Normand Baillargeon et Christian Vézina : Ministères inédits — Penser ensemble des enjeux négligés : Essai sous forme de correspondance : Les Éditions XYZ : Collection Réparation : 2023 : 192 pages

Dans le numéro 172 du magazine littéraire Nuit blanche, Michel Pleau rendait récemment hommage au poète Luc Perrier. Il y donne à lire des extraits de la correspondance que l’aîné lui adressait. Je trouve amusant que Luc Perrier ait écrit ce qui suit : « Imagine un gouvernement de poètes, avec ses ministres du rêve, de l’inspiration, de la création, de la transcendance, de la métamorphose, de la métaphore, de l’oiseau, de l’insecte, de l’arbre, de la fleur, de la rue, de la montagne, du talus, de l’eau d’érable, de l’eau potable, de l’eau de source, de la pluie, du nuage, de la neige, du soleil, de l’éclair, du paradis à la fin de nos jours, de la tourtière, de la baleine, de l’écriture, de la lecture ! Nous pourrions alors poétiser le monde, donner la parole aux arbres, écrire des poèmes sur les robes, les pantalons, les pancartes. Le monde serait un poème. Passons ! De toute manière ce n’est pas demain la veille, la veille du poème, les veilles au poème. Avec un gouvernement de poètes, ce serait la fin des guerres, la fin des coupes à blanc, à rouge, à noir, le commencement du monde. L’épicier du coin vendrait des poèmes. À l’église, la messe serait un long poème. Les éclusiers lèveraient leur verre au nom de la poésie. Moi, ministre du poème, je te nommerais poète des écluses. »

Du temps a passé depuis que Perrier nous a quittés. Le monde a changé. Mais on peut toujours rêver. C’est ce que se permettent de faire ici nos deux épistoliers des temps modernes. Ils ne se proposent pas de mettre les poètes aux commandes de l’État, mais ils nourrissent un ambitieux programme consistant à repenser le monde, à le reconstruire à partir justement de quelques ministères inédits.

L’éditeur présente ainsi la collection où paraît l’ouvrage conjoint du poète Christian Vézina et de son acolyte, le philosophe Normand Baillargeon : « Une collection d’essais qui se présente comme un atelier pour prendre en réparation le monde, un fragment à la fois. Un laboratoire pour réfléchir à de nouvelles solutions afin d’envisager la vie autrement. Une exploration des possibles pour colmater les fissures de nos manques d’humanité, réparer notre quotidien. »

Eh bien ! Voilà justement et précisément ce qu’on trouve dans cette correspondance. Il s’agit ici d’une « conversation démocratique », telle que la souhaitait un John Dewey. Un philosophe, qui parfois se trouve « sans doute trop théorique » échange des idées avec un poète pour qui « un concept est une idée sans ailes. » De leur laboratoire commun émergent non seulement de brillantes idées, mais également des solutions. Ils sont moins rêveurs qu’il n’y paraît. En effet, Baillargeon a beau user du mot « utopie » pour décrire les propositions qui lui tiennent à cœur et son ami a beau parler de « vœux pieux », vite il se rétracte, car leurs « élucubrations » sont en réalité fort rigoureuses : « Je n’aurais pas dû utiliser cette expression tristement connotée, qui donne l’impression que des changements nécessaires ne sont que des rêveries d’idéaliste. » Poétiser le monde, comme le souhaitait non sans humour un Luc Perrier, cela, dans une certaine mesure, est chose sérieuse. Hölderlin ne parlait-il pas en de ces termes ? « Riche en mérites, mais poétiquement toujours, / Sur terre habite l’homme. » 

Pour nos épistoliers, il ne s’agit pas de pelleter des nuages. Bien sûr, lorsque le poète entame la discussion en faisant valoir l’intérêt que représenterait un ministère de la case libre, on se dit que la fantaisie sera au rendez-vous. Il y aura quelques divagations de sa part. Après tout, n’est-il pas un poète ? Il concevra des ministères de poète. Or tout poète qu’il soit, ce rêveur imagine du solide. Il ne se contente pas de jouer avec les mots, il se montre très attentif à leurs significations. Par exemple, il rappelle l’étymologie du mot « ministère ». Ce mot latin signifie serviteur. Et donc, par conséquent, un ministre n’est pas un maître (du latin magister), mais bel et bien un serviteur. Le mot ministère « nomme simplement un service. » Notons que pour farfelue que paraisse l’idée d’un ministère de la case vide, elle résiste à nos objections, du moins si l’on s’arrête à ce que met en œuvre le poète afin d’en montrer l’utilité, l’utilité faisant partie du projet commun de nos deux penseurs : ils veulent « faire œuvre utile. » Bref, on lit Vézina, et même si l’on ne retient pas l’idée de son drôle de ministère, on comprend le bien-fondé de ce qu’il soulève dans son argumentaire. L’idée est loufoque, mais la réflexion qui la sous-tend est drôlement sérieuse.

Auguste a parlé. Le clown blanc lui répond. Après le poète vient le tour du philosophe. Chaque chapitre du livre est construit sur ce modèle. A propose un ministère, B lui répond. Après lecture de la missive de B, A lui écrit à nouveau. Il conclut, rectifie son tir. En fin de chapitre, une section est réservée aux lecteurs. À eux « de prendre le relais de cet exercice de pensée critique. »

On a compris, Vézina a présenté son ministère de la case vide. Baillargeon réagit à cette idée. Mais tout d’abord, il mentionne l’importance qu’a eue et a toujours la poésie dans sa vie, dans sa formation intellectuelle. Il salue chez son interlocuteur le dessin qu’il fait d’« un espace de liberté et d’ouverture aux préoccupations citoyennes et non partisanes. »  Puis, Baillargeon se fait professeur. Comme l’a indiqué d’emblée son ami, il a fait « de hautes études et carrière dans l’enseignement universitaire. » Bref, il fera montre de sérieux. Il nous apprendra des choses. Il possède de solides connaissances.

Il fait observer au poète que l’un « des rôles du Conseil des ministres est de tenter de déceler des cases vides et de les remplir. » Enfin, je n’entre pas dans les détails, mais il critique la proposition de son ami. On se dit que l’autre ne saura quoi lui rétorquer. Eh bien ! On se trompe. Ce Vézina a beau être un autodidacte (c’est lui qui le dit), il sait répondre aux très judicieuses observations du philosophe. Et avec lui, on en apprend également beaucoup sur notre monde et le mode de fonctionnement de nos gouvernements. Il nous rappelle des réalités que l’on a tendance à ignorer, par exemple, à savoir qu’existe » un ministère de la cybersécurité et du numérique, un autre de l’innovation, des sciences et du développement économique, sans parler de ceux de l’enseignement supérieur, des télécommunications, des affaires internationales de l’industrie, du revenu » etc. Il mentionne tout cela et plus encore en développant une pensée, afin de répondre aux objections de son ami.

Je coupe court. On verra dans cette correspondance défiler sous nos yeux quelques propositions de ministères. Elles seront de plus en plus pertinentes, surtout sans doute en raison des réalités qu’elles présenteront et des situations déplorables auxquelles elles cherchent à remédier. Le monde dans lequel nous vivons s’en va à vau-l’eau. Être pessimiste ou alarmiste en restant dans notre salon ou en fixant les images de guerre qui défilent sur nos téléphones portables, cela ne peut que contribuer aux désastres actuels et futurs. Tout passe sous la lorgnette critique de nos deux amis. Normand propose un ministère de l’éthique numérique. Christian songe à un ministère de la souveraineté qui va au-delà de ce à quoi songeaient les indépendantistes québécois de la première heure. On pense à des ministères qui s’intéresseraient à mettre en avant les idées et des projets de décroissance. Ce ne sont pas des vœux pieux. On tient à réaliser ces projets. L’un consacré à l’autogestion, l’autre à la justice sociale et même, puisque Auguste n’a pas dit son dernier mot, on pourrait créer un ministère du silence. Bonjour, Luc Perrier ! Notre poète propose un ministère du silence. Autre idée farfelue ? Lisez plutôt ce chapitre et vous verrez. Le poète a beau être franchement inspiré, ses propos n’ont rien d’échevelé. « On peut rêver », écrit-il. Et le philosophe de s’écrier une fois sa lettre lue : « Quel beau texte tu m’as une fois encore envoyé. J’y reconnais le poète, bien sûr, mais aussi le poète qui philosophe. »

Si le philosophe ne s’adonne pas franchement à la poésie à l’occasion de cette correspondance, il sait en revanche lui accorder beaucoup de place. Il aura référé bien entendu à Aristote, Platon, Kant et de nombreux autres philosophes, dont son cher Bertrand Russel, mais il aura aussi consulté Breton, Prévert et Tagore, pour m’en tenir à ce groupe restreint. Lorsque Normand propose à la toute fin de l’ouvrage son ministère de la justice sociale, il commence en relatant une anecdote. Lui aussi sait se montrer distrayant. N’y a-t-il pas ici un idéal classique ? Celui d’instruire, tout en distrayant. Alors, oui, Baillargeon sait agrémenter son discours, mais jamais gratuitement. Son anecdote sur Tagore est au service de sa démonstration, de sa présentation. Elle lui permettra de rendre compte du concept de capabilité. Il y sera question de justice distributive (Aristote), d’équité, d’éducation, de ce que l’on appelle une « vie bonne ». « Les capabilités consistent à maximiser la liberté de chaque citoyen. Il faut que nous ayons la possibilité d’agir librement, c’est-à-dire que nous n’ayons pas d’entrave dans les limites, bien entendu, de la légalité et du civisme élémentaire. Il faut aussi que nous ayons la possibilité de faire des choix et que ces choix ne soient pas limités parce que nous ignorons les choix possibles. Finalement, il faut que nous ayons la capacité de réaliser ces choix. »

Il faut lire la conclusion vibrante que rédige Christian Vézina. Il y parle des lacunes de leur correspondance. Il déplore qu’il « en manque des bouts, notamment du côté des propositions. » Cependant, il formule des espoirs qui ne peuvent en rien nous laisser indifférents. Il espère que la conversation à laquelle se sont livrés les deux amis sera poursuivie, que leurs lettres en quelque sorte demeureront vivantes et que la discussion sera poursuivie.

Le « professeur érudit » et « [l]’élève très buissonnier », je cite ici Christian Vézina, ont accompli ce que Normand Baillargeon identifie à « un exercice d’un genre littéraire, un peu à la manière de ces utopies qui jalonnent l’histoire de la pensée depuis Platon. Rêvons, écrit-il dans sa conclusion, à ce que nous pourrions faire pour rendre le monde meilleur […] Décroissance, autogestion et justice sociale — celle-ci pensée en matière de capabilités — sont des idéaux que je prône depuis longtemps, pour ne pas dire toujours […] La solution, pour Dewey, se trouvait dans l’éducation, qui devait préparer à la vie citoyenne. Cette solution est selon moi toujours aussi pertinente. »  

Enfin ! Dans ce compte-rendu de lecture par trop lacunaire, il manque des bouts, comme dit le poète. J’aurais souhaité, entre autres, rendre compte des passages où il est question de Chomsky, des pages consacrées à Mondragon, « la plus grosse coopérative industrielle au monde », de celles où Baillargeon aborde l’indice de développement humain (l’IDH), plus efficace pour mesurer « une vie riche et pleine » (riche ici non pas dans le sens pécuniaire du terme) que l’indicateur qu’est le PIB par habitant. Recommander la lecture de cet ouvrage, à mon sens, ce n’est pas en faire la promotion, c’est inciter à prendre connaissance des enjeux et des défis qui se présentent aujourd’hui en face de qui souhaite participer à la construction d’un monde meilleur.

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Auteur : Daniel Guénette

Né le 21 mai 1952, Daniel Guénette est originaire de Montréal. Il a vécu la majeure partie de son existence dans l’arrondissement de Saint-Laurent. Après des études en lettres à l’Université de Montréal, où il obtient un diplôme de maîtrise en création littéraire, il enseigne la littérature au cégep de Granby. En 2011, il prend sa retraite après 34 années d’enseignement. À l’aube de la soixantaine, il renoue avec l’écriture qu’il avait cessé de pratiquer durant près de vingt ans. Il publie chez Triptyque deux recueils de poésie, Traité de l’Incertain en 2013 et Carmen quadratum en 2016, ainsi qu’un récit, L’École des Chiens, en 2015. Dans son œuvre antérieure alternaient ouvrages de poésie (3 titres au Noroît, 2 chez Triptyque) et productions romanesques (3 titres chez Triptyque). Ces ouvrages furent publiés entre 1985 et 1996. L’ensemble fut bien reçu par la critique. À l’occasion du vingtième anniversaire des éditions Triptyque, feu Réginald Martel écrivait : « Et on soupçonne que bien des éditeurs seraient ravis d’inscrire à leur catalogue, parmi quelques auteurs de Triptyque, le nom d’un Daniel Guénette, par exemple. » J. Desraspes a enchanté Jean-Roch Boivin : « Ce roman est un délicieux apéritif, robuste et délicat, son auteur un écrivain de talent et de grands moyens. » Réginald Martel parle d’un roman « qu’on dévore sans reprendre son souffle » ; il salue également la parution des romans qui suivent, se montrant surtout favorable à L’écharpe d’Iris. Pierre Salducci écrit dans Le Devoir un article élogieux sur ce roman : « L’écharpe d’Iris est une réussite, une petite musique qui nous parle de la nature humaine et qu’on n’arrive pas à oublier. Un roman magnifique, un vrai. Pas un phénomène de mode. Pas un produit branché et périssable. Mais de la littérature. Tout simplement. » L’École des Chiens, qui en 2015 marque le retour de l’auteur au récit, a été commentée par divers blogueurs, dont le poète Jacques Gauthier : « Ce beau récit du poète Daniel Guénette évoque, avec pudeur et humilité, les onze années vécues auprès de Max qu’il a dû faire euthanasier à cause d’un cancer. Ils sont rares de tels livres qui traitent si tendrement de la relation entre un homme et son animal de compagnie. Ça parle de vie et de mort, d’attachement et d’amitié, d’enfance et de solitude. » Pour sa part, Topinambulle écrit : « Dans ce très beau récit, un homme apprivoise doucement le deuil de son chien. À la manière de Rousseau, Daniel Guénette nous invite à le suivre dans ses promenades, dans les méandres de ses souvenirs, où l'évocation de l'ami fidèle nous servira de guide. ». Dominic Tardif, dans Le Devoir, 4 juillet 2015 a rendu compte chaleureusement de L’école des chiens. Il a souligné qu’avec ce récit, l’auteur avait produit « de la vraie littérature » : « Plus qu’un livre sur un maître et son animal, L’école des chiens célèbre le pouvoir de l’écriture qui, chez Daniel Guénette, n’aspire pas à remplacer l’en allé, mais bien à en continuer la vie. » Recommandé avec enthousiasme à ses téléspectateurs, L’école des chiens a fait l’objet d’un échange de cadeaux à l’émission LIRE présentée sur ARTV. À partir de 1975, l’auteur a collaboré à diverses revues de littérature à titre de poète et de critique. On a pu lire ses recensions dans la revue Mœbius. Pour l’une d’elles, l’auteur a été finaliste au Prix d’excellence de la SODEP 2016, dans la catégorie Texte d’opinion critique sur une œuvre littéraire ou artistique. Plus récemment, l’auteur a publié deux nouveaux titres en poésie, Varia au Noroît en 2018 et, à l’hiver 2023, La châtaigneraie aux Éditions de la Grenouillère. Pour ce recueil, le poète a été finaliste au Prix d’excellence du webmagazine La Métropole. Dans la recension que réserve à cet ouvrage la revue LQ, le critique Antoine Boisclair écrit: « Ce recueil émouvant, très maîtrisé du point de vue formel, témoigne d’un savoir-faire indéniable. » Le critique et poète français Pierre Perrin écrit dans sa revue trimestrielle de littérature, la revue française « Possibles », ne pas confondre avec la revue québécoise du même nom : « Daniel Guénette a le vers sûr, souvent proche de l’alexandrin, parfois très bref. Il sait restituer une vie, avec sa foudre, ses éclairs, et les moments de calme, voire de communion. La Châtaigneraie constitue un beau recueil presque filial. » Pour sa part, dans Le Ou'tam’si magazine, Nathasha Pemba déclare que « La châtaigneraie est un recueil de poésie qui a l’allure d’un hommage, d’un renouvellement du contrat amical. C’est une poésie ontologique qui va au fond des choses pour faire émerger l’être. Daniel Guénette une fois plus confirme qu’il est poète, le poète de l’amitié, le poète de l’altérité, le poète de l’éternité. » Outre ces recueils de poésie, l’auteur fait paraître quelques nouveaux romans. De Miron, Breton et le mythomane, paru en 2017 à La Grenouillère, Dominic Tardif écrit dans Le Devoir : « Chronique des glorioles imaginaires d’un grand taquin aimant (se) conter des histoires et fabuler une légendaire vie d’aventures, Miron, Breton et le mythomane est le carton d’invitation d’une fête organisée en l’honneur du mensonge auquel s’abreuve n’importe quelle forme de littérature digne de ce nom. » Pour sa part, Dédé blanc-bec reçoit dans Nuit Blanche un commentaire signé Gaétan Bélanger : « Le ton poétique empreint d’humour et de nostalgie adopté par l’auteur rend extrêmement agréable la lecture de ce roman émouvant. Il faut préciser que, tout d’abord, il est un peu déroutant de suivre les bonds fréquents de la narration dans le temps. Plus que de simples digressions, elles donnent parfois l’impression que l’auteur saute du coq à l’âne pour revenir aux mêmes événements, observés sous un angle différent. Mais on s’habitue vite à cette manière ou à ce style et on l’apprécie pour son originalité. Voilà donc un roman au texte minutieusement poli et se démarquant par sa qualité et son audace. » Vierge folle est le dernier roman de l’auteur. La recension parue dans Culture Hebdo se termine avec ces mots : « Nous vous laissons le soin de découvrir la conclusion. Excellent, est un euphémisme. On a adoré. » Ce roman, sans doute le meilleur de l’auteur, s’il a suscité l’enthousiasme de ses lecteurs n’a guère fait l’objet de recensions sérieuses. Pour des recensions sérieuses, il aura fallu attendre l’hiver 2023. Au billet d’Antoine Boisclair portant sur La châtaigneraie, se sera ajoutée dans Le Devoir une chronique de Louis Cornellier consacrée non pas à un roman ou un recueil, mais à un essai. Le journaliste y salue d’abord le travail entrepris par l’écrivain sur son blogue : « Fin lecteur de poésie, l’écrivain s’y impose comme un critique raffiné, érudit et amical dont le style, limpide et élégant, s’apparente à celui de la conversation relevée. Ces qualités en font une rareté dans le paysage littéraire québécois. » Puis, il rend compte de l’essai : « Dans Le complexe d’Orphée (Nota bene, 2023, 186 pages), l’écrivain se fait plus essayiste que critique en proposant « une manière de promenade » dans laquelle il tente « de saisir la nature de la poésie ». Fidèle à son approche modeste et exploratoire, il déambule en compagnie des poètes et penseurs qu’il aime afin de délimiter son objet, tout en cultivant le souci de ne pas l’enfermer. » Il conclut sa chronique en ces termes : « Partisan des « poèmes limpides » qui disent de « simples vérités », Guénette trouve dans la poésie un antidote « à l’endormissement de [ses] facultés » ou, comme l’écrit Valéry, un discours « chargé de plus de sens, et mêlé de plus de musique, que le langage ordinaire n’en porte et n’en peut porter ». Fénelon aurait aimé ce livre admirable. » La conclusion de l’article d’Antoine Boisclair portant sur La châtaigneraie était elle aussi plutôt réjouissante : « Romancier accompli (son dernier récit, Vierge folle, est paru en 2021 aux éditions de La Grenouillère), critique littéraire important (son blogue, intitulé Dédé blanc-bec, offre des comptes rendus très étoffés sur des publications québécoises), Daniel Guénette est aussi un poète qui mérite toute notre attention. »

2 réflexions sur « Normand Baillargeon et Christian Vézina : Ministères inédits — Penser ensemble des enjeux négligés : Essai sous forme de correspondance : Les Éditions XYZ : Collection Réparation : 2023 : 192 pages »

  1. «Poétiser le monde».

    Quelle incroyable idée! J’y souscrit.

    Il y a peut-être une autre voie que celle de ces deux charmants auteurs…

    Au lieu de créer de nouveaux ministères et de se retrouver avec un ingérable Conseil des ministres et une bureaucratie à taille multipliée par deux, pourquoi ne pas «poétiser» chaque ministère déjà existant?!

    Une fois qu’on se serait mis d’accord sur ce que veut dire par «poétiser» un ministère (définition particulièrement difficile à formuler, tu nous l’as rappelé avec ton dernier ouvrage), un petit groupe de poètes intervenants serait chargé d’entrainer chaque ministère dans la bonne voie!

    Je te nomme ministre de ce groupe-choc Daniel!

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