Pierre Chatillon : Sous l’onde du songe : Poésie : Écrits des Forges : 2024 : 102 pages

Un homme dans ce livre fait le plus simplement du monde ses adieux à la vie. Le voici devenu assez âgé pour songer à la fermeture de ses livres. « Vieillir » aurait pu servir de titre à son recueil. Mais, Louis-Philippe Hébert dans un autre beau livre de poésie a déjà utilisé ce titre. Du reste, Sous l’onde du songe est fort bien trouvé, qui évoque avec justesse la situation qui est celle aujourd’hui de Pierre Chatillon.

Une rivière est évoquée dans ses poèmes ; en hiver, elle se voit recouverte de glace et de neige. Sous ce lourd plafond, les poissons se déplacent lentement ; dans les profondeurs, leur sommeil est très profond lui aussi. Ainsi, parvenu aux rives glacées de son propre hiver, le poète reconnaît-il en eux sa propre image, sa condition actuelle d’homme ayant plus de passé derrière lui qu’il n’a d’avenir devant. Comme les poissons, le voici plongé sous l’onde, coupé en quelque sorte d’une vie naguère active, condamné à l’immobilité du vieil âge, n’entretenant désormais avec le réel que des liens plutôt imaginaires, liens semblables à ceux qui en songe, lorsque nous rêvons, nous relient à nous-mêmes et à notre vie.

L’assonance consiste en un glissement de sonorités, en l’étirement d’un son se déplaçant d’un mot à l’autre comme glisse l’archet sur un violon tout blanc de neige. Musique du langage, puissance évocatrice de l’image, voilà qui résume assez bien l’approche et la poétique de Pierre Chatillon. À quoi s’ajoutent de nombreux autres aspects dont tout particulièrement celui d’une remarquable simplicité.

L’abstraction et encore moins l’abscons ne se rencontrent dans ses poèmes. Pour évoquer le sentiment ou la sensation, ce poète passe par le concret. Jamais il n’évacue le monde réel. Pour exprimer l’intangible, voire l’invisible, les choses de l’esprit, il emprunte la voie la plus visible, celle de la figure la plus lisible qui soit. C’est jouer sur les mots, mais j’avance que chez lui la figure jamais ne défigure le monde réel. S’il dit « rivière », il veut dire « rivière ». Et l’on aura compris que les poissons qu’il y pêche viendront bientôt dormir leur sommeil hivernal dans le lit de ses poèmes. Ce sera de cette manière et pas d’une autre que seront traités tous les éléments, tous les mots qui entreront dans la composition de ses poèmes. Ce sont les mots de tous les jours, ceux qui disent la maison, le vent, les choses de l’amour et la hantise de la mort.

On aura compris que ce poète ne coupe pas les cheveux en quatre pour dire ce qu’il cherche à dire. L’accès aux significations de ses poèmes n’est obstrué d’aucune obscurité. Il est en quelque sorte direct. Comme y incitait un La Bruyère, notre poète dit : « il pleut » quand il veut dire qu’il pleut. On objectera qu’un tel traitement du verbe confine à la prose, à la plate univocité. Or, la simplicité en poésie, tout comme dans les autres « genres » littéraires, ne peut en rien être confondue avec la banalité de l’expression. Les poèmes de Chatillon témoignent de la puissance évocatrice de la clarté en matière de poésie. Les métaphores qui parsèment ses vers sont claires comme de l’eau de roche et il en va de même des nombreuses allégories dont ils regorgent. Prenons par exemple le poème liminaire.

La Terre est ronde
aux yeux ravis des jeunes gens
qui rêvent d’en faire le tour
mais la Terre est plate
aux yeux presque éteints des vieillards
qui avancent à petits pas 
dans la peur
d’atteindre le bord

S’agissant d’illustrer un recours explicite à la figure de l’allégorie, cet exemple est plutôt mal choisi, j’en conviens. Mais, tout de même, par sa proximité avec la parole, quasi celle de tous les jours, donc la plus commune qui soit, ce poème se laisse entendre facilement. L’art y est voisin de l’artisanat qui d’un matériau tout simple tire habilement de petites merveilles. Chatillon ne prend pas les grands moyens pour communiquer ce qu’il a à dire, pas de lourde rhétorique, pas de savante et complexe architecture verbale. Alors que d’autres poètes, soucieux d’éviter la moindre tournure familière, fuyant le lieu commun dont Paulhan a pourtant démontré, non sans nuancer son propos, les mérites dans Les fleurs de Tarbes, Pierre Chatillon ne s’embarrasse d’aucun scrupule pour poétiser à même les merveilles qui sont à portée de voix.

Ce premier poème trouve son écho dans le tout dernier, les deux poèmes formant ainsi le cadre de l’ensemble, celui du début trouvant son achèvement dans le dernier qui vient clore l’aventure, refermer la trajectoire accomplie par la parole du poète, par son témoignage.

Pour simple que soit ce premier poème, on y retrouve, traité quasi sous le motif de l’effacement, donc discrètement, le type de figures auquel ont recouru de tout temps la grande majorité des poètes. Le poème est construit sur une base solide. Il repose sur des parallélismes et oppose les différents termes du lexique qu’il utilise. Le monde des « vieillards » contraste avec celui des « jeunes gens ». Aux « yeux presque éteints des vieillards », le poète oppose « les yeux ravis » des plus jeunes. L’entrain chez ceux qui rêvent de faire le tour de la Terre (ronde à leurs yeux) contraste avec la fatigue des vieillards marchant à pas lents. Le désir juvénile fait place à la peur. L’évidence moderne de la rotondité du globe permet au poète de redonner un tout autre sens à l’ancienne vision d’une Terre qui serait plate. L’image de la chute prochaine attendant les vieillards se voit ainsi exprimée de manière on ne peut plus percutante.

Il y a quelque chose dans tous ces poèmes qui est de l’ordre du familier. On évoque fréquemment le phénomène de l’inquiétante étrangeté. Il a son corollaire dans ce que l’on pourrait appeler une troublante familiarité. Les choses de la vie ne sont pas si évidentes. Sous la banalité de nos existences, les eaux d’une rivière souterraine s’écoulent presque à notre insu. Nous vivons le quotidien qui de l’enfance à la vieillesse semble aller de soi. Le poète, « grâce au pouvoir / de la poésie » parvient parfois comme le disait Rimbaud à « fixer des frissons », à nommer des inquiétudes, à décrire non pas forcément les réalités insondables, mais ce qui de toute évidence, alors que nous l’avons tous les jours sous les yeux, échappe à notre compréhension. Nous ne comprenons pas ou plutôt nous ne parvenons pas à exprimer clairement ce que nous commençons à comprendre lorsque la lumière se met à vaciller, lorsque, tout comme les poissons que peu à peu les glaces de l’hiver recouvrent, le froid commence à engourdir notre corps et notre âme tous deux promis à l’étiolement.

Avec Sous l’onde du songe, nous pouvons parler d’un réel absolu véritablement familier, vécu et ressenti par quiconque songe sa vie tout en la vivant, songe sa mort tout en la mourant. Le langage de Chatillon nomme ce réel absolu sans le mettre à distance. Le registre de ses poèmes tout en étant littéraire (il l’est à proportion de l’inventivité des images et du rythme du vers ici maîtrisé sans acharnement, sans qu’il ne soit torturé en vue d’une illusoire perfection) se rapproche, je le répète, de la parole usuelle. Il en résulte une présence, comme si le poète, et c’est presque le cas, nous récitait ses poèmes en personne. Nous sentons que quelqu’un de vrai s’adresse à nous ainsi qu’à lui-même. Tout chez lui fait penser au travail du conteur, et ce même dans les poèmes où il ne raconte pas une histoire.

J’ai mentionné le côté artisanal de sa poésie, je l’ai fait avec le plus grand respect. Je tiens toutefois à préciser que ce qui m’incite à faire ce rapprochement ne tient pas à la qualité de ses vers, laquelle me paraît indiscutable, l’homme ayant du métier — son recueil le démontre amplement. Non, ce qui me fait songer à l’artisanat est relatif au folklore. Ce poète n’a pas coupé ses liens avec nos racines, avec notre culture. J’ignore si dans son œuvre comptant de nombreux ouvrages il a ou non ressuscité le répertoire de nos contes et légendes, ce que je sais en revanche, c’est que du conteur il possède la verve. Et peu importe qu’il travaille ou non longuement ses vers, qu’il remette ou non vingt fois son ouvrage sur le métier, tout se passe comme s’il improvisait de la manière la plus spontanée qui soit.

Une sorte d’entrain à le lire nous entraîne à vouloir le suivre jusqu’au bout de la rivière. Quand bien même il traite de sujets graves et préoccupants, tout se passe comme si soulevé par un « violon blanc » l’air s’imprégnait d’une joie communicative. Sont-ce les chansons et les créations musicales du poète qui proposent une telle analogie ? Je l’ignore. Il est bon tout de même de rappeler une anecdote savoureuse qui éclaire la manière du poète. Chatillon n’est pas un musicien comme un autre, en tout cas pas un musicien savant issu de l’école ou du conservatoire. C’est dans sa tête que se joue d’abord sa musique. Il la crée, la recrée en sifflotant. Comme un randonneur chatonne en parcourant le sentier. Quand il a donné mentalement sa pleine mesure au chant qui le hante, il en fait la dictée à un compère musicien de formation. Ce dernier la couche sur une partition, puis en fait les arrangements en respectant les recommandations du poète-musicien. J’imagine que ses poèmes lui viennent de manière analogue, qu’un souffle intérieur les lui inspire. Nul besoin alors de recourir à un tiers pour les coucher sur le papier. Ses poèmes sont ce que l’on pourrait appeler des poèmes immédiats, surgi d’un instant de grâce et séduisant immédiatement qui s’abandonne au songe qui en émane. 

Cet effet d’immédiateté, le poème de Chatillon le partage donc avec le conte lorsque celui-ci est transmis directement par la parole du conteur. Le conteur est l’artiste qui sait de science infuse l’importance de la place que doit prendre son acte de parole dans la transmission du conte. Cet acte est acte d’acteur. Une âme doit animer la parole ; la présence agissante du conteur est nécessaire pour que naisse dans les esprits qui l’écoutent une histoire incarnée plus réelle que le réel. En d’autres mots, ce que partage Chatillon avec le conteur se résume en sa présence au cœur du poème et en l’intérêt que représente son propos à nos yeux. Nul n’est suspendu aux lèvres d’un conteur qui ne sait pas raconter, qui ne vit pas son récit et où toute forme de théâtralité brille par son absence ; nul ne serait suspendu aux lèvres d’un conteur qui sachant s’y prendre se risquerait à raconter des banalités.  

Les questions les plus graves, de métaphysique s’entend, tout comme dans les contes sont abordées chez Chatillon de manière fantaisiste et non conceptuelle. Par ailleurs, le merveilleux chez lui n’emprunte pas au merveilleux traditionnel du conte, transmis de génération en génération, mais est plutôt généré de manière originale en cela qu’il provient de l’imagination même du poète. Du reste, ce merveilleux n’est pas à proprement parler du merveilleux, ce qui y est à l’œuvre dans ses poèmes s’apparentant plutôt au phénomène psychique du rêve éveillé. Bien entendu, le fond universel du mythe et de l’archétype alimente l’imaginaire de Chatillon, mais, jamais au détriment de son propre processus de création.

La présence vivante rencontrée dans ses poèmes est parfois celle d’un farfadet, d’un esprit jeune s’amusant encore au milieu des ruines et affichant un triste sourire alors qu’il se trouve à quelques pieds du bord de la Terre où ses pas bientôt le mèneront. Ce vieillard fantaisiste à souhait joue avec les mots, se plaît à en inventer de nouveaux.

il gèle à mots fendre
les mots se cassent   éclatent
sous la pression du froid
puis au moindre dégel se ressoudent
au hasard
et composent un poème boréal
septentrigivre   vergon   gibouleige   congebise
friver   blizzure   flotinoire   verquise 
grelottir  débâclerie  sibériure  glasnord
rafalanche  poudrizzard  uglou  ventdumort
il gèle à Pierre fendre

Mine de rien, ce « ventdumort » est celui qui précipitera dans l’abîme un corps parvenu au bord de la Terre. Le dernier vers pourrait faire sourire ou indifférer, être considéré comme un plaisir facile que le poète s’accorde en passant, mais voilà, tout cela en réalité est plutôt grave, car le poète sait ici que son passage s’achève et qu’après tous ses mots fendus, il subira un sort analogue au leur. On l’aura compris, l’aspect ludique des poèmes de ce recueil n’a rien de gratuit.

Notre poète est un drôle d’oiseau, il amuse et fait sourire. En 2022 paraissait son recueil intitulé Orphée domestique. Je ne puis m’empêcher de songer qu’il y a chez lui un petit chant comparable justement à celui du moineau domestique. Lorsqu’on regarde attentivement un moineau, on voit une merveille, on découvre ce qui était invisible à nos yeux. On avait cru voir très souvent des moineaux ; on ne daignait pas même les regarder. De même, on pourrait croire avoir lu déjà du Chatillon chez des poètes de jadis et d’ailleurs. À dire vrai, on a sans doute agi avec ce poète comme on le fait avec les moineaux, sans se rendre compte qu’il pose sur les choses de la vie un regard attentif et aimant, toujours neuf, toujours émerveillé. À le lire vraiment, on découvre les beautés de la vie et de la nature : « on ne voit pas la joie / d’un jour d’été / et pourtant mon poème / et tous les oiseaux de mon cœur / célèbrent sa beauté ».

Je n’ai pas évoqué ici le doux surréalisme affleurant dans certains poèmes ni leur puissance expressive (de l’ordre justement de l’expressionnisme) : « sur mon lit courent des rats / dont la tête est un cadran de montre ». Dans un poème, la maison du poète est en feu. Ses mots crépitent sur la page ; la description de l’incendie est saisissante, hallucinante. Tout cela est de l’ordre de l’allégorie. De la maison en ruine ne reste finalement qu’un amas de cendres et de « poutres carbonisées ». Bientôt les pelles mécaniques et les bulldozers « nivelleront le terrain / le laissant vierge de tout souvenir / et ce sera exactement / comme si je n’avais jamais existé ».

J’ai mentionné la « présence vivante » du poète au cœur de son ouvrage, je ne puis passer sous silence l’incarnation de son verbe dans le territoire du Québec. Chatillon est vraiment un poète québécois. Certains poètes produisent des œuvres sans lieu d’ancrage précis, sans que leur culture indigène paraisse au cœur de leur parole. Chatillon nous donne à voir notre territoire. Ses hivers et ses étés sont les nôtres. Ses rivières aussi et la faune qu’on y rencontre, chevreuil et renard roux.

Enfin, vieillir avec lui, c’est vieillir pour vrai, mais avec le sourire, car tout est plaisant dans sa poésie. On sent, en raison de la fantaisie qui se manifeste en maints passages, qu’il dû être un homme quelque peu espiègle. Aujourd’hui, il attend de s’éveiller « là-bas / sur [s]on lit de lumière ».

Ce poète a vieilli, mais rien perdu de sa faculté d’émerveillement. Il faut lire les passages où il évoque les jeunes amants ainsi que la belle nudité des amoureuses au cœur de l’été.

Dans le tout dernier poème, un « grand héron prend son essor ». Il est « parvenu au bord de la Terre ». Cher poète, prenez votre temps avant d’ouvrir tout comme lui vos « vastes ailes ».

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Auteur : Daniel Guénette

Né le 21 mai 1952, Daniel Guénette est originaire de Montréal. Il a vécu la majeure partie de son existence dans l’arrondissement de Saint-Laurent. Après des études en lettres à l’Université de Montréal, où il obtient un diplôme de maîtrise en création littéraire, il enseigne la littérature au cégep de Granby. En 2011, il prend sa retraite après 34 années d’enseignement. À l’aube de la soixantaine, il renoue avec l’écriture qu’il avait cessé de pratiquer durant près de vingt ans. Il publie chez Triptyque deux recueils de poésie, Traité de l’Incertain en 2013 et Carmen quadratum en 2016, ainsi qu’un récit, L’École des Chiens, en 2015. Dans son œuvre antérieure alternaient ouvrages de poésie (3 titres au Noroît, 2 chez Triptyque) et productions romanesques (3 titres chez Triptyque). Ces ouvrages furent publiés entre 1985 et 1996. L’ensemble fut bien reçu par la critique. À l’occasion du vingtième anniversaire des éditions Triptyque, feu Réginald Martel écrivait : « Et on soupçonne que bien des éditeurs seraient ravis d’inscrire à leur catalogue, parmi quelques auteurs de Triptyque, le nom d’un Daniel Guénette, par exemple. » J. Desraspes a enchanté Jean-Roch Boivin : « Ce roman est un délicieux apéritif, robuste et délicat, son auteur un écrivain de talent et de grands moyens. » Réginald Martel parle d’un roman « qu’on dévore sans reprendre son souffle » ; il salue également la parution des romans qui suivent, se montrant surtout favorable à L’écharpe d’Iris. Pierre Salducci écrit dans Le Devoir un article élogieux sur ce roman : « L’écharpe d’Iris est une réussite, une petite musique qui nous parle de la nature humaine et qu’on n’arrive pas à oublier. Un roman magnifique, un vrai. Pas un phénomène de mode. Pas un produit branché et périssable. Mais de la littérature. Tout simplement. » L’École des Chiens, qui en 2015 marque le retour de l’auteur au récit, a été commentée par divers blogueurs, dont le poète Jacques Gauthier : « Ce beau récit du poète Daniel Guénette évoque, avec pudeur et humilité, les onze années vécues auprès de Max qu’il a dû faire euthanasier à cause d’un cancer. Ils sont rares de tels livres qui traitent si tendrement de la relation entre un homme et son animal de compagnie. Ça parle de vie et de mort, d’attachement et d’amitié, d’enfance et de solitude. » Pour sa part, Topinambulle écrit : « Dans ce très beau récit, un homme apprivoise doucement le deuil de son chien. À la manière de Rousseau, Daniel Guénette nous invite à le suivre dans ses promenades, dans les méandres de ses souvenirs, où l'évocation de l'ami fidèle nous servira de guide. ». Dominic Tardif, dans Le Devoir, 4 juillet 2015 a rendu compte chaleureusement de L’école des chiens. Il a souligné qu’avec ce récit, l’auteur avait produit « de la vraie littérature » : « Plus qu’un livre sur un maître et son animal, L’école des chiens célèbre le pouvoir de l’écriture qui, chez Daniel Guénette, n’aspire pas à remplacer l’en allé, mais bien à en continuer la vie. » Recommandé avec enthousiasme à ses téléspectateurs, L’école des chiens a fait l’objet d’un échange de cadeaux à l’émission LIRE présentée sur ARTV. À partir de 1975, l’auteur a collaboré à diverses revues de littérature à titre de poète et de critique. On a pu lire ses recensions dans la revue Mœbius. Pour l’une d’elles, l’auteur a été finaliste au Prix d’excellence de la SODEP 2016, dans la catégorie Texte d’opinion critique sur une œuvre littéraire ou artistique. Plus récemment, l’auteur a publié deux nouveaux titres en poésie, Varia au Noroît en 2018 et, à l’hiver 2023, La châtaigneraie aux Éditions de la Grenouillère. Pour ce recueil, le poète a été finaliste au Prix d’excellence du webmagazine La Métropole. Dans la recension que réserve à cet ouvrage la revue LQ, le critique Antoine Boisclair écrit: « Ce recueil émouvant, très maîtrisé du point de vue formel, témoigne d’un savoir-faire indéniable. » Le critique et poète français Pierre Perrin écrit dans sa revue trimestrielle de littérature, la revue française « Possibles », ne pas confondre avec la revue québécoise du même nom : « Daniel Guénette a le vers sûr, souvent proche de l’alexandrin, parfois très bref. Il sait restituer une vie, avec sa foudre, ses éclairs, et les moments de calme, voire de communion. La Châtaigneraie constitue un beau recueil presque filial. » Pour sa part, dans Le Ou'tam’si magazine, Nathasha Pemba déclare que « La châtaigneraie est un recueil de poésie qui a l’allure d’un hommage, d’un renouvellement du contrat amical. C’est une poésie ontologique qui va au fond des choses pour faire émerger l’être. Daniel Guénette une fois plus confirme qu’il est poète, le poète de l’amitié, le poète de l’altérité, le poète de l’éternité. » Outre ces recueils de poésie, l’auteur fait paraître quelques nouveaux romans. De Miron, Breton et le mythomane, paru en 2017 à La Grenouillère, Dominic Tardif écrit dans Le Devoir : « Chronique des glorioles imaginaires d’un grand taquin aimant (se) conter des histoires et fabuler une légendaire vie d’aventures, Miron, Breton et le mythomane est le carton d’invitation d’une fête organisée en l’honneur du mensonge auquel s’abreuve n’importe quelle forme de littérature digne de ce nom. » Pour sa part, Dédé blanc-bec reçoit dans Nuit Blanche un commentaire signé Gaétan Bélanger : « Le ton poétique empreint d’humour et de nostalgie adopté par l’auteur rend extrêmement agréable la lecture de ce roman émouvant. Il faut préciser que, tout d’abord, il est un peu déroutant de suivre les bonds fréquents de la narration dans le temps. Plus que de simples digressions, elles donnent parfois l’impression que l’auteur saute du coq à l’âne pour revenir aux mêmes événements, observés sous un angle différent. Mais on s’habitue vite à cette manière ou à ce style et on l’apprécie pour son originalité. Voilà donc un roman au texte minutieusement poli et se démarquant par sa qualité et son audace. » Vierge folle est le dernier roman de l’auteur. La recension parue dans Culture Hebdo se termine avec ces mots : « Nous vous laissons le soin de découvrir la conclusion. Excellent, est un euphémisme. On a adoré. » Ce roman, sans doute le meilleur de l’auteur, s’il a suscité l’enthousiasme de ses lecteurs n’a guère fait l’objet de recensions sérieuses. Pour des recensions sérieuses, il aura fallu attendre l’hiver 2023. Au billet d’Antoine Boisclair portant sur La châtaigneraie, se sera ajoutée dans Le Devoir une chronique de Louis Cornellier consacrée non pas à un roman ou un recueil, mais à un essai. Le journaliste y salue d’abord le travail entrepris par l’écrivain sur son blogue : « Fin lecteur de poésie, l’écrivain s’y impose comme un critique raffiné, érudit et amical dont le style, limpide et élégant, s’apparente à celui de la conversation relevée. Ces qualités en font une rareté dans le paysage littéraire québécois. » Puis, il rend compte de l’essai : « Dans Le complexe d’Orphée (Nota bene, 2023, 186 pages), l’écrivain se fait plus essayiste que critique en proposant « une manière de promenade » dans laquelle il tente « de saisir la nature de la poésie ». Fidèle à son approche modeste et exploratoire, il déambule en compagnie des poètes et penseurs qu’il aime afin de délimiter son objet, tout en cultivant le souci de ne pas l’enfermer. » Il conclut sa chronique en ces termes : « Partisan des « poèmes limpides » qui disent de « simples vérités », Guénette trouve dans la poésie un antidote « à l’endormissement de [ses] facultés » ou, comme l’écrit Valéry, un discours « chargé de plus de sens, et mêlé de plus de musique, que le langage ordinaire n’en porte et n’en peut porter ». Fénelon aurait aimé ce livre admirable. » La conclusion de l’article d’Antoine Boisclair portant sur La châtaigneraie était elle aussi plutôt réjouissante : « Romancier accompli (son dernier récit, Vierge folle, est paru en 2021 aux éditions de La Grenouillère), critique littéraire important (son blogue, intitulé Dédé blanc-bec, offre des comptes rendus très étoffés sur des publications québécoises), Daniel Guénette est aussi un poète qui mérite toute notre attention. »

3 réflexions sur « Pierre Chatillon : Sous l’onde du songe : Poésie : Écrits des Forges : 2024 : 102 pages »

  1. Joyeuses Pâques Daniel!

    Mon ordi m’informe qu’il y a un problème de transmission de mon «commentaire».
    Le voici donc via courriel.
    Amitiés,
    Laurent

    Je dois te redire que je suis sidéré par la longueur, la profondeur, la beauté de l’écriture et quoi encore de ta petite étude sur le beau recueil de Pierre Chatillon même si je sais que ce genre de commentaire de ma part te met mal à l’aise…
    Je le fais parce que, comme tu le sais, je viens de passer 2-3 semaines à «étudier» ton dernier ouvrage (La fatigue de la haine) et que je touche donc de très près l’exigence qu’implique la production d’un tel billet!
    Merci encore Daniel pour ce regard ami au coeur de ces ouvrages, pour cette passerelle que tu nous tends vers le merveilleux mais souvent mystérieux monde des poètes.

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    1. En me mettant mal à l’aise, comme tu dis, tu me fais grandement plaisir. Tu es la preuve vivante que des lecteurs dont la poésie n’était d’abord pas une muse privilégiée peuvent peu à peu en venir à la goûter et à l’apprécier. Tout cela démontre qu’elle peut prendre un peu plus de place dans la vie de tout un chacun. Joyeuses Pâques !

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