Amy Berkowitz : Poèmes deep : Bilingue anglais / français : Poésie : Suivi de Conversation de sofa par les traductrices Daphné B. et Marie Frankland. Titre anglais : Gravitas :  88 pages pour les deux versions combinées

La traduction du titre Gravitas est excellente, voire inventive. On pourra penser qu’il est tout de même curieux que le titre original anglais soit partiellement traduit en anglais. Or ce choix paradoxal convient tout à fait à un recueil qui n’en est pas à un paradoxe près. Il fallait dès le titre situer ce recueil au cœur d’une pratique de la poésie marquée par l’oralité, par le recours à la voix populaire souvent répercutée dans les lectures publiques. Poésie engagée, tout comme l’était le Speak white de Michèle Lalonde, Gravitas est en lutte cependant contre une tout autre forme d’aliénation.

Dans le cas du titre francisé, Poèmes deep, le recours au parler québécois anglicisé n’a pas pour but de dénoncer l’enlisement de l’identité québécoise, enlisement plus ou moins consenti, dans une culture autre menaçant la nôtre. Si les traductrices ont opté pour le deep du titre, c’est sans doute parce que « profondeur » et « gravité » leur ont paru d’un registre trop soigné, trop littéraire, malgré le fait que ces termes sont employés par le premier venu dans la vie courante. Or « gravité » ou « profondeur » ne dénotent pas de manière suffisante la réalité exprimée par des artistes appartenant à la contre-culture post #metoo, laquelle contre-culture dénonce depuis peu, avec grand bruit, les abus sexuels tels que perpétrés par certains hommes, évidemment pas tous. Ces termes ne conviennent pas à la marginalité réclamée par les exclues qui à leur tour rejettent, non sans panache, ceux qui les ont rejetées, c’est-à-dire des hommes appartenant à la fine fleur de l’élite intellectuelle et littéraire composée par les grands professeurs des grandes universités. Les méfaits dénoncés dans Poèmes deep sont précisément ceux qu’a commis un professeur renommé au sein de l’institution académique que fréquentait Amy. Ce recueil nous met en présence d’une jeune femme dont les écrits poétiques sont commentés négativement par ses professeurs. Ces derniers jugent que les poèmes de la jeune femme manquent de « gravitas ». La substance y brille par son absence. Ses poèmes ne sont nullement prégnants. Pour tout dire, ils seraient superficiels.  

Manquer de gravité ou de profondeur, c’est se tenir à la surface des choses. Une poète qui se le fait reprocher serait forcément superficielle, c’est du moins ce que sous-tend le jugement des personnes en position d’autorité qui commentent les textes de la jeune Amy. Mais l’écrivain et l’écrivaine qui vont au fond des choses sont parfois difficilement suivis par les lecteurs, un texte profond ou qui a les apparences de la profondeur les laissant perplexes. Les dédales de la « gravitas » offrent de nombreux obstacles. Il y a ici un paradoxe dans la mesure où certains textes profonds condamnent à une lecture superficielle. La couche quasi imperméable de tels textes se laisse difficilement percer. On ne reprochera pas à une Denise Desaultels ou une Martine Audet de manquer de profondeur. Ces autrices assurément proposent des univers denses et complexes et les livrent dans un langage qui se distingue tout à fait du parler populaire. Mais Amy Berkowitz pratique un type de poésie qui leur est diamétralement opposé. La gravité de son propos est sans doute masquée par l’illusion de facilité que lui confère une parole quasi familière. La surface d’un discours proféré à fleur de peau est si poreuse qu’on aurait tendance à croire que le sens y est immédiatement absorbé, qu’il s’évapore à l’instar de toute chose insignifiante.

Où est la profondeur, demande-t-on à la jeune étudiante ?


J’ignorais que ma vie avait si peu d’importance
avant de la déverser dans des poèmes
que j’ai fait lire à mes profs
avant de les voir lever les yeux du texte
(le visage horriblement vide)
et me demander : Amy
où est la gravitas, la profondeur ?

Les professeurs d’Amy se font de la poésie une idée qui la confine dans les sphères les plus élevées de la culture. En langue française, une Rina Lasnier ici et en France un Saint-John Perse donnèrent tous deux une juste idée de cette conception toute noble que d’aucuns se font de la poésie. De la même manière que des esprits conservateurs conspuent le street art, certains sont prompts à balayer du revers de la main le slam, le rap et tout ce qui de près ou de loin leur peut être associé. On concédera que les poètes s’adonnant à ces formes maîtrisent un certain savoir-faire, on déplorera toutefois que les adeptes et créateurs du spoken word poetry ou de toute forme d’expression poétique analogue s’en tiennent à l’actualité, à des aspects et des enjeux de société se manifestant dans l’air du temps, comme l’écume apparaît à la surface des vagues, alors qu’il faudrait plonger en profondeur, descendre dans les abysses ou s’élever, si l’on préfère, dans les nuées, tenir des propos éthérés, poético-poétiques, tels ceux de cet étudiant (mâle bien entendu) montés en épingle par un professeur vantant les mérites de l’un de ses vers : « M’éveillant à l’aube, j’arpente le jardin de givre ». Amy se demande si l’« éloquence  bidon » de ce poème « le rendait profond ». Elle n’en a pour sa part que pour une poésie « directe », la poésie selon ses vœux devant correspondre à « un genre où je pouvais être entendue ». Elle l’écrit noir sur blanc : « quand j’ai une vérité à dire / je veux la fucking dire ». Des lecteurs frileux pourront reprocher à Amy Berkowitz d’écrire des vers plutôt triviaux. Ils passeront alors à côté de l’essentiel, tout comme ses anciens professeurs d’université qui auront sans doute été choqués par son style, son franc-parler et ses jurons, mais surtout par les thèmes qu’elle cherchait à aborder.

Ces thèmes, on l’aura compris, ne sont pas tout à fait des thèmes, du genre de ceux que l’on traite avec distanciation, afin d’en faire de la belle littérature. Moins des thèmes que des réalités subies à même les chairs de la jeune femme. Alors qu’elle était inscrite à l’université, elle tentait d’écrire crûment, sans afféteries, sans détours, à partir de ce qu’elle avait vécu et vivait encore. Elle avait subi un viol. Elle constatait qu’au sein du corps professoral sévissait dans la plus grande impunité un enseignant abuseur.

Je parlais plus haut de paradoxes. Le plus manifeste consiste, on l’aura compris, en cela que cette poésie jugée superficielle (témoigne de faits graves et troublants, qu’elle est écrite dans le plus grand malaise suite à des traumas. L’autrice évoque le spectre de la dépression qu’elle a vécue à l’époque où elle poursuivait sa maîtrise en création littéraire, elle confie avoir usé de substances afin de contrer sa souffrance, elle parle de son viol et du fait qu’autour d’elle, ses condisciples, ses amies faisaient l’objet d’un sexisme les condamnant invariablement au silence, les détournant de leur vocation d’écrivaine et de poète.

Un autre paradoxe, mais en est-ce vraiment un ? serait que la poésie d’Amy Berkowitz se rapproche de la prose. Nous savons que la poésie n’interdit en rien le mode narratif, que le récit peut être versifié. Certes, le discours de la poète apparaît sur la page en toute conformité avec le vers libre, mais, on sera tenté d’évoquer l’aspect prosaïque pour ne pas dire trivial de cette poésie. Or justement, c’est cela qui fait sa force, c’est cela qui donne son impact à la poésie de Poèmes deep. Amy Berkowitz n’y va jamais par quatre chemins. On n’a pas à deviner son propos. Alors que l’on s’entend généralement pour dire que la poésie est l’art de l’évocation, un art allusif où le sens est diffracté, répercuté comme écho dans le second degré des mots, Amy Berkowitz redonne aux mots leur sens premier, les emploie pour ce qu’ils signifient de prime abord, ayant à cœur d’éviter tout malentendu, cherchant à se faire bien comprendre.

Les traductrices rendent compte de la poétique d’Amy Berkowitz à la fin de l’ouvrage. En effet, on a jugé bon de reproduire dans une annexe un entretien où les deux femmes font un retour sur leur collaboration et parlent de leur rapport intime à l’œuvre qu’elles ont traduite. Bien que les poèmes d’Amy Berkowitz soient tout à fait clairs, l’éclairage que donnent les traductrices permet de situer dans son contexte l’entreprise de l’autrice. Elles font des liens, parlent de traduction, de la rencontre avec l’autre qu’est une œuvre littéraire. Cela est très intéressant.

Le travail éditorial de cet ouvrage est digne de mention. On a eu l’idée de produire une édition bilingue de ce recueil. Cela n’est pas rare ; ce qui l’est réside dans la présentation. Les deux versions apparaissent tête-bêche. L’un prend fin précisément là où l’autre le rejoint. Lorsqu’à la page 44, on termine la lecture de la version française, on découvre immédiatement la dernière page de la version anglaise (soit une autre page 44). En retournant le livre sens dessus dessous, on découvre un nouveau livre, en tout point similaire à celui que l’on vient de lire, exception faite de la langue qui y est employée. Ainsi ce livre n’offre-t-il aucune quatrième de couverture. Il y a ici deux livres en un. Deux très bons livres pour le prix d’un.

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Auteur : Daniel Guénette

Né le 21 mai 1952, Daniel Guénette est originaire de Montréal. Il a vécu la majeure partie de son existence dans l’arrondissement de Saint-Laurent. Après des études en lettres à l’Université de Montréal, où il obtient un diplôme de maîtrise en création littéraire, il enseigne la littérature au cégep de Granby. En 2011, il prend sa retraite après 34 années d’enseignement. À l’aube de la soixantaine, il renoue avec l’écriture qu’il avait cessé de pratiquer durant près de vingt ans. Il publie chez Triptyque deux recueils de poésie, Traité de l’Incertain en 2013 et Carmen quadratum en 2016, ainsi qu’un récit, L’École des Chiens, en 2015. Dans son œuvre antérieure alternaient ouvrages de poésie (3 titres au Noroît, 2 chez Triptyque) et productions romanesques (3 titres chez Triptyque). Ces ouvrages furent publiés entre 1985 et 1996. L’ensemble fut bien reçu par la critique. À l’occasion du vingtième anniversaire des éditions Triptyque, feu Réginald Martel écrivait : « Et on soupçonne que bien des éditeurs seraient ravis d’inscrire à leur catalogue, parmi quelques auteurs de Triptyque, le nom d’un Daniel Guénette, par exemple. » J. Desraspes a enchanté Jean-Roch Boivin : « Ce roman est un délicieux apéritif, robuste et délicat, son auteur un écrivain de talent et de grands moyens. » Réginald Martel parle d’un roman « qu’on dévore sans reprendre son souffle » ; il salue également la parution des romans qui suivent, se montrant surtout favorable à L’écharpe d’Iris. Pierre Salducci écrit dans Le Devoir un article élogieux sur ce roman : « L’écharpe d’Iris est une réussite, une petite musique qui nous parle de la nature humaine et qu’on n’arrive pas à oublier. Un roman magnifique, un vrai. Pas un phénomène de mode. Pas un produit branché et périssable. Mais de la littérature. Tout simplement. » L’École des Chiens, qui en 2015 marque le retour de l’auteur au récit, a été commentée par divers blogueurs, dont le poète Jacques Gauthier : « Ce beau récit du poète Daniel Guénette évoque, avec pudeur et humilité, les onze années vécues auprès de Max qu’il a dû faire euthanasier à cause d’un cancer. Ils sont rares de tels livres qui traitent si tendrement de la relation entre un homme et son animal de compagnie. Ça parle de vie et de mort, d’attachement et d’amitié, d’enfance et de solitude. » Pour sa part, Topinambulle écrit : « Dans ce très beau récit, un homme apprivoise doucement le deuil de son chien. À la manière de Rousseau, Daniel Guénette nous invite à le suivre dans ses promenades, dans les méandres de ses souvenirs, où l'évocation de l'ami fidèle nous servira de guide. ». Dominic Tardif, dans Le Devoir, 4 juillet 2015 a rendu compte chaleureusement de L’école des chiens. Il a souligné qu’avec ce récit, l’auteur avait produit « de la vraie littérature » : « Plus qu’un livre sur un maître et son animal, L’école des chiens célèbre le pouvoir de l’écriture qui, chez Daniel Guénette, n’aspire pas à remplacer l’en allé, mais bien à en continuer la vie. » Recommandé avec enthousiasme à ses téléspectateurs, L’école des chiens a fait l’objet d’un échange de cadeaux à l’émission LIRE présentée sur ARTV. À partir de 1975, l’auteur a collaboré à diverses revues de littérature à titre de poète et de critique. On a pu lire ses recensions dans la revue Mœbius. Pour l’une d’elles, l’auteur a été finaliste au Prix d’excellence de la SODEP 2016, dans la catégorie Texte d’opinion critique sur une œuvre littéraire ou artistique. Plus récemment, l’auteur a publié deux nouveaux titres en poésie, Varia au Noroît en 2018 et, à l’hiver 2023, La châtaigneraie aux Éditions de la Grenouillère. Pour ce recueil, le poète a été finaliste au Prix d’excellence du webmagazine La Métropole. Dans la recension que réserve à cet ouvrage la revue LQ, le critique Antoine Boisclair écrit: « Ce recueil émouvant, très maîtrisé du point de vue formel, témoigne d’un savoir-faire indéniable. » Le critique et poète français Pierre Perrin écrit dans sa revue trimestrielle de littérature, la revue française « Possibles », ne pas confondre avec la revue québécoise du même nom : « Daniel Guénette a le vers sûr, souvent proche de l’alexandrin, parfois très bref. Il sait restituer une vie, avec sa foudre, ses éclairs, et les moments de calme, voire de communion. La Châtaigneraie constitue un beau recueil presque filial. » Pour sa part, dans Le Ou'tam’si magazine, Nathasha Pemba déclare que « La châtaigneraie est un recueil de poésie qui a l’allure d’un hommage, d’un renouvellement du contrat amical. C’est une poésie ontologique qui va au fond des choses pour faire émerger l’être. Daniel Guénette une fois plus confirme qu’il est poète, le poète de l’amitié, le poète de l’altérité, le poète de l’éternité. » Outre ces recueils de poésie, l’auteur fait paraître quelques nouveaux romans. De Miron, Breton et le mythomane, paru en 2017 à La Grenouillère, Dominic Tardif écrit dans Le Devoir : « Chronique des glorioles imaginaires d’un grand taquin aimant (se) conter des histoires et fabuler une légendaire vie d’aventures, Miron, Breton et le mythomane est le carton d’invitation d’une fête organisée en l’honneur du mensonge auquel s’abreuve n’importe quelle forme de littérature digne de ce nom. » Pour sa part, Dédé blanc-bec reçoit dans Nuit Blanche un commentaire signé Gaétan Bélanger : « Le ton poétique empreint d’humour et de nostalgie adopté par l’auteur rend extrêmement agréable la lecture de ce roman émouvant. Il faut préciser que, tout d’abord, il est un peu déroutant de suivre les bonds fréquents de la narration dans le temps. Plus que de simples digressions, elles donnent parfois l’impression que l’auteur saute du coq à l’âne pour revenir aux mêmes événements, observés sous un angle différent. Mais on s’habitue vite à cette manière ou à ce style et on l’apprécie pour son originalité. Voilà donc un roman au texte minutieusement poli et se démarquant par sa qualité et son audace. » Vierge folle est le dernier roman de l’auteur. La recension parue dans Culture Hebdo se termine avec ces mots : « Nous vous laissons le soin de découvrir la conclusion. Excellent, est un euphémisme. On a adoré. » Ce roman, sans doute le meilleur de l’auteur, s’il a suscité l’enthousiasme de ses lecteurs n’a guère fait l’objet de recensions sérieuses. Pour des recensions sérieuses, il aura fallu attendre l’hiver 2023. Au billet d’Antoine Boisclair portant sur La châtaigneraie, se sera ajoutée dans Le Devoir une chronique de Louis Cornellier consacrée non pas à un roman ou un recueil, mais à un essai. Le journaliste y salue d’abord le travail entrepris par l’écrivain sur son blogue : « Fin lecteur de poésie, l’écrivain s’y impose comme un critique raffiné, érudit et amical dont le style, limpide et élégant, s’apparente à celui de la conversation relevée. Ces qualités en font une rareté dans le paysage littéraire québécois. » Puis, il rend compte de l’essai : « Dans Le complexe d’Orphée (Nota bene, 2023, 186 pages), l’écrivain se fait plus essayiste que critique en proposant « une manière de promenade » dans laquelle il tente « de saisir la nature de la poésie ». Fidèle à son approche modeste et exploratoire, il déambule en compagnie des poètes et penseurs qu’il aime afin de délimiter son objet, tout en cultivant le souci de ne pas l’enfermer. » Il conclut sa chronique en ces termes : « Partisan des « poèmes limpides » qui disent de « simples vérités », Guénette trouve dans la poésie un antidote « à l’endormissement de [ses] facultés » ou, comme l’écrit Valéry, un discours « chargé de plus de sens, et mêlé de plus de musique, que le langage ordinaire n’en porte et n’en peut porter ». Fénelon aurait aimé ce livre admirable. » La conclusion de l’article d’Antoine Boisclair portant sur La châtaigneraie était elle aussi plutôt réjouissante : « Romancier accompli (son dernier récit, Vierge folle, est paru en 2021 aux éditions de La Grenouillère), critique littéraire important (son blogue, intitulé Dédé blanc-bec, offre des comptes rendus très étoffés sur des publications québécoises), Daniel Guénette est aussi un poète qui mérite toute notre attention. »

8 réflexions sur « Amy Berkowitz : Poèmes deep : Bilingue anglais / français : Poésie : Suivi de Conversation de sofa par les traductrices Daphné B. et Marie Frankland. Titre anglais : Gravitas :  88 pages pour les deux versions combinées »

  1. J’aime bien tes audacieuses «montées au filet» qui t’amènent régulièrement à «challenger» les canons de la poésie!
    «Alors que l’on s’entend généralement pour dire que la poésie est l’art de l’évocation, un art allusif où le sens est diffracté, répercuté comme écho dans le second degré des mots»…
    Ainsi, tu oses le paradoxe de trouver du poétique dans la prose simple et directe de Amy B.
    Belle façon de suggérer que les mots simples et directs peuvent aussi …«évoquer, diffracter le sens, répercuter un écho dans le second degré des mots!

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    1. Ce que la poésie est … Je commence à penser que la poésie n’existe pas. Ou en tout cas, n’est pas une. Le mot ne se met pas au singulier. Je pense de plus en plus que les poètes nous offrent des univers toujours distincts les uns des autres. S’il y a des traits communs à certains de leurs univers, des ressemblances entre les œuvres diverses, des esthétiques plus ou moins semblables, aucune des formes ou réalisations poétiques ne saurait à elle seule représenter ce qu’est la poésie. C’est la raison pour laquelle je dis que la poésie n’existe pas. Dans sa pluralité, elle n’est réductible à rien de définitif, de définissable. La poésie ne peut être enfermée dans aucune définition réductrice. Mieux vaut alors mettre ce mot au pluriel, du moins dans la conception que nous tentons de nous faire de ce qu’est la poésie.

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      1. J’aime ton positionnement car il te permet d’être ouvert aux démarches poétiques neuves, souvent déroutantes associées à chaque époque, plutôt que de rester figé sur une orthodoxie reliée au temps passé. Décapant cervicalement, comme en pensée complexe.

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      2. Merci Laurent.
        Pour toi, un petit poème inédit.

        JONGLERIE

        D’un mot comme d’un caillou
        Cueilli dans le ruisseau
        Lancé en l’air en toute liberté
        Pour la joie de jongler tel un enfant
        Avec un peu de vent et des idées
        À sa suite les phrases
        Forment des kyrielles de banderoles
        Suscitant le chant et des pensées qui dansent
        Il y a de la joie
        La vie sourit
        Quand dans ce jardin
        Pour peu que nous versions
        Au fond de nos verres du vin ou de l’eau vive
        L’été s’immobilise

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      3. Merci beaucoup Daniel.

        Poème plein de vie, de jeunesse, de lumière et de musique qui m’arrive en ce 45e anniversaire aujourd’hui même de notre arrivée à notre chalet de Charlevoix!

        Je vais le conserver précieusement et lui trouver une place de choix dans notre repaire de paix et de bonheur.

        Amitiés,

        Laurent

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      4. Il me semble que les poètes ont très souvent une relation trouble avec la lumière. La «sombriété», le spleen se prêtent ils mieux à l’inspiration?

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      5. « La chair est triste, hélas ! et j’ai lu tous les livres. »
        Mallarmé
        « Ô triste, triste était mon âme
        À cause, à cause d’une femme. »
        Verlaine
        Bon ! La « sombriété » n’est pas toujours due à nos pauvres amours, évidemment. Il y a pire. Ouvrir le journal en fournit la preuve. C’est un truisme, mais c’est vrai, la vie n’est pas toujours facile. Puis, quand on sent qu’on approche du bout de la route, mettons qu’en se retournant on voit qu’elle avait pas mal de bosses et de crevasses. On n’a pas toujours su éviter les embardées. On a frôlé la mort de l’âme à plus d’une reprise.

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