écharpe d’Iris est une réussite, une petite musique qui nous parle de la nature humaine et qu’on n’arrive pas à oublier. Un roman magnifique, un vrai. Pas un phénomène de mode. Pas un produit branché et périssable. Mais de la littérature. Tout simplement. » L’École des Chiens, qui en 2015 marque le retour de l’auteur au récit, a été commentée par divers blogueurs, dont le poète Jacques Gauthier : « Ce beau récit du poète Daniel Guénette évoque, avec pudeur et humilité, les onze années vécues auprès de Max qu’il a dû faire euthanasier à cause d’un cancer. Ils sont rares de tels livres qui traitent si tendrement de la relation entre un homme et son animal de compagnie. Ça parle de vie et de mort, d’attachement et d’amitié, d’enfance et de solitude. » Pour sa part, Topinambulle écrit : « Dans ce très beau récit, un homme apprivoise doucement le deuil de son chien. À la manière de Rousseau, Daniel Guénette nous invite à le suivre dans ses promenades, dans les méandres de ses souvenirs, où l'évocation de l'ami fidèle nous servira de guide. ». Dominic Tardif, dans Le Devoir, 4 juillet 2015 a rendu compte chaleureusement de L’école des chiens. Il a souligné qu’avec ce récit, l’auteur avait produit « de la vraie littérature » : « Plus qu’un livre sur un maître et son animal, L’école des chiens célèbre le pouvoir de l’écriture qui, chez Daniel Guénette, n’aspire pas à remplacer l’en allé, mais bien à en continuer la vie. » Recommandé avec enthousiasme à ses téléspectateurs, L’école des chiens a fait l’objet d’un échange de cadeaux à l’émission LIRE présentée sur ARTV. À partir de 1975, l’auteur a collaboré à diverses revues de littérature à titre de poète et de critique. On a pu lire ses recensions dans la revue Mœbius. Pour l’une d’elles, l’auteur a été finaliste au Prix d’excellence de la SODEP 2016, dans la catégorie Texte d’opinion critique sur une œuvre littéraire ou artistique. Plus récemment, l’auteur a publié deux nouveaux titres en poésie, Varia au Noroît en 2018 et, à l’hiver 2023, La châtaigneraie aux Éditions de la Grenouillère. Pour ce recueil, le poète a été finaliste au Prix d’excellence du webmagazine La Métropole. Dans la recension que réserve à cet ouvrage la revue LQ, le critique Antoine Boisclair écrit: « Ce recueil émouvant, très maîtrisé du point de vue formel, témoigne d’un savoir-faire indéniable. » Le critique et poète français Pierre Perrin écrit dans sa revue trimestrielle de littérature, la revue française « Possibles », ne pas confondre avec la revue québécoise du même nom : « Daniel Guénette a le vers sûr, souvent proche de l’alexandrin, parfois très bref. Il sait restituer une vie, avec sa foudre, ses éclairs, et les moments de calme, voire de communion. La Châtaigneraie constitue un beau recueil presque filial. » Pour sa part, dans Le Ou'tam’si magazine, Nathasha Pemba déclare que « La châtaigneraie est un recueil de poésie qui a l’allure d’un hommage, d’un renouvellement du contrat amical. C’est une poésie ontologique qui va au fond des choses pour faire émerger l’être. Daniel Guénette une fois plus confirme qu’il est poète, le poète de l’amitié, le poète de l’altérité, le poète de l’éternité. » Outre ces recueils de poésie, l’auteur fait paraître quelques nouveaux romans. De Miron, Breton et le mythomane, paru en 2017 à La Grenouillère, Dominic Tardif écrit dans Le Devoir : « Chronique des glorioles imaginaires d’un grand taquin aimant (se) conter des histoires et fabuler une légendaire vie d’aventures, Miron, Breton et le mythomane est le carton d’invitation d’une fête organisée en l’honneur du mensonge auquel s’abreuve n’importe quelle forme de littérature digne de ce nom. » Pour sa part, Dédé blanc-bec reçoit dans Nuit Blanche un commentaire signé Gaétan Bélanger : « Le ton poétique empreint d’humour et de nostalgie adopté par l’auteur rend extrêmement agréable la lecture de ce roman émouvant. Il faut préciser que, tout d’abord, il est un peu déroutant de suivre les bonds fréquents de la narration dans le temps. Plus que de simples digressions, elles donnent parfois l’impression que l’auteur saute du coq à l’âne pour revenir aux mêmes événements, observés sous un angle différent. Mais on s’habitue vite à cette manière ou à ce style et on l’apprécie pour son originalité. Voilà donc un roman au texte minutieusement poli et se démarquant par sa qualité et son audace. » Vierge folle est le dernier roman de l’auteur. La recension parue dans Culture Hebdo se termine avec ces mots : « Nous vous laissons le soin de découvrir la conclusion. Excellent, est un euphémisme. On a adoré. » Ce roman, sans doute le meilleur de l’auteur, s’il a suscité l’enthousiasme de ses lecteurs n’a guère fait l’objet de recensions sérieuses. Pour des recensions sérieuses, il aura fallu attendre l’hiver 2023. Au billet d’Antoine Boisclair portant sur La châtaigneraie, se sera ajoutée dans Le Devoir une chronique de Louis Cornellier consacrée non pas à un roman ou un recueil, mais à un essai. Le journaliste y salue d’abord le travail entrepris par l’écrivain sur son blogue : « Fin lecteur de poésie, l’écrivain s’y impose comme un critique raffiné, érudit et amical dont le style, limpide et élégant, s’apparente à celui de la conversation relevée. Ces qualités en font une rareté dans le paysage littéraire québécois. » Puis, il rend compte de l’essai : « Dans Le complexe d’Orphée (Nota bene, 2023, 186 pages), l’écrivain se fait plus essayiste que critique en proposant « une manière de promenade » dans laquelle il tente « de saisir la nature de la poésie ». Fidèle à son approche modeste et exploratoire, il déambule en compagnie des poètes et penseurs qu’il aime afin de délimiter son objet, tout en cultivant le souci de ne pas l’enfermer. » Il conclut sa chronique en ces termes : « Partisan des « poèmes limpides » qui disent de « simples vérités », Guénette trouve dans la poésie un antidote « à l’endormissement de [ses] facultés » ou, comme l’écrit Valéry, un discours « chargé de plus de sens, et mêlé de plus de musique, que le langage ordinaire n’en porte et n’en peut porter ». Fénelon aurait aimé ce livre admirable. » La conclusion de l’article d’Antoine Boisclair portant sur La châtaigneraie était elle aussi plutôt réjouissante : « Romancier accompli (son dernier récit, Vierge folle, est paru en 2021 aux éditions de La Grenouillère), critique littéraire important (son blogue, intitulé Dédé blanc-bec, offre des comptes rendus très étoffés sur des publications québécoises), Daniel Guénette est aussi un poète qui mérite toute notre attention. »

5 réflexions sur « Pierre Perrin : Finis litteræ : Poésie : Éditions Possibles : France : 2024 : 140 pages »

  1. Cher Daniel, merci pour ton article fouillé et magnifique. Merci pour l’amitié qui transpire à chaque ligne, amitié de poète à poète et qui s‘avère si rare que je tiens à te saluer. Bonne poursuite d’été. Mille bonheurs au grand lecteur, au grand critique Dédé Blanc-bec. Cordialement,

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  2. »…il y a quelque chose de positivement vieux dans la poésie de Pierre Perrin, de suffisamment vieux pour que l’enfance y puisse remonter à la surface. Ce n’est pas rien. Les aubes d’autrefois reluisent désormais dans le lointain ; le chant les ressuscite, la nostalgie les mêle au crépuscule.»

    Je comprends l’auteur de s’être donné le plaisir de commenter ta «petite étude», Daniel.

    L’âge positivement avancé que j’ai me fait apprécier terriblement autant «les plaisirs démodés» de Perrin que l’empathie littéraire proverbiale de mon appréciateur favori.

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