Bianca Côté : Le ciel est-il une bâche ? : Poésie : Écrits des Forges : 2020

Le florilège possède des vertus ignorées. Bien entendu, une œuvre qui se tient — non seulement par la force interne de son style, comme le disait un Flaubert désireux de parvenir un jour à écrire un livre sur rien —, mais qui se tient plutôt en ce qu’elle est organisée autour d’un noyau de sens, et traite d’un ou de quelques sujets de manière quasi systématique, avec un début, un milieu et une fin, cela aussi, de la Délie de Scève aux plus célèbres Fleurs du Mal, en passant par les recueils d’un Pierre Nepveu et d’un Claude Paradis, cela possède d’indéniables qualités.

On apprend à la fin de Le ciel est-il une bâche? que certains de ses poèmes, ici remaniés, ont fait naguère l’objet de publications dans diverses revues. Quelques-uns remontent à une période assez lointaine, par exemple, à l’hiver 1988-1989. D’autres ont été publiés au début de ce siècle, et ainsi de suite. Parler ici d’un florilège n’est pas abusif. L’auteure a de toute évidence rapaillé certains de ses poèmes. Cela s’est déjà vu et il est à souhaiter que cette pratique perdure, du moins dans des cas semblables à celui qui nous intéresse ici.

À vrai dire, le recueil que propose Bianca Côté possède une unité de ton et de style. Ses thématiques vont et viennent, glissent et s’entremêlent. Dans leur variété, elles contribuent à la fraîcheur de l’ouvrage. Curieusement, elles font tenir ensemble ce qui d’abord était épars, et de cette réunion en une gerbe surgit une œuvre une, une dans sa diversité. Juxtaposer un parapluie et une machine à coudre sur une table de dissection, les poètes se le sont parfois autorisé à outrance. Côté ne donne pas dans ce type de négligence. Elle n’exagère pas sur ce point. Sans doute écrit-elle un poème à la fois, comme à chaque jour ou semaine ou mois ou année suffit sa peine. Son encrier ne déborde pas, et sa plume y trempe avec parcimonie. Il n’est pas risqué d’avancer que ce sont sa « pensée » ainsi que sa vie même qui donnent son unité à son recueil. Unité non pas factice, fabriquée, conceptuelle, mais comme naturellement sécrétée par l’existence que mène l’écrivaine au fil du temps. De même, nos propres rêves, si distincts les uns des autres, nuit après nuit, à travers lesquels nous dérivons, portent-ils une seule et même signature : le sang de l’âme assurément en fournit la matière. Je lis le recueil de Côté en feuilletant des rêves qui chacun portent sa signature.

Je lis ce recueil avec un plaisir comparable à celui que prend l’enfant à caresser distraitement une éraflure. Je dis plaisir, non pas malsain ou masochiste, mais plaisir à lire un ouvrage qui de manière quasi légère dit des choses plutôt graves, pas toujours, mais souvent. Comme les petites douleurs de l’enfance : « Trottoir terre d’accueil/Le genou se rappelle/L’entorse et la petite peau/Abritant la blessure aimée ». Comme les grandes souffrances des grandes personnes diminuées par les épreuves de la vie, démunies et pauvres comme chez cette mendiante : « Le béton accueille/Une fierté aphone/Son feu s’échappe/Au sol elle lorgne/Un bocal muet/Du change s’il vous… ». À quoi s’ajoutent, discrètement, celles de l’auteure elle-même, souffrances qui sont aussi les nôtres, mal de vivre, chagrins et deuils. Oui, malgré une joie, dont on devine qu’elle naît du processus d’écriture, également peut-on croire du caractère et de la nature de l’auteure, malgré la grâce et le charme du discours, ce recueil est parfois assombri par un ciel bas et lourd, celui du spleen, ciel dont il est demandé dans le titre, tiré d’un des poèmes du recueil, s’il n’est pas justement une bâche. À quoi nous sommes tentés de répondre par l’affirmative, tant sont nombreux ici les poèmes qui soulignent la grisaille de nos existences. À commencer par le premier : « Émondé ou abattu/On se sent parfois arbre/Écorce désargentée/La survie incise/À travers ventre ».

Un premier poème n’est jamais innocent. Un poème, où qu’il figure dans un recueil, est tout aussi important. Mais généralement, le premier donne le la. Le reste modulera ici la plainte qu’il fait entendre. Plainte ? Non. Il faut le préciser. Bianca Côté ne verse pas dans la sensiblerie. Elle tient plutôt la douleur à distance. Et cette quasi-neutralité, proche parfois d’une certaine ironie, est franchement efficace.

Sous des poèmes légers, quasi aériens, plaisants, dont la fantaisie charme, couve donc une souffrance à laquelle le lecteur ne peut que se montrer sensible. La poète parvient à la transposer finement dans ses vers. Petit à petit, ceux-ci produisent leur effet.

Petit à petit, car ce sont pour la plupart des poèmes plutôt brefs. Une page suffit à chacun. En trois vers, la chose peut être dite. Et c’est merveille de constater qu’il n’en faut pas davantage pour en dire autant. Prenons, par exemple, le poème suivant :

Nous sommes si peu si forts/Avançons à colin-maillard/Presque déçus/De respirer sans vertige/Demain il nous faudra/Couper le bois le corder/Moudre l’amertume pétrir/Dare-dare les absences/Border cette autre vie/Qu’est devenue la nôtre

Je n’analyserai pas ce poème, mais je note en passant les phénomènes suivants, assez caractéristiques du recueil. L’aspect négatif (« Nous sommes si peu si forts ») ; le côté paradoxal (« si peu si forts » : on aura lu peut-être spontanément « si peu forts », et on s’étonne de cette juxtaposition du négatif : si peu, et du positif : si forts) ; la fantaisie verbale (« Moudre l’amertume » : métonymie ? « amertume » désignant le café).

Ce que j’appelle un peu trop rapidement « côté négatif » se retrouve aussi et surtout dans la déception « de respirer sans vertige », comme si la passion et l’ivresse en étaient venues à se dissiper, à perdre de leur intensité avec le temps. Et en place de l’exaltation et des plaisirs, l’aujourd’hui de manière banale se vit en accomplissant les petites tâches sans envergure de l’existence, « couper le bois » et moudre le café, ou plutôt l’amertume, mot qui nous plonge dans un univers parallèle, celui où intérieurement une âme tâte et gère tant bien que mal les sentiments qui l’habitent, ceux de la perte et du dépit.

L’espace que je m’alloue pour recenser les recueils ne m’autorise pas à lire de manière exhaustive tous les poèmes d’un recueil. Je dois dégager les grandes lignes de ces ouvrages. C’est à regret que je néglige trop souvent les plus beaux poèmes d’un recueil, pour m’arrêter à d’autres qui étayent davantage mon propos. Voici donc un autre poème témoignant de la douleur présente dans le recueil de madame Côté. 

Respire ma terreur/Respire et que tes yeux/Ne la quittent pas/Ton regard-loup/Liquéfie les morsures//Ne me ramène pas/Vers l’âpreté des ronces/Respire oui/Que je m’invente une meute/Dépourvue de crocs 

La prosopopée, si mon souvenir est bon, est la figure qui consiste à donner la parole aux choses muettes, aux animaux, aux idées, aux sentiments nobles et moins nobles. Mais comment désigne-t-on celle qui consiste à s’adresser à ces mêmes choses ? C’est, je crois, la personnification. Chez Baudelaire : « Sois sage, ô ma douleur, et tiens-toi plus tranquille. » Ici : « Respire ma terreur/Respire et que tes yeux ».

D’un poème à l’autre, Côté passe du « il » au « je », puis au « tu » avec aisance, sans se soucier d’une stricte cohérence à l’échelle du recueil. Chaque poème étant l’unité, l’objet d’abord fermé, clos sur lui-même, dont elle se préoccupe. Évidemment, le poème engendre éventuellement des résonnances. Des échos finissent par lui répondre.

Lorsque nous sommes en présence d’un « tu », s’agit-il de celui du soliloque où l’on s’adresse à soi-même ? La poète (ou figure « narrative », équivalent du narrateur des romans) parle-t-elle à un amant ? On en décide au cas par cas. On lit en y mettant du sien. Tout n’est pas donné dans ce recueil. Et malgré sa charmante simplicité, il n’est pas toujours simple ; pas toujours facile d’y fixer du sens une fois pour toutes. Après tout, cela est de la poésie et la pluralité de sens a toujours fait bon ménage avec le poème. C’est d’autant plus le cas ici que notre auteure possède une imagination fertile, un riche imaginaire, une propension à formuler de belles images, jamais envahissantes, jamais franchement extravagantes.

En fait, il y a quelque chose de curieux dans ses poèmes. Une sorte de mystère aimable est dû à une fantaisie dont le sérieux (j’en ai déjà parlé) se laisse facilement percevoir, tandis qu’il est plus ardu de saisir ce que nous révèle et tait la poète, ou plutôt ce qu’elle esquisse, sans jamais les esquiver, de ses propres vérités. Vérités auxquelles elle fait face, malgré la tentation de la fuite.

« Viens on dessinerait au pastel/Une charade slave/Promènerait sans laisse/Notre tristesse à trois pattes ». Les charades, ou plutôt les poèmes de ce recueil regorgent de beauté. Ces poèmes ressemblent aux dessins dont la queue et la tête nous échappent, mais que l’on se plaît à admirer. Je songe à Paul Klee, à sa grande liberté. J’envie parfois les artistes, qui en quelques traits circonscrivent des rêveries. Bianca Côté semble jouir d’une capacité analogue à la leur. Ses poèmes ont la simplicité, sinon le rendu des dessins que l’on exécute gracieusement, librement, tout en laissant à l’esprit l’initiative de déplacer la main et son instrument au gré du caprice et de l’inventivité.

La poète cherche moins à assumer ou fixer du sens qu’à s’abandonner aux ressources de l’imagination. Mais les lecteurs avec la poésie ont parfois, pour ne pas dire souvent, des intransigeances qu’ils abandonnent aisément lorsqu’ils sont au musée. Ils acceptent là, tolèrent et admirent des incongruités qui leur paraissent et qui sont effectivement inadmissibles, improbables dans l’ordre du réel. À la musique, ils ne demandent pas plus de significations. Des contes, des fééries, ils n’en exigent pas. Mais qu’une tristesse à trois pattes soit promenée comme un chien, cela risque de les perturber, qui, je le rappelle, les charmerait au musée ou dans un film d’animation. Parce que la poésie se fait avec des mots, il est moins facile de consentir pareille liberté au poème. La tendance au pied de la lettre interdit qu’une tristesse n’ait que trois pattes ; quatre, cela passerait sans doute mieux.

« On choisit rarement/La profondeur des tiroirs/Coulisses d’avant l’usure ». Énigmatique ! On prend d’abord ces vers au pied de la lettre. Puis, on leur cherche de la profondeur, comme du sens enfoui à l’intérieur. On imagine que les tiroirs dont parle l’auteure sont ceux où l’on dissimule ses secrets, où l’on refoule ses chagrins, voire ses souvenirs honteux ou douloureux.

On l’aura compris. Côté est de ces poètes qui proposent le plaisir d’une lecture où comprendre n’est pas le principal enjeu, où s’opère une séduction reposant sur les aléas d’une « pensée » conduite de manière comparable à la « pensée » telle qu’elle s’élabore dans les rêves. Cela dit, le sens est loin d’être évacué. Le délire n’étant pas au rendez-vous. Rien dans ce recueil n’est échevelé. Bien au contraire, une certaine sagesse, une retenue préside à l’élaboration de l’univers poétique de Côté. À vrai dire, l’auteure qui n’en est pas à ses premières armes sait comment s’en servir, outils devrais-je dire : elle manie la plume avec sûreté, avec l’élégance d’une désinvolture qui n’est qu’apparente, qui n’a rien de négligé. De nombreux poèmes sont comme on dit de parfaits petits bijoux. Il y en a tout plein qui sont admirables. J’aimerais les citer. Souvent ce sont des poèmes semblables à des haïkus : « Sous tension deux lacets/Enfourchent un câble/Une paire d’espadrilles/Déjoue la gravité/Duo suspendu ». Amusant.

Et celui-ci, beau et beaucoup moins amusant : « Au rendez-vous des vertèbres/J’irai lancinante/Chuchoter à ton cri/Qu’aucune note ne tient/Sans douleur ».

L’un de mes préférés, plutôt triste : « Dans un sachet opaque/On m’a remis ses lunettes/Épaisses égratignées/Geste ultime/Ses yeux je les voyais/D’aussi loin/Que la première fois ».

Ce sont là de beaux poèmes. Ce ne sont pourtant pas les plus beaux. Je laisse aux lecteurs et aux lectrices, en espérant qu’ils soient nombreux, le soin de découvrir par eux-mêmes tout ce qui fait la richesse de ce recueil. Elle repose en gros sur sa fraîcheur et son inventivité, son espèce de neutralité bienveillante lorsqu’il est question de la souffrance et de la mort, de l’absence et de la perte. Sans parler de la belle lucidité qui traverse ces pages. Sans parler de l’empathie, toujours sobrement exprimée, à l’endroit des indigents et des malheureux : « Entre deux stations/Un homme cache/Son visage inondé/Sa douleur rejoint la mienne ».

Bianca Côté est une poète qui n’appuie pas, qui ne force pas la note. Sa poésie, alors que la poète écrit qu’elle « rêve d’un sourire/adéquatement plié », ressemble à un sourire triste. C’est un sourire qui éclaire tout doucement notre monde. Une fine pluie suivie d’éclaircies et de franc soleil.

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Auteur : Daniel Guénette

Né le 21 mai 1952, Daniel Guénette est originaire de Montréal. Il a vécu la majeure partie de son existence dans l’arrondissement de Saint-Laurent. Après des études en lettres à l’Université de Montréal, où il obtient un diplôme de maîtrise en création littéraire, il enseigne la littérature au cégep de Granby. En 2011, il prend sa retraite après 34 années d’enseignement. À l’aube de la soixantaine, il renoue avec l’écriture qu’il avait cessé de pratiquer durant près de vingt ans. Il publie chez Triptyque deux recueils de poésie, Traité de l’Incertain en 2013 et Carmen quadratum en 2016, ainsi qu’un récit, L’École des Chiens, en 2015. Dans son œuvre antérieure alternaient ouvrages de poésie (3 titres au Noroît, 2 chez Triptyque) et productions romanesques (3 titres chez Triptyque). Ces ouvrages furent publiés entre 1985 et 1996. L’ensemble fut bien reçu par la critique. À l’occasion du vingtième anniversaire des éditions Triptyque, feu Réginald Martel écrivait : « Et on soupçonne que bien des éditeurs seraient ravis d’inscrire à leur catalogue, parmi quelques auteurs de Triptyque, le nom d’un Daniel Guénette, par exemple. » J. Desraspes a enchanté Jean-Roch Boivin : « Ce roman est un délicieux apéritif, robuste et délicat, son auteur un écrivain de talent et de grands moyens. » Réginald Martel parle d’un roman « qu’on dévore sans reprendre son souffle » ; il salue également la parution des romans qui suivent, se montrant surtout favorable à L’écharpe d’Iris. Pierre Salducci écrit dans Le Devoir un article élogieux sur ce roman : « L’écharpe d’Iris est une réussite, une petite musique qui nous parle de la nature humaine et qu’on n’arrive pas à oublier. Un roman magnifique, un vrai. Pas un phénomène de mode. Pas un produit branché et périssable. Mais de la littérature. Tout simplement. » L’École des Chiens, qui en 2015 marque le retour de l’auteur au récit, a été commentée par divers blogueurs, dont le poète Jacques Gauthier : « Ce beau récit du poète Daniel Guénette évoque, avec pudeur et humilité, les onze années vécues auprès de Max qu’il a dû faire euthanasier à cause d’un cancer. Ils sont rares de tels livres qui traitent si tendrement de la relation entre un homme et son animal de compagnie. Ça parle de vie et de mort, d’attachement et d’amitié, d’enfance et de solitude. » Pour sa part, Topinambulle écrit : « Dans ce très beau récit, un homme apprivoise doucement le deuil de son chien. À la manière de Rousseau, Daniel Guénette nous invite à le suivre dans ses promenades, dans les méandres de ses souvenirs, où l'évocation de l'ami fidèle nous servira de guide. ». Dominic Tardif, dans Le Devoir, 4 juillet 2015 a rendu compte chaleureusement de L’école des chiens. Il a souligné qu’avec ce récit, l’auteur avait produit « de la vraie littérature » : « Plus qu’un livre sur un maître et son animal, L’école des chiens célèbre le pouvoir de l’écriture qui, chez Daniel Guénette, n’aspire pas à remplacer l’en allé, mais bien à en continuer la vie. » Recommandé avec enthousiasme à ses téléspectateurs, L’école des chiens a fait l’objet d’un échange de cadeaux à l’émission LIRE présentée sur ARTV. À partir de 1975, l’auteur a collaboré à diverses revues de littérature à titre de poète et de critique. On a pu lire ses recensions dans la revue Mœbius. Pour l’une d’elles, l’auteur a été finaliste au Prix d’excellence de la SODEP 2016, dans la catégorie Texte d’opinion critique sur une œuvre littéraire ou artistique. Plus récemment, l’auteur a publié deux nouveaux titres en poésie, Varia au Noroît en 2018 et, à l’hiver 2023, La châtaigneraie aux Éditions de la Grenouillère. Pour ce recueil, le poète a été finaliste au Prix d’excellence du webmagazine La Métropole. Dans la recension que réserve à cet ouvrage la revue LQ, le critique Antoine Boisclair écrit: « Ce recueil émouvant, très maîtrisé du point de vue formel, témoigne d’un savoir-faire indéniable. » Le critique et poète français Pierre Perrin écrit dans sa revue trimestrielle de littérature, la revue française « Possibles », ne pas confondre avec la revue québécoise du même nom : « Daniel Guénette a le vers sûr, souvent proche de l’alexandrin, parfois très bref. Il sait restituer une vie, avec sa foudre, ses éclairs, et les moments de calme, voire de communion. La Châtaigneraie constitue un beau recueil presque filial. » Pour sa part, dans Le Ou'tam’si magazine, Nathasha Pemba déclare que « La châtaigneraie est un recueil de poésie qui a l’allure d’un hommage, d’un renouvellement du contrat amical. C’est une poésie ontologique qui va au fond des choses pour faire émerger l’être. Daniel Guénette une fois plus confirme qu’il est poète, le poète de l’amitié, le poète de l’altérité, le poète de l’éternité. » Outre ces recueils de poésie, l’auteur fait paraître quelques nouveaux romans. De Miron, Breton et le mythomane, paru en 2017 à La Grenouillère, Dominic Tardif écrit dans Le Devoir : « Chronique des glorioles imaginaires d’un grand taquin aimant (se) conter des histoires et fabuler une légendaire vie d’aventures, Miron, Breton et le mythomane est le carton d’invitation d’une fête organisée en l’honneur du mensonge auquel s’abreuve n’importe quelle forme de littérature digne de ce nom. » Pour sa part, Dédé blanc-bec reçoit dans Nuit Blanche un commentaire signé Gaétan Bélanger : « Le ton poétique empreint d’humour et de nostalgie adopté par l’auteur rend extrêmement agréable la lecture de ce roman émouvant. Il faut préciser que, tout d’abord, il est un peu déroutant de suivre les bonds fréquents de la narration dans le temps. Plus que de simples digressions, elles donnent parfois l’impression que l’auteur saute du coq à l’âne pour revenir aux mêmes événements, observés sous un angle différent. Mais on s’habitue vite à cette manière ou à ce style et on l’apprécie pour son originalité. Voilà donc un roman au texte minutieusement poli et se démarquant par sa qualité et son audace. » Vierge folle est le dernier roman de l’auteur. La recension parue dans Culture Hebdo se termine avec ces mots : « Nous vous laissons le soin de découvrir la conclusion. Excellent, est un euphémisme. On a adoré. » Ce roman, sans doute le meilleur de l’auteur, s’il a suscité l’enthousiasme de ses lecteurs n’a guère fait l’objet de recensions sérieuses. Pour des recensions sérieuses, il aura fallu attendre l’hiver 2023. Au billet d’Antoine Boisclair portant sur La châtaigneraie, se sera ajoutée dans Le Devoir une chronique de Louis Cornellier consacrée non pas à un roman ou un recueil, mais à un essai. Le journaliste y salue d’abord le travail entrepris par l’écrivain sur son blogue : « Fin lecteur de poésie, l’écrivain s’y impose comme un critique raffiné, érudit et amical dont le style, limpide et élégant, s’apparente à celui de la conversation relevée. Ces qualités en font une rareté dans le paysage littéraire québécois. » Puis, il rend compte de l’essai : « Dans Le complexe d’Orphée (Nota bene, 2023, 186 pages), l’écrivain se fait plus essayiste que critique en proposant « une manière de promenade » dans laquelle il tente « de saisir la nature de la poésie ». Fidèle à son approche modeste et exploratoire, il déambule en compagnie des poètes et penseurs qu’il aime afin de délimiter son objet, tout en cultivant le souci de ne pas l’enfermer. » Il conclut sa chronique en ces termes : « Partisan des « poèmes limpides » qui disent de « simples vérités », Guénette trouve dans la poésie un antidote « à l’endormissement de [ses] facultés » ou, comme l’écrit Valéry, un discours « chargé de plus de sens, et mêlé de plus de musique, que le langage ordinaire n’en porte et n’en peut porter ». Fénelon aurait aimé ce livre admirable. » La conclusion de l’article d’Antoine Boisclair portant sur La châtaigneraie était elle aussi plutôt réjouissante : « Romancier accompli (son dernier récit, Vierge folle, est paru en 2021 aux éditions de La Grenouillère), critique littéraire important (son blogue, intitulé Dédé blanc-bec, offre des comptes rendus très étoffés sur des publications québécoises), Daniel Guénette est aussi un poète qui mérite toute notre attention. »

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