Claire Varin : Par la mère : Récit : Éditions de La Grenouillère : 2025 : 192 pages

Cofondateur des Compagnons de Saint-Laurent, secrétaire général de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal, journaliste, fondateur de l’Ordre du Bon-Temps et, entre autres, recherchiste à Radio-Canada, Roger Varin aura exercé en son temps un rôle des plus importants. Sa fille, Claire Varin, aura contribué dans un livre paru aux Éditions Fides en 2012 à le faire sortir de l’ombre relative où le relègue encore aujourd’hui une oublieuse postérité. Ceux qui n’ont pas lu Un prince incognito, Roger Varin le découvriront par moments dans le récit que, cette fois-ci, Claire Varin consacre tout particulièrement à sa mère, l’épouse de Roger. Après la célébration du père vient celle de Jacqueline Rathé.

Si son père était un prince, sa mère ne fut pas que reine du foyer. Le cliché veut que derrière tout grand homme se cache une grande femme. Jacqueline était assez grande pour ne pas se cacher derrière quiconque. Elle se tenait en pleine lumière aux côtés de son mari. Du reste, elle n’avait pas attendu de faire sa rencontre pour entreprendre elle-même des travaux d’envergure. Sa feuille de route impressionne. Dès son plus jeune âge, la jeune fille manifeste des dons, une insatiable curiosité, une grande soif de justice. En classe, elle est une brillante élève.

Bientôt, la jeune femme s’implique activement dans le Québec d’avant la Révolution tranquille, œuvrant notamment au sein de la Jeunesse étudiante catholique, y assumant la présidence de journées d’étude à seulement vingt ans, puis travaillant enfin comme journaliste et conférencière, se vouant corps et âme à la promotion d’une spiritualité laïque et d’un catholicisme social.

Par la mère est un ouvrage singulier, instructif à plus d’un titre, fort divertissant, et passionnant même, ne serait-ce qu’en raison des êtres de passion que Claire Varin y fait revivre. C’est en passant par la mère, en examinant soigneusement l’arbre généalogique des Rathé, aux branches ornées de personnages illustres, que l’écrivaine remonte dans le temps afin de brosser le portrait de sa mère, dans l’espoir que dans les traits effacés des ancêtres puissent se préciser quelque peu le visage de sa mère et incidemment le sien propre. Ouvrage singulier parce que fourmillant de facettes diverses, reliées cependant par un centre que toutes rejoignent afin de réaliser ce portrait.

Claire Varin poursuit un objectif que jamais elle ne perd de vue, quand bien même au fil de ses pérégrinations dans l’espace et le temps elle semble s’en éloigner, quittant alors les parages de la mère pour éclairer par le passé lointain de ses ancêtres le passé tout récent de Jacqueline. Ce travail d’enquête où elle découvre les racines de sa mère réaffirme en quelque sorte le présent toujours vivant de sa présence. L’Histoire ajoute ici à la mémoire.

Dans le prologue, elle affirme vouloir sortir sa mère de la nuit. Tel est le but qu’elle poursuit. Pour l’atteindre, sa manière est on ne peut plus efficace. La plupart du temps, les ouvrages biographiques posent sous les yeux des lecteurs quelque chose comme un papillon mort, exsangue, dont les ailes ne battent pas. La biographie présente un être fixé dans le temps. On emploie la troisième personne du singulier afin de raconter une existence souvent révolue. Or Claire Varin ne parle pas tout à fait d’une morte, mais plutôt à une morte. Ce faisant, elle ne tient pas sa mère à distance, mais la maintient, la garde présente auprès d’elle. Entretient avec elle une conversation « monologuée ». « Tu » est le premier mot du prologue. La fille s’adresse directement à la mère : « Tu aurais eu bientôt cent ans. Dans la solitude des bois, je suis venue me poser pour être seule avec toi. Tu m’as donné le jour, je veux te sortir de la nuit. » Dans l’épilogue, elle rappellera ce beau projet de vie et d’écriture : « Ce livre sera ton ancienne demeure dans les temps futurs, à toi qui vis maintenant dans l’immensité du hors-temps. »

Par ailleurs, une biographie standard invisibilise la personne du locuteur. Un « je » omniprésent n’y est présent nulle part. Le « je » disparaît derrière le « il » impersonnel. Dans le cas contraire, celui justement à l’œuvre dans Par la mère, un « je » s’adresse directement à son interlocuteur, mort ou vif, quoique toujours vif grâce à la magie du verbe. Le « je » se manifeste pleinement. Ainsi, les deux femmes se trouvent-elles à nouveau réunies : « Tu regrettais de ne pas avoir sondé tes parents de l’Ouest canadien, terre promise à la fin du XIXe siècle. Alors, j’ai pensé t’offrir en chemin faits et gestes de tes ascendants pour te désennuyer dans l’éternité, te bercer avec l’histoire de tes proches avant toi disparue, marcher dans le champ des ancêtres. Tu m’as orienté vers ton oncle et, moi, je veux te conduire auprès de ton quadrisaïeul Seth Warner, mais je retarde le moment. Tu ignorais tout de ce capitaine des Green Mountain Boys et « héros » méconnu de l’Indépendance américaine, hormis son rôle de défenseur des droits des habitants du futur État du Vermont. »

Ce récit, comme on le constate avec cette citation, correspond à une série de déambulations dans l’espace et le temps. Les deux femmes entreprennent un grand voyage, un retour dans le passé plus récent de l’oncle Aimé, personnage haut en couleur de l’Ouest canadien, et dans le plus lointain passé d’un héros américain. Les deux femmes vont ainsi main dans la main.

Elles ne se rendent pas toujours dans les terres lointaines de l’Ouest canadien ou du Nord-Est des États-Unis, au Vermont notamment. Très souvent, au fil du récit, la narratrice rappelle à sa mère des anecdotes de sa vie familiale et professionnelle. Nous sommes alors au Québec. Dans l’intimité d’un foyer, dont Jacqueline est la reine ; mais reine, elle l’est à sa manière, la jeune femme engagée au temps de sa jeunesse n’ayant pas abandonné ses activités de journaliste. On lira avec profit les pages consacrées à son premier militantisme au sein de la Jeunesse étudiante catholique. Comme le mentionne, la narratrice, on évitera alors de proférer des jugements anachroniques. En fait, on réalisera plutôt que les idéaux promus par la jeune Jacqueline, et auxquels sa vie durant elle sera demeurée fidèle, étaient « révolutionnaires ». Ces pages nous font rencontrer d’éminents personnages de notre histoire, les Simone Monet, Michel Chartrand, Gérard Pelletier, Jeanne Sauvé, etc.

Si je saute ici du coq à l’âne, ce n’est nullement par mimétisme. À dire vrai, Claire Varin conduit son récit de main de maître. Aucun de ses sauts dans le temps et l’espace n’est sans conséquence ; toujours elle retombe sur ses pieds, à point nommé, précisément là où l’apparente digression trouve sa résolution. Ses pages résultent d’une composition rigoureuse, quoique souterraine ; le primesautier et le naturel de l’expression ne manifestent pas cette précise orchestration. L’auteure est fort habile à reprendre des fils qu’elle avait abandonnés en cours de route, à les reprendre et nouer dans le tissage de son récit. Elle possède l’art de l’enchaînement, posant ici un élément, le reprenant plus loin, amenant en douce un sujet qu’elle développe par la suite en une succession de cercles concentriques, dont le centre bien entendu est toujours occupé par sa mère Jacqueline.

Son récit englobe à la fois le général et le particulier, le collectif et l’intime. Pour l’intime, pour peindre son portrait, elle rassemble çà et là des éléments de la vie de Jacqueline. Qui était cette femme ? Une première de classe dans son enfance, une petite « tannante », une femme fière tout au long de sa vie, généreuse assurément et fort empathique : « Ton regard sur l’autre était beau. » Ses dons fleurissent tout au long de sa vie adulte : « Maman Smet et toi, en syntonie avec plusieurs de tes collègues, cultivées, intelligentes, avanciez dans l’ombre de votre pendant masculin pourtant souvent admiratif de vos aptitudes intellectuelles. »

Le portrait est ici condensé, je l’esquisse à peine tout comme j’oblitère des scènes de la vie familiale pourtant essentielles à une meilleure compréhension des caractères de Jacqueline et de sa fille. Je sauve cependant de mes négligences ce qui a trait aux animaux avec lesquels la famille Rathé-Varin partageait son quotidien dans les années 1950 et 1960. Je songe au sort que de cruels voisins réservèrent à ses chatons et au chien Bravo, les premiers, jetés dans des sacs de jute dans les eaux de la rivière des Prairies, le second criblé de plombs sous prétexte qu’il furetait sur leur terrain. Nul doute que ces événements auront largement nourri l’esprit de la défenderesse de la cause animale que deviendra plus tard Claire Varin.

Le portrait de Jacqueline pour complet qu’il est se voit complété par l’incursion que fait sa fille dans la vie de ses ancêtres. Tout se tient ici et rien n’est gratuit. Les anecdotes s’avèrent nécessaires et révélatrices. On lit l’avenir dans les boules de cristal. Il est plus pertinent de lire le présent dans les arcanes du passé. Il s’avère que les liens entre la personne de Jacqueline et les personnages peuplant son arbre généalogique sont nombreux et éloquents. Claire voyage. Avec sa sœur Lucie, elle sillonne une grande partie des territoires canadien et américain. Elle entreprend un travail qui la conduit dans des musées, des bibliothèques ; elle consulte des archives, découvre de vieilles photographies, voit des monuments érigés en l’honneur du valeureux colonel des Green Mountain Boys. Son but étant de mieux connaître sa mère, de faire à connaître à celle-ci des pans méconnus de sa lointaine histoire. Ses intuitions sont bonnes, puisque la vie de Jacqueline se trouvera en effet éclairée par le miroir que lui tend alors l’écrivaine. Il s’agit d’un miroir déniché dans les greniers de l’Histoire. Elle le dépoussière. Ou ce sont, si l’on préfère, de vieux portraits qu’elle rajeunit en les ramenant au jour sous les yeux de sa mère. Aimé — député et sénateur, l’oncle qui fut un ardent défenseur des droits des francophones du Manitoba — et Steh Warner ont des traits de personnalité qu’on retrouve chez Jacqueline. Cette dernière n’aura pas démérité de l’héritage qu’ils lui auront légué.

Les liens entre Aimé, Steh et Jacqueline sont nombreux. Dans un témoignage découvert dans un vieux journal, un collègue sénateur d’Aimé affirme qu’il « avait un grand cœur et un robuste bon sens » (du bon sang coulait dans ses veines). Donc, un grand cœur. À ces mots, la narratrice ouvre une parenthèse et s’exclame : « comme toi, Jacqueline ! » C’est là de l’atavisme.

Les faits d’armes reluisants de Seth sont tout à fait impressionnants. On ignore à quoi ressemblait ce héros. La narratrice devra se contenter de dépeindre l’âme et le caractère du quadrisaïeul de Jacqueline. Les pages où l’on voit évoluer le combattant présentent avec brio son courage et la proportion épique des guerres auxquelles il se sera livré. L’homme, admiré par nul autre que George Washington, était d’une grande probité. Le fruit ne tombe pas loin de l’arbre. Son fils, le trisaïeul (Seth Junior) fut franc-maçon : « Le Chevalier Rose-Croix se devait d’assister les personnes en difficulté, de se consacrer à la solidarité, voire à la charité, mot aujourd’hui quasi tombé en disgrâce. Ça me plaît que ton trisaïeul ait été du côté clair des choses, qu’il ait œuvré à ‘‘polir sa pierre’’, c’est-à-dire à s’améliorer et à développer l’écoute et la tolérance face à la diversité — religieuse, professionnelle, politique ou raciale — représentée au sein de la loge même. »

Ce côté clair des choses doit retenir notre attention. Ce qui vaut pour la mère vaut également pour la fille. Le bon sang suit son cours, il irrigue aussi bien l’âme de la mère que celle de la fille. On le voit, la clarté des miroirs se répercute de génération en génération. Cela se confirme dans un autre passage. Claire Varin écrit : « Je suis Seth dans les deux sens du verbe. Je le suis, le pistant, et je suis un peu lui. Il se tient debout en moi. » Ailleurs, on lit : « Je me plais à imaginer avoir hérité, comme toi, de la couleur de ses iris et de son abondante chevelure. »

On apprend beaucoup en voyageant avec Claire Varin. Il y aurait beaucoup à dire au sujet de son récit. Il est souvent émouvant. Un de ses aspects les plus réussis correspond au ton qu’adopte l’écrivaine. Afin de rendre sa mère plus présente, plus vivante, elle choisit de lui parler par écrit : « Je veux juste te parler par écrit. ». Elle précise : « je n’écris pas comme je parle ». Cela n’est pas contradictoire. Tout comme il n’est pas contradictoire que ce récit mené par une « élève appliquée » avec le plus grand sérieux, soit çà et là parsemé de traits d’humour. Claire Varin entend à rire. Elle pratique l’ironie, tout particulièrement lorsqu’elle dénonce des injustices. Sa personne est au cœur du récit et, tout comme Seth qui s’avérait fort habile sur sa monture, et à l’instar de sa mère qui luttait au sein des mouvements laïques, elle mène avec vaillance de nombreux combats. Un peu partout dans le récit, sans pour s’alourdir sur ces sujets, elle réitère ses engagements en faveur des animaux, de l‘écologie et de la cause des femmes.

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Auteur : Daniel Guénette

Né le 21 mai 1952, Daniel Guénette est originaire de Montréal. Il a vécu la majeure partie de son existence dans l’arrondissement de Saint-Laurent. Après des études en lettres à l’Université de Montréal, où il obtient un diplôme de maîtrise en création littéraire, il enseigne la littérature au cégep de Granby. En 2011, il prend sa retraite après 34 années d’enseignement. À l’aube de la soixantaine, il renoue avec l’écriture qu’il avait cessé de pratiquer durant près de vingt ans. Il publie chez Triptyque deux recueils de poésie, Traité de l’Incertain en 2013 et Carmen quadratum en 2016, ainsi qu’un récit, L’École des Chiens, en 2015. Dans son œuvre antérieure alternaient ouvrages de poésie (3 titres au Noroît, 2 chez Triptyque) et productions romanesques (3 titres chez Triptyque). Ces ouvrages furent publiés entre 1985 et 1996. L’ensemble fut bien reçu par la critique. À l’occasion du vingtième anniversaire des éditions Triptyque, feu Réginald Martel écrivait : « Et on soupçonne que bien des éditeurs seraient ravis d’inscrire à leur catalogue, parmi quelques auteurs de Triptyque, le nom d’un Daniel Guénette, par exemple. » J. Desraspes a enchanté Jean-Roch Boivin : « Ce roman est un délicieux apéritif, robuste et délicat, son auteur un écrivain de talent et de grands moyens. » Réginald Martel parle d’un roman « qu’on dévore sans reprendre son souffle » ; il salue également la parution des romans qui suivent, se montrant surtout favorable à L’écharpe d’Iris. Pierre Salducci écrit dans Le Devoir un article élogieux sur ce roman : « L’écharpe d’Iris est une réussite, une petite musique qui nous parle de la nature humaine et qu’on n’arrive pas à oublier. Un roman magnifique, un vrai. Pas un phénomène de mode. Pas un produit branché et périssable. Mais de la littérature. Tout simplement. » L’École des Chiens, qui en 2015 marque le retour de l’auteur au récit, a été commentée par divers blogueurs, dont le poète Jacques Gauthier : « Ce beau récit du poète Daniel Guénette évoque, avec pudeur et humilité, les onze années vécues auprès de Max qu’il a dû faire euthanasier à cause d’un cancer. Ils sont rares de tels livres qui traitent si tendrement de la relation entre un homme et son animal de compagnie. Ça parle de vie et de mort, d’attachement et d’amitié, d’enfance et de solitude. » Pour sa part, Topinambulle écrit : « Dans ce très beau récit, un homme apprivoise doucement le deuil de son chien. À la manière de Rousseau, Daniel Guénette nous invite à le suivre dans ses promenades, dans les méandres de ses souvenirs, où l'évocation de l'ami fidèle nous servira de guide. ». Dominic Tardif, dans Le Devoir, 4 juillet 2015 a rendu compte chaleureusement de L’école des chiens. Il a souligné qu’avec ce récit, l’auteur avait produit « de la vraie littérature » : « Plus qu’un livre sur un maître et son animal, L’école des chiens célèbre le pouvoir de l’écriture qui, chez Daniel Guénette, n’aspire pas à remplacer l’en allé, mais bien à en continuer la vie. » Recommandé avec enthousiasme à ses téléspectateurs, L’école des chiens a fait l’objet d’un échange de cadeaux à l’émission LIRE présentée sur ARTV. À partir de 1975, l’auteur a collaboré à diverses revues de littérature à titre de poète et de critique. On a pu lire ses recensions dans la revue Mœbius. Pour l’une d’elles, l’auteur a été finaliste au Prix d’excellence de la SODEP 2016, dans la catégorie Texte d’opinion critique sur une œuvre littéraire ou artistique. Plus récemment, l’auteur a publié deux nouveaux titres en poésie, Varia au Noroît en 2018 et, à l’hiver 2023, La châtaigneraie aux Éditions de la Grenouillère. Pour ce recueil, le poète a été finaliste au Prix d’excellence du webmagazine La Métropole. Dans la recension que réserve à cet ouvrage la revue LQ, le critique Antoine Boisclair écrit: « Ce recueil émouvant, très maîtrisé du point de vue formel, témoigne d’un savoir-faire indéniable. » Le critique et poète français Pierre Perrin écrit dans sa revue trimestrielle de littérature, la revue française « Possibles », ne pas confondre avec la revue québécoise du même nom : « Daniel Guénette a le vers sûr, souvent proche de l’alexandrin, parfois très bref. Il sait restituer une vie, avec sa foudre, ses éclairs, et les moments de calme, voire de communion. La Châtaigneraie constitue un beau recueil presque filial. » Pour sa part, dans Le Ou'tam’si magazine, Nathasha Pemba déclare que « La châtaigneraie est un recueil de poésie qui a l’allure d’un hommage, d’un renouvellement du contrat amical. C’est une poésie ontologique qui va au fond des choses pour faire émerger l’être. Daniel Guénette une fois plus confirme qu’il est poète, le poète de l’amitié, le poète de l’altérité, le poète de l’éternité. » Outre ces recueils de poésie, l’auteur fait paraître quelques nouveaux romans. De Miron, Breton et le mythomane, paru en 2017 à La Grenouillère, Dominic Tardif écrit dans Le Devoir : « Chronique des glorioles imaginaires d’un grand taquin aimant (se) conter des histoires et fabuler une légendaire vie d’aventures, Miron, Breton et le mythomane est le carton d’invitation d’une fête organisée en l’honneur du mensonge auquel s’abreuve n’importe quelle forme de littérature digne de ce nom. » Pour sa part, Dédé blanc-bec reçoit dans Nuit Blanche un commentaire signé Gaétan Bélanger : « Le ton poétique empreint d’humour et de nostalgie adopté par l’auteur rend extrêmement agréable la lecture de ce roman émouvant. Il faut préciser que, tout d’abord, il est un peu déroutant de suivre les bonds fréquents de la narration dans le temps. Plus que de simples digressions, elles donnent parfois l’impression que l’auteur saute du coq à l’âne pour revenir aux mêmes événements, observés sous un angle différent. Mais on s’habitue vite à cette manière ou à ce style et on l’apprécie pour son originalité. Voilà donc un roman au texte minutieusement poli et se démarquant par sa qualité et son audace. » Vierge folle est le dernier roman de l’auteur. La recension parue dans Culture Hebdo se termine avec ces mots : « Nous vous laissons le soin de découvrir la conclusion. Excellent, est un euphémisme. On a adoré. » Ce roman, sans doute le meilleur de l’auteur, s’il a suscité l’enthousiasme de ses lecteurs n’a guère fait l’objet de recensions sérieuses. Pour des recensions sérieuses, il aura fallu attendre l’hiver 2023. Au billet d’Antoine Boisclair portant sur La châtaigneraie, se sera ajoutée dans Le Devoir une chronique de Louis Cornellier consacrée non pas à un roman ou un recueil, mais à un essai. Le journaliste y salue d’abord le travail entrepris par l’écrivain sur son blogue : « Fin lecteur de poésie, l’écrivain s’y impose comme un critique raffiné, érudit et amical dont le style, limpide et élégant, s’apparente à celui de la conversation relevée. Ces qualités en font une rareté dans le paysage littéraire québécois. » Puis, il rend compte de l’essai : « Dans Le complexe d’Orphée (Nota bene, 2023, 186 pages), l’écrivain se fait plus essayiste que critique en proposant « une manière de promenade » dans laquelle il tente « de saisir la nature de la poésie ». Fidèle à son approche modeste et exploratoire, il déambule en compagnie des poètes et penseurs qu’il aime afin de délimiter son objet, tout en cultivant le souci de ne pas l’enfermer. » Il conclut sa chronique en ces termes : « Partisan des « poèmes limpides » qui disent de « simples vérités », Guénette trouve dans la poésie un antidote « à l’endormissement de [ses] facultés » ou, comme l’écrit Valéry, un discours « chargé de plus de sens, et mêlé de plus de musique, que le langage ordinaire n’en porte et n’en peut porter ». Fénelon aurait aimé ce livre admirable. » La conclusion de l’article d’Antoine Boisclair portant sur La châtaigneraie était elle aussi plutôt réjouissante : « Romancier accompli (son dernier récit, Vierge folle, est paru en 2021 aux éditions de La Grenouillère), critique littéraire important (son blogue, intitulé Dédé blanc-bec, offre des comptes rendus très étoffés sur des publications québécoises), Daniel Guénette est aussi un poète qui mérite toute notre attention. »

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