Nora Atalla : Soleil basalte : Poésie : Éditions Unicité : 2025 : 90 pages

On me permettra, on excusera ici un long préambule.

Paul Valéry parlait de « l’amateur de poèmes ». L’opposait-il à un quelconque professionnel de la poésie, à un spécialiste, voire au poète lui-même ? Cet amateur selon lui écrivait-il de la poésie ou ne faisait-il qu’en lire ? J’ignore ce que l’auteur du « Cimetière marin » entendait par là, mais je suppose que l’expression désignait toute personne susceptible de s’intéresser de près ou de loin à la poésie.

Lorsqu’un chroniqueur rend compte d’un ouvrage de poésie, à qui au juste s’adresse-t-il ? J’imagine à l’amateur de poèmes. Or qui est ce dernier, cette dernière ? Si nous tentions d’en faire le portrait, il va sans dire que ce seul portrait ne suffirait pas. L’amateur de poèmes se présente au sein d’un tout et, qui plus est, ce tout est composite, en quelque sorte pluriel.

Une typologie proposerait au moins trois catégories d’amateurs de poésie. La première correspondrait aux zélotes, aux thuriféraires qui la portent aux nues ; pour eux seuls, le mot de Baudelaire prend tout son sens : « Tout homme bien portant peut se passer de manger pendant deux jours, de poésie, jamais. » La seconde catégorie regrouperait quelques lecteurs et lectrices modérés, occasionnels, que le genre cependant séduit moins que le roman, l’essai ou le théâtre. Ils ont habituellement fait des études, ce dont témoigne leur bibliothèque où figurent quelques titres, classiques d’ici ou d’ailleurs, de France principalement, fables de La Fontaine, recueils d’Hugo, assurément Les fleurs du mal de Baudelaire, sans oublier les poésies de Prévert et peut-être celles d’Éluard. La troisième catégorie serait représentée par un rare lecteur, curieux, intrigué, qui tente de s’initier aux arcanes de la poésie. Je dois en faire l’aveu, je cherche toujours à éclairer ce nouveau venu, ce rare visiteur de passage dans le petit monde de la poésie ; je désire que mes comptes-rendus lui donnent une juste idée de ce qui se publie en ce domaine, nourrissant l’espoir de le conduire en librairie ou à la bibliothèque, afin qu’il puisse enfin mettre la main sur un ouvrage à son goût. Il va sans dire que les chefs-d’œuvre ne s’adressent pas toujours à lui.

À cette typologie, très peu scientifique je l’admets, correspond une tout aussi fantaisiste typologie, ayant trait cette fois aux ouvrages de poésie eux-mêmes. Cette typologie est si fantaisiste, du moins dans mon esprit, que je n’ose ici tenter d’en préciser quoi que ce soit d’autre que ce qui suit, et qui est vague à l’excès, j’en conviens. Pour ma part, je crois donc qu’il existe différents degrés de poésie, je veux dire que dans ce type de discours une gradation conduit du plus simple au plus complexe.

Règle générale, les poèmes les plus simples expriment les idées et les sentiments les plus communs, les plus facilement identifiables par tout un chacun ; ils suscitent l’empathie ou évoquent dans l’esprit des lecteurs et lectrices des situations, des impressions que ceux-ci peuvent aisément reconnaître. En ce sens, ces poèmes sont réalistes. Ils décrivent des lieux communs en recourant parfois à des lieux communs. Ils disent la rivière, descendent dans la rue et entrent enfin dans un café. Ils se tiennent au plus près de la prose, de la parole de tous les jours. Le sens aisément s’y fait jour.

Règle générale, les poèmes les plus complexes le sont en raison d’un traitement plus sophistiqué de la langue, laquelle peut être bien ou mal menée, parfois sortie de ses gonds, en rupture avec les conventions langagières les plus usuelles. Les assemblages de mots et d’images exigent ici un décryptage plutôt ardu. La langue s’envole, elle atteint presque le zénith. Le lecteur le moins averti échoue parfois et même souvent à saisir le sens de ces comètes dont la lumière pour lui s’étiole au fil du texte. Le poème lui apparaît, à tort ou à raison, comme une manière de casse-tête. Devant tant d’obscurité, ce lecteur peu aguerri déclare rapidement forfait. Il conclut au délire. Or, il se pourrait qu’il ne sache tout simplement pas lire les poèmes, que ce qui lui semble illogique en cette matière relève d’une logique dont il n’a tout simplement pas la clef.

Aux lecteurs aguerris du premier groupe — la plupart du temps, ce sont des poètes —, les ouvrages les plus simples et les plus complexes conviennent. Ils sont des connaisseurs. La poésie est leur domaine.

Les lecteurs du second groupe, occasionnels ceux-ci, savent ce qu’ils aiment, bien que sur le sujet de la poésie ils aient la plupart du temps des idées plutôt arrêtées, ayant lu suffisamment pour savoir ce qu’ils veulent et ne veulent pas lire. Ils font les difficiles devant des ouvrages trop relevés ou différents de ce qu’ils ont pris l’habitude d’aimer, ce quelque chose étant souvent la poésie des auteurs ayant écrit avant Rimbaud et Mallarmé. Ils n’ont retenu ni l’une ni l’autre des poétiques si opposées de ces êtres d’exception, ils préfèrent s’en tenir à des ouvrages où les façons de faire sont plus traditionnelles.

Finalement, certains amateurs de poésie se tiennent à l’écart, dans un jardin secret dont ils osent parfois sortir, humblement, timidement, afin de proposer leurs propres ouvrages à des maisons qui la plupart du temps les refusent. Ils lisent occasionnellement un peu de poésie et de préférence la plus conventionnelle. Les poèmes ne doivent pas les dérouter. À leur intention, un avertissement pourrait se trouver en tête des publications, dans le style rencontré sur nos petits écrans : « Attention ! Ce recueil pourrait ne pas convenir à certains lecteurs. » Le poème dont le caractère poétique est un tant soit peu accentué est susceptible de leur offrir de considérables difficultés de lecture, surtout lorsque sa facture est résolument moderne.

Tout cela pour dire que lorsque je rédige une recension, je tente d’éclairer la lanterne de ces différents types de lecteurs. C’est ce que je propose de faire ici avec le Soleil basalte de Nora Atalla.

Voici donc un soleil noir, qui n’est pas celui de la mélancolie, mais celui d’une proche extinction. Le soleil n’éclaire plus la condition humaine, il s’éteint au-dessus des cadavres jonchant les champs de bataille. Masse noire et sombre, lui, autrefois lumineux. L’oxymore révèle ici une bien sinistre réalité, ce basalte n’étant pas sans faire songer aux pierres d’un recueil précédent de la poète, dont le titre était La révolte des pierres. Cette écrivaine a de la suite dans les idées : elle recense des crimes, des injustices, dénonce des abus, ceux notamment de la guerre. Elle incite les hommes et les femmes à ne pas subir leur sort, à se mettre en marche, à poursuivre leurs combats. Ainsi peut être entendu l’injonction qui donnait il y a quelques années son titre à un autre de ses recueils : Morts, debout !

Ces ouvrages, auxquels il faut du reste ajouter un plus récent Varappe, sont d’une même eau, d’une même eau trouble, souvent celle où dérivent et sombrent les barques des migrants. On ne chante pas ici la joie de vivre, l’heure est plutôt à la résistance. Cela dit, lorsque la nuit tombe et même parfois en plein jour, selon qu’un vent plus doux favorise un moment de détente, l’amour vient relever les âmes en éveillant les épidermes ; les corps se rapprochent, s’étreignent et la vie durant un bref instant connaît une embellie.

Ce très beau livre de Nora Atalla est ponctué d’œuvres picturales saisissantes, d’une grande beauté. On les doit au peintre français Pierre Zanzucchi. Elles mettent en valeur les poèmes de Nora Atalla qui eux-mêmes leur rendent la pareille. On voit ici une remarquable complicité que favorise une qualité s’étendant du reste à l’ensemble du livre. Cet objet jusque dans sa matérialité, présentation, mise en page, etc., répond à des standards que je n’hésite pas à dire d’excellence. Mais un livre a beau se tenir très bien dans les mains, être agrémenté de somptueuses images, c’est à son texte qu’on demande d’abord d’être à la hauteur de nos exigences esthétiques et même éthiques. Le texte dit-il quelque chose de substantiel ? Ou son contenu est-il convenu ? Présente-t-il quelque intérêt quant à la forme ? Ou l’écriture y manque-t-elle de vigueur, d’inventivité ?  Ces questions, les auteurs eux-mêmes se les posent en écrivant et en publiant leurs ouvrages. Les doutes les taraudent. Mais nul doute ici, ce livre est loin d’être quelconque. Il est écrit par une écrivaine qui a mis plus de vingt fois ses ouvrages sur le métier. Nulle maladresse notable dans ses poèmes, mais un style qui se raffine et raffermit recueil après recueil. Voyons de plus près.

Soleil basalte est dédié « Aux disparus anonymes ». Ces derniers sont nombreux. Les poèmes permettent de leur donner un visage. À coup sûr, leurs traits sont effacés, à peine voit-on de loin la silhouette de ces hommes, femmes et enfants. Ils déambulent à la queue leu leu sur les chemins de l’errance, de l’exil : on voit qui « se déplacent des colonnes d’hommes / fantoches aveugles / occultant la route ». Les disparus anonymes meurent comme des mouches ; les mouches ont peu de prix, ces pauvres miséreux encore moins, si ce ne sont les fortunes qu’indirectement rapporte leur éviction à qui les chasse et pourchasse hors de leur territoire. Ce ne sont pas tant les dérèglements climatiques que les dérèglements politiques que Nora Atalla a dans sa mire. Dans les deux exergues qui ouvrent le recueil apparaît le mot « guerre ». Cela n’est pas innocent.

Si je reviens aux typologies esquissées dans mon préambule, je classerai ce recueil dans la catégorie des ouvrages de poésie pure et dure. André Jollès, un poéticien, publia il y a de cela un siècle environ un ouvrage intitulé Formes simples. Je crois me souvenir qu’il y associait certaines productions verbales à des constructions plutôt élémentaires, élaborées en deçà si l’on peut dire de celles qu’offrent les ouvrages littéraires. Pour situer la poésie de Nora Atalla, je parlerai donc de formes savantes, en cela qu’elle s’éloigne, se distingue grandement de la parole de tous les jours. On retrouve ici la notion d’écart. Certains poètes jouent d’un verbe qui au contraire se rapproche le plus possible de la parole la plus naturelle qui soit. À l’opposé, d’autres cherchent à moduler le discours poétique en l’éloignant des « formes simples » de la parole usuelle.

Lisons les deux premiers vers du recueil : « Le sable avale / des étoiles à rebours ». On en conviendra, cela n’a pas l’évidence d’un énoncé du type : « Passe-moi le sel. » Rien de trivial chez Atalla. De profondes pensées quant à elles peuvent être exprimées avec une relative transparence : « Tout homme est un criminel qui s’ignore. » Albert Camus. « Le sable avale / des étoiles à rebours » n’est en rien transparent.

Une forme savante en poésie requiert de la part du lecteur moins un savant décodage qu’une active collaboration, d’imaginaire à imaginaire. Rien n’interdit de se laisser pénétrer par les mots, de les laisser cheminer en soi, de se laisser entraîner par leur courant. Rien non plus n’interdit de glisser entre les mots du poème ceux qui nous viennent à l’esprit en le lisant, mais cela, n’est-ce pas ? correspond à une active collaboration d’imaginaire à imaginaire.

« Le sable avale / des étoiles à rebours ». Nous sommes, dit-on, poussières d’étoiles. Nous vivons, puis retournons à la terre. Le sable avale nos cadavres, et dans le cadre de ce recueil, le sable avale précisément les corps auxquels font allusion les épigraphes, dont la première provient du jeu de tir Black Hawk Down, un jeu vidéo. Elle se lit comme suit : « Seuls les morts ont vu la fin de la guerre. » Le sable avale les corps de ces morts. Dans le reste du poème, dans ceux qui suivront, le lexique correspond aux horreurs de la guerre. On y rencontre les mots « flamme », explosion », « armes » « tireurs », etc.

Le recueil contient un peu moins d’une soixantaine de poèmes, tous plutôt brefs. Ils occupent le haut de la page et contiennent quelques strophes, rarement plus de trois. Les vers de ces poèmes sont courts. Ces poèmes n’occupent que la moitié supérieure de la page ; tout le blanc qui en résulte favorise la rêverie méditative du lecteur. Je tiens à le préciser, le jeu poétique chez Atalla n’est pas gratuit, farfelu. Il ne se déploie pas non plus de manière cérébrale, bien qu’il soit intelligemment mené. La poète n’aspire pas à engendrer des formes poétiques inédites, pas de formalisme dans son cas. Elle produit, pourrait-on dire, de la poésie contemporaine. La poésie chez elle est un jeu plutôt sérieux, « jeu insensé d’écrire » disait Mallarmé — on entre dans la danse des mots, on leur confie presque le soin de nos âmes. Qui écrit se met à leur écoute. Qui lit en fait tout autant. D’imaginaire à imaginaire, poète et amateur de poèmes, ensemble, appréhendent le monde.

l’eau claire
au fond de l’œil
un soir d’hiver

crépitement du feu
les âmes s’enfièvrent

crêpe lourd      doigts gourds
après minuit
les corps se ratatinent
si éloignés de l’océan

Nora Atalla assiste au déploiement de sa pensée. N’en va-t-il pas ainsi chez tous les poètes ? Aux lecteurs alors de saisir la balle au bond, d’entrer eux-mêmes dans la danse des signes. Ici, par exemple, pouvons-nous croire, et si cela nous chante, pourquoi pas ? pouvons-nous croire, dis-je, que nous avons affaire à la veillée d’un groupe de combattants ou de résistants — le « crépitement du feu » m’incite à l’imaginer. Ces hommes, ces femmes en déroute (il y a des déplacements dans ce recueil, de gens forcés à fuir des oppressions) dorment peut-être dans des tranchées, dans des abris de fortune. Ou encore, ne pourrait-il pas s’agir de nous tous, éloignés souvent des splendeurs de l’océan, éloignés d’un horizon auquel nous aspirons désespérément ? Ayant à combattre pour l’atteindre.

Une chose est certaine, le sens dans les poèmes de Nora Atalla apparaît surtout grâce à la globalité de l’ensemble et non uniquement à travers chacun des mots inscrits sur la page. Il y a place à interprétation, la collaboration du lecteur est la bienvenue. Il découvre page après page la beauté de poèmes s’apparentant aux œuvres picturales qui les accompagnent. Ces illustrations sont abstraites ; le regard se plaît à y séjourner longuement. Il en va ici de même avec les poèmes.

Encore faut-il préciser que cette globalité du sens repose sur chacun des poèmes et que la part de lumière jaillissant de chacun l’emporte sur sa part d’ombre. Autrement dit, l’abstraction peu à peu en vient à rendre très concret, très saisissable, le propos de la poète.

« chaque rosier nous renvoie / aux rochers abrupts du néant // dans la prière / se perd l’écho de nos mots ». Outre le fait que ces vers soient très beaux, évocateurs à souhait, une lumière en émane qui est celle d’une joie transcendant le malheur. Ce rosier, je le vois serti au cœur d’un ensemble de poèmes qui disent l’anéantissement, sans cependant lui céder tout le terrain. Les « montagnes en muraille » dont il est question dans les premiers vers du poème que nous venons de lire ramènent à Varappe, le précédent recueil de l’auteure, reconduisent aux sommets que l’on gravit en luttant contre les horreurs de notre monde et depuis lesquels on contemple alors un versant de la vie plus souriant. Le rosier est ce sourire. Ses fleurs sont celles de l’amour. Ainsi voyons-nous alterner dans le recueil les moments d’abattement et d’élévation, de désespoir et d’espoir, de guerre et d’apaisement.

 « les jungles avalent l’espérance » comme le sable du premier poème avale « des étoiles à rebours », mais, en contrepartie, au-delà de la « prégnance de l’horreur » et bien que l’espoir soit « si éphémère »,   il devient au bout du compte possible de « gravir l’échelle de Dieu / et enfin / suivre le chemin de lumière ».  

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Auteur : Daniel Guénette

Né le 21 mai 1952, Daniel Guénette est originaire de Montréal. Il a vécu la majeure partie de son existence dans l’arrondissement de Saint-Laurent. Après des études en lettres à l’Université de Montréal, où il obtient un diplôme de maîtrise en création littéraire, il enseigne la littérature au cégep de Granby. En 2011, il prend sa retraite après 34 années d’enseignement. À l’aube de la soixantaine, il renoue avec l’écriture qu’il avait cessé de pratiquer durant près de vingt ans. Il publie chez Triptyque deux recueils de poésie, Traité de l’Incertain en 2013 et Carmen quadratum en 2016, ainsi qu’un récit, L’École des Chiens, en 2015. Dans son œuvre antérieure alternaient ouvrages de poésie (3 titres au Noroît, 2 chez Triptyque) et productions romanesques (3 titres chez Triptyque). Ces ouvrages furent publiés entre 1985 et 1996. L’ensemble fut bien reçu par la critique. À l’occasion du vingtième anniversaire des éditions Triptyque, feu Réginald Martel écrivait : « Et on soupçonne que bien des éditeurs seraient ravis d’inscrire à leur catalogue, parmi quelques auteurs de Triptyque, le nom d’un Daniel Guénette, par exemple. » J. Desraspes a enchanté Jean-Roch Boivin : « Ce roman est un délicieux apéritif, robuste et délicat, son auteur un écrivain de talent et de grands moyens. » Réginald Martel parle d’un roman « qu’on dévore sans reprendre son souffle » ; il salue également la parution des romans qui suivent, se montrant surtout favorable à L’écharpe d’Iris. Pierre Salducci écrit dans Le Devoir un article élogieux sur ce roman : « L’écharpe d’Iris est une réussite, une petite musique qui nous parle de la nature humaine et qu’on n’arrive pas à oublier. Un roman magnifique, un vrai. Pas un phénomène de mode. Pas un produit branché et périssable. Mais de la littérature. Tout simplement. » L’École des Chiens, qui en 2015 marque le retour de l’auteur au récit, a été commentée par divers blogueurs, dont le poète Jacques Gauthier : « Ce beau récit du poète Daniel Guénette évoque, avec pudeur et humilité, les onze années vécues auprès de Max qu’il a dû faire euthanasier à cause d’un cancer. Ils sont rares de tels livres qui traitent si tendrement de la relation entre un homme et son animal de compagnie. Ça parle de vie et de mort, d’attachement et d’amitié, d’enfance et de solitude. » Pour sa part, Topinambulle écrit : « Dans ce très beau récit, un homme apprivoise doucement le deuil de son chien. À la manière de Rousseau, Daniel Guénette nous invite à le suivre dans ses promenades, dans les méandres de ses souvenirs, où l'évocation de l'ami fidèle nous servira de guide. ». Dominic Tardif, dans Le Devoir, 4 juillet 2015 a rendu compte chaleureusement de L’école des chiens. Il a souligné qu’avec ce récit, l’auteur avait produit « de la vraie littérature » : « Plus qu’un livre sur un maître et son animal, L’école des chiens célèbre le pouvoir de l’écriture qui, chez Daniel Guénette, n’aspire pas à remplacer l’en allé, mais bien à en continuer la vie. » Recommandé avec enthousiasme à ses téléspectateurs, L’école des chiens a fait l’objet d’un échange de cadeaux à l’émission LIRE présentée sur ARTV. À partir de 1975, l’auteur a collaboré à diverses revues de littérature à titre de poète et de critique. On a pu lire ses recensions dans la revue Mœbius. Pour l’une d’elles, l’auteur a été finaliste au Prix d’excellence de la SODEP 2016, dans la catégorie Texte d’opinion critique sur une œuvre littéraire ou artistique. Plus récemment, l’auteur a publié deux nouveaux titres en poésie, Varia au Noroît en 2018 et, à l’hiver 2023, La châtaigneraie aux Éditions de la Grenouillère. Pour ce recueil, le poète a été finaliste au Prix d’excellence du webmagazine La Métropole. Dans la recension que réserve à cet ouvrage la revue LQ, le critique Antoine Boisclair écrit: « Ce recueil émouvant, très maîtrisé du point de vue formel, témoigne d’un savoir-faire indéniable. » Le critique et poète français Pierre Perrin écrit dans sa revue trimestrielle de littérature, la revue française « Possibles », ne pas confondre avec la revue québécoise du même nom : « Daniel Guénette a le vers sûr, souvent proche de l’alexandrin, parfois très bref. Il sait restituer une vie, avec sa foudre, ses éclairs, et les moments de calme, voire de communion. La Châtaigneraie constitue un beau recueil presque filial. » Pour sa part, dans Le Ou'tam’si magazine, Nathasha Pemba déclare que « La châtaigneraie est un recueil de poésie qui a l’allure d’un hommage, d’un renouvellement du contrat amical. C’est une poésie ontologique qui va au fond des choses pour faire émerger l’être. Daniel Guénette une fois plus confirme qu’il est poète, le poète de l’amitié, le poète de l’altérité, le poète de l’éternité. » Outre ces recueils de poésie, l’auteur fait paraître quelques nouveaux romans. De Miron, Breton et le mythomane, paru en 2017 à La Grenouillère, Dominic Tardif écrit dans Le Devoir : « Chronique des glorioles imaginaires d’un grand taquin aimant (se) conter des histoires et fabuler une légendaire vie d’aventures, Miron, Breton et le mythomane est le carton d’invitation d’une fête organisée en l’honneur du mensonge auquel s’abreuve n’importe quelle forme de littérature digne de ce nom. » Pour sa part, Dédé blanc-bec reçoit dans Nuit Blanche un commentaire signé Gaétan Bélanger : « Le ton poétique empreint d’humour et de nostalgie adopté par l’auteur rend extrêmement agréable la lecture de ce roman émouvant. Il faut préciser que, tout d’abord, il est un peu déroutant de suivre les bonds fréquents de la narration dans le temps. Plus que de simples digressions, elles donnent parfois l’impression que l’auteur saute du coq à l’âne pour revenir aux mêmes événements, observés sous un angle différent. Mais on s’habitue vite à cette manière ou à ce style et on l’apprécie pour son originalité. Voilà donc un roman au texte minutieusement poli et se démarquant par sa qualité et son audace. » Vierge folle est le dernier roman de l’auteur. La recension parue dans Culture Hebdo se termine avec ces mots : « Nous vous laissons le soin de découvrir la conclusion. Excellent, est un euphémisme. On a adoré. » Ce roman, sans doute le meilleur de l’auteur, s’il a suscité l’enthousiasme de ses lecteurs n’a guère fait l’objet de recensions sérieuses. Pour des recensions sérieuses, il aura fallu attendre l’hiver 2023. Au billet d’Antoine Boisclair portant sur La châtaigneraie, se sera ajoutée dans Le Devoir une chronique de Louis Cornellier consacrée non pas à un roman ou un recueil, mais à un essai. Le journaliste y salue d’abord le travail entrepris par l’écrivain sur son blogue : « Fin lecteur de poésie, l’écrivain s’y impose comme un critique raffiné, érudit et amical dont le style, limpide et élégant, s’apparente à celui de la conversation relevée. Ces qualités en font une rareté dans le paysage littéraire québécois. » Puis, il rend compte de l’essai : « Dans Le complexe d’Orphée (Nota bene, 2023, 186 pages), l’écrivain se fait plus essayiste que critique en proposant « une manière de promenade » dans laquelle il tente « de saisir la nature de la poésie ». Fidèle à son approche modeste et exploratoire, il déambule en compagnie des poètes et penseurs qu’il aime afin de délimiter son objet, tout en cultivant le souci de ne pas l’enfermer. » Il conclut sa chronique en ces termes : « Partisan des « poèmes limpides » qui disent de « simples vérités », Guénette trouve dans la poésie un antidote « à l’endormissement de [ses] facultés » ou, comme l’écrit Valéry, un discours « chargé de plus de sens, et mêlé de plus de musique, que le langage ordinaire n’en porte et n’en peut porter ». Fénelon aurait aimé ce livre admirable. » La conclusion de l’article d’Antoine Boisclair portant sur La châtaigneraie était elle aussi plutôt réjouissante : « Romancier accompli (son dernier récit, Vierge folle, est paru en 2021 aux éditions de La Grenouillère), critique littéraire important (son blogue, intitulé Dédé blanc-bec, offre des comptes rendus très étoffés sur des publications québécoises), Daniel Guénette est aussi un poète qui mérite toute notre attention. »

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