Fernand Ouellette : Ces anges de sang : in Poésie – poèmes 1953-1971 : Éditions de l’Hexagone : 1972 : 283 pages

Les notes que je rédige ici ne sont que des notes, des notes en vue de. Ou, si l’on préfère, ce ne sont que des impressions, pas même encore des semblants de conjectures. Mon but est de saisir un parcours. Je veux voir de quoi aura été faite la poésie de Fernand Ouellette depuis Ces anges de sang jusqu’à Vers l’embellie.

Ouellette a-t-il conçu une œuvre allant dans tous les sens, expérimentant aléatoirement les voies les plus diverses, en écrivain soucieux principalement de formes et d’expérimentations ?

Je pose la question tout en sachant que c’est là une fausse question, puisque j’en connais la réponse. Ce n’est pas même une question rhétorique destinée à faire réfléchir qui me lit. Je sais qu’une grande unité caractérise l’ensemble de l’œuvre de Ouellette. Pourtant, cet écrivain prolifique s’est adonné à tous les genres littéraires ou presque. Il a fait paraître maints recueils de poèmes, une poignée de romans, des chroniques littéraires, des commentaires, des récits autobiographiques, des essais littéraires, d’autres, axés sur la spiritualité et la foi, une biographie d’Edgard Varèse et quoi encore ?

Le regard que je porte sur son œuvre se limite à ses ouvrages poétiques, mais comment détacher ceux-ci du reste ? Comment bien les saisir si l’on ne fait pas la part belle ne serait-ce qu’à ses écrits sur la littérature, la peinture et la musique ? Comment surtout ne pas prendre en considération ses essais religieux ?

On connaît l’importance du rôle que joue la foi dans son œuvre, et ce, depuis ses toutes premières publications. Qu’on songe, par exemple, à Ces anges de sang. Bien entendu, les anges ne se limitent pas uniquement au monde chrétien. Les anges peuvent être évoqués sur un mode métaphorique, ils réfèrent alors à des créatures imaginaires, ont une dimension symbolique. Or, si Ouellette intitule comme il le fait son premier recueil en attribuant une manière de corps aux anges, puisque ce sont des anges « de sang », force est d’admettre qu’il y a ici place à l’interprétation. Le poète crée mentalement une nouvelle espèce d’anges. Que cherche-t-il à réaliser avec cette sorte de concept ? Que cherche-t-il à exprimer avec cette réalité nouvelle si ce n’est la vision si personnelle qu’il se fait alors de sa propre réalité ? Assurément, il s’agit d’une vérité de soi s’élaborant au fil de l’écriture, au fil de sa propre existence. Ainsi, douze ans plus tard,  Dans le sombre fait-il part de cette création de soi : « Je me choisis sauvage ». Or dès Ces anges de sang, cette volonté avait été manifestée, le côté « sauvage » n’avait évidemment pas alors pour moteur les forces vives de l’érotisme, mais il n’en demeure pas moins que pour le jeune poète qui publie en 1955 son premier recueil une saisissante métamorphose s’opère en lui dans son rapport à son propre corps. Le jeune séraphin a passé la presque totalité de son adolescence chez les Frères mineurs capucins, fondateurs du Collège Séraphique d’Ottawa. Il est de retour à Montréal. Sa foi ne le quittera pas de sitôt, mais quelque chose en lui a profondément changé. Des années plus tard, dans divers récits, il s’expliquera sur ce revirement. En gros, durant un congé, à l’occasion d’un bref séjour à Montréal, il avait dansé avec une jeune femme lors d’une fête. Quelque chose en lui l’avait alors convaincu de renoncer à sa vocation religieuse.

Il intégrera le marché du travail, entreprendra des études universitaires. Les circonstances de la vie lui feront découvrir le monde des librairies et de l’édition. Il rencontra de jeunes écrivains. Bientôt commencera pour eux la formidable aventure qu’aura été la fondation de la revue Liberté, la création de l’Hexagone, la participation à la vie culturelle québécoise et canadienne via la radio de Radio-Canada. Ouellette sera alors un homme marié. Avec l’avènement de la Révolution tranquille, il en viendra à quitter tout à fait la pratique religieuse pour n’y revenir que de nombreuses années plus tard. Ce retour à la pratique religieuse marquera-t-il ou non une coupure dans son œuvre poétique ? C’est la question que je me pose. En quoi les écrits de la première période, celle qui va des années 1950 jusqu’un milieu des années 1990, diffèrent-ils ou non de ce que le poète publiera après sa rencontre déterminante avec Thérèse ? Après avoir consacré un ouvrage à la sainte, après avoir produit de multiples ouvrages en lien avec sa foi, le poète reviendra à la poésie ; ce sera alors en publiant coup sur coup d’imposants livres de poésie. Parler de leurs thèmes me paraît réducteur, car Ouellette n’est pas de ces écrivains qui s’interrogent longuement sur ce qu’ils ont l’intention de produire, je veux dire qu’il ne cherche pas chaque fois qu’il entreprend l’écriture d’un ensemble de poèmes à découvrir, puis traiter des thèmes nouveaux. Jamais n’a-t-il l’intention de procéder artificiellement à partir de sujets détachés de ses réelles préoccupations. À défaut de trouver le mot qui convient, j’utilise celui-ci, je parle de thèmes. Ils désignent des motifs récurrents dans l’œuvre du poète : ange, bleu, verticalité, mer, montagne, etc.  Ces motifs abondent. Ont-ils au fil du temps subi de remarquables mutations de sens ? Les anges des poèmes de la seconde période, celle qui suit la fameuse nuit où Ouellette connaît l’illumination déclenchant son retour à la Sainte Table, ces anges, après avoir été de sang, sont-ils les mêmes quelque cinquante ans plus tard ? Chez celui qui écrit s’est opérée une radicale transformation. Il s’est choisi chrétien et pratiquant. Il avait été, de son propre aveu un « poète chrétien », il deviendra un « chrétien poète ». Cette modification terminologique peut-elle être prise au pied de la lettre ? On sait que notre poète n’est pas un faiseur de jeux de mots ; on n’en trouvera qu’une poignée dans ses nombreux livres et jamais ne sont-ils destinés à provoquer le rire ou l’étonnement gratuit. Certes, il y a de la fantaisie, quoique très peu, chez Ouellette, mais cette antimétabole, est-ce une facétie langagière, une entourloupette amusante ? La frontière ainsi tracée est-elle aussi nette dans l’œuvre ? Les écrits du « chrétien poète » se distinguent-ils vraiment de ceux du « poète chrétien » ?

Pour tenter de répondre à cette question, je suis revenu au très beau volume réunissant au tournant des années 1970 les premiers recueils de Ouellette. Cet ouvrage paru aux Éditions de l’Hexagone est-il toujours disponible quelque part, je veux dire chez les libraires ? Il contient Ces anges de sang, Séquences de l’aile, Le soleil sous la mort, le remarquable Dans le sombre (assurément une œuvre majeure), et des écrits plus ou moins de circonstances, pièces éparses recueillies en quelques légers bouquets à la fin du volume. Un court texte de prose portant sur les rapports qu’entretiennent Le poème et le poétique met fin au volume.

On devinera que je m’attarde en lisant ces poèmes à tout ce qui de près ou de loin réapparaîtra dans les ouvrages de la seconde période, à commencer par les motifs religieux, les anges par exemple, la figure du Christ (curieusement, elle est rarement présentée de face, nommément je veux dire ; le poème de Ces anges de sang intitulé « Le Christ galérien » faisant exception à la règle). Le bleu, la verticalité, la mer, la montagne attirent mon attention. Mais j’oubliais la lumière et tant d’autres motifs.

Prenons le thème du bleu. « Un instant bleu, tout n’est qu’âme. » C’est par cet exergue que s’ouvre le tout premier recueil de Ouellette. Décidément, le bleu aura parcouru de manière constante l’ensemble de son œuvre. L’enfance aussi, sur laquelle j’aurai à revenir, car chez Ouellette se rencontre à la toute fin cela qui en rien ne diffère du commencement. À quoi rime l’enfance ? À une pureté ? À tout le moins, en fin de parcours, l’être renoue-t-il avec son origine. Et je suis frappé, vraiment j’insiste, par cette intuition qu’eut le poète, intuition ou savoir précoce, car juste après avoir cité Georg Trakl, Ouellette offre un deuxième exergue, emprunté cette fois à Rainer Maria Rilke : « Ne croyez point que le destin soit plus que cette densité de l’enfance : ». Voilà qui résume dès le commencement de l’œuvre la pensée, je dirais même plus, le parcours de l’homme qu’est Ouellette. Il est au tout début de la vingtaine et il cite ces auteurs avec un sens très précis du raccordement de sa pensée à la leur. Oui, l’enfance jamais ne sera occultée, elle sera de retour à la toute fin, au cœur des derniers poèmes, alors que le poète s’avancera dans la lumière, ayant enfin gagné les hauts sommets. L’harmonie avec le bleu sera enfin pleinement réalisée au moment où il rejoindra ses morts bien-aimés.

Mais n’anticipons pas sur cette embellie.

La lumière pleure dans le premier poème de Ces anges de sang. Pleure également « le silence / au creux du matin / endormi dans l’enfant. »

Quelque chose ici s’apparente à une grande désolation. Il y a perte : « ici-bas c’est l’histoire en dérive / de l’ancienne absence. » « et sur l’âme plus nue qu’une lande / couve une chevauchée de vents gelés. » Aux archanges s’ajoute la préoccupation du bleu. Il est question justement du tourment que provoque l’appel du bleu. Ce trouble perdurera jusque dans les poèmes de Vers l’embellie. C’est que le bleu n’est pas qu’une couleur, il est aussi, qu’on me permette ces paronymes, une douleur présente ainsi qu’une douceur à venir.

J’ai mentionné plus haut la présence, quasiment la découverte du corps. Une fois retirée la bure du jeune séraphin, le corps apparaît dans toute son étrangeté. Le poète parle d’un échec du corps et se demande quel ange enfin se portera à son secours : « Quel ange me rendra / le haut sentier d’un geste plein / l’ardent pays d’un corps en marche ? » Il demande aux esprits de l’assister dans les efforts qu’il fait afin d’accéder pleinement à la matérialisation de son être. Sans doute lui faudra-t-il attendre le temps où se réaliseront pour lui les fulgurances de l’amour telles que décrites dans le grand recueil qu’est Dans le sombre. Mais pour l’heure, le poète est seul à lutter « contre l’assaut des anges de sang ». Ces anges, on peut se demander si ce sont les femmes. Le poème relatif à ces assauts s’intitule « Comme une tour de soif ». Il y est question de solitude.  Le « je » du poème est en manque. Il a soif, il a faim. J’ignore à quel moment ce poème a été écrit. Avant ou après sa rencontre avec sa femme. Sans doute avant. Chose certaine, celle-ci est présente dès ce premier recueil. Le poète lui dédie le poème intitulé « Naissance ». Ce poème est très beau. Il fait part d’un apaisement, d’une sorte de réconciliation du poète avec son être. Je cite les derniers vers : « Et l’odeur infinie de ta présence / comme une large main lumineuse / étreint mon élan, étreint mon exil ; / et l’odeur infinie de ta présence / endort mes plaies, convie mes aigles / à l’intense élévation d’un chant de feu. »

Le premier recueil de Fernand Ouellette était somme toute une plaquette réunissant un peu moins de vingt poèmes. Au moment où il reparaît dans le gros volume de l’Hexagone, plus de quinze ans plus tard, le poète en retire un poème. J’ignore quand ses dix-sept poèmes ont été rédigés, je ne puis départager ceux du jeune célibataire de ceux écrits après sa rencontre avec Lisette. Ces détails jouent sur les significations qu’on peut leur attribuer. Mais à dire vrai, cela importe peu, puisque la réunion de ces poèmes ne se fait pas aux dépens d’une certaine unité. À travers eux, ce qui se joue est une lutte constante : le bleu est mis à l’épreuve et le corps échoue, mais son échec semble provisoire, ne serait-ce que parce qu’un ange vient ici-bas « offrir son être à l’éveil des morts » ou encore et surtout peut-être grâce à la rencontre amoureuse favorisant enfin « l’intense élévation d’un chant de feu. »

Une chose est certaine, au terme de cette lutte l’ange désormais se trouve incarné. D’autres luttes néanmoins attendent le poète. Les recueils à venir en témoigneront. Que ce soit chez le « poète chrétien » ou chez le « chrétien poète », le chemin ne prend jamais fin. Des obstacles surgissent çà et là. Le poète choisit d’aller de l’avant, s’engage dans la montée abrupte, aspire à l’embellie.  

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Auteur : Daniel Guénette

Né le 21 mai 1952, Daniel Guénette est originaire de Montréal. Il a vécu la majeure partie de son existence dans l’arrondissement de Saint-Laurent. Après des études en lettres à l’Université de Montréal, où il obtient un diplôme de maîtrise en création littéraire, il enseigne la littérature au cégep de Granby. En 2011, il prend sa retraite après 34 années d’enseignement. À l’aube de la soixantaine, il renoue avec l’écriture qu’il avait cessé de pratiquer durant près de vingt ans. Il publie chez Triptyque deux recueils de poésie, Traité de l’Incertain en 2013 et Carmen quadratum en 2016, ainsi qu’un récit, L’École des Chiens, en 2015. Dans son œuvre antérieure alternaient ouvrages de poésie (3 titres au Noroît, 2 chez Triptyque) et productions romanesques (3 titres chez Triptyque). Ces ouvrages furent publiés entre 1985 et 1996. L’ensemble fut bien reçu par la critique. À l’occasion du vingtième anniversaire des éditions Triptyque, feu Réginald Martel écrivait : « Et on soupçonne que bien des éditeurs seraient ravis d’inscrire à leur catalogue, parmi quelques auteurs de Triptyque, le nom d’un Daniel Guénette, par exemple. » J. Desraspes a enchanté Jean-Roch Boivin : « Ce roman est un délicieux apéritif, robuste et délicat, son auteur un écrivain de talent et de grands moyens. » Réginald Martel parle d’un roman « qu’on dévore sans reprendre son souffle » ; il salue également la parution des romans qui suivent, se montrant surtout favorable à L’écharpe d’Iris. Pierre Salducci écrit dans Le Devoir un article élogieux sur ce roman : « L’écharpe d’Iris est une réussite, une petite musique qui nous parle de la nature humaine et qu’on n’arrive pas à oublier. Un roman magnifique, un vrai. Pas un phénomène de mode. Pas un produit branché et périssable. Mais de la littérature. Tout simplement. » L’École des Chiens, qui en 2015 marque le retour de l’auteur au récit, a été commentée par divers blogueurs, dont le poète Jacques Gauthier : « Ce beau récit du poète Daniel Guénette évoque, avec pudeur et humilité, les onze années vécues auprès de Max qu’il a dû faire euthanasier à cause d’un cancer. Ils sont rares de tels livres qui traitent si tendrement de la relation entre un homme et son animal de compagnie. Ça parle de vie et de mort, d’attachement et d’amitié, d’enfance et de solitude. » Pour sa part, Topinambulle écrit : « Dans ce très beau récit, un homme apprivoise doucement le deuil de son chien. À la manière de Rousseau, Daniel Guénette nous invite à le suivre dans ses promenades, dans les méandres de ses souvenirs, où l'évocation de l'ami fidèle nous servira de guide. ». Dominic Tardif, dans Le Devoir, 4 juillet 2015 a rendu compte chaleureusement de L’école des chiens. Il a souligné qu’avec ce récit, l’auteur avait produit « de la vraie littérature » : « Plus qu’un livre sur un maître et son animal, L’école des chiens célèbre le pouvoir de l’écriture qui, chez Daniel Guénette, n’aspire pas à remplacer l’en allé, mais bien à en continuer la vie. » Recommandé avec enthousiasme à ses téléspectateurs, L’école des chiens a fait l’objet d’un échange de cadeaux à l’émission LIRE présentée sur ARTV. À partir de 1975, l’auteur a collaboré à diverses revues de littérature à titre de poète et de critique. On a pu lire ses recensions dans la revue Mœbius. Pour l’une d’elles, l’auteur a été finaliste au Prix d’excellence de la SODEP 2016, dans la catégorie Texte d’opinion critique sur une œuvre littéraire ou artistique. Plus récemment, l’auteur a publié deux nouveaux titres en poésie, Varia au Noroît en 2018 et, à l’hiver 2023, La châtaigneraie aux Éditions de la Grenouillère. Pour ce recueil, le poète a été finaliste au Prix d’excellence du webmagazine La Métropole. Dans la recension que réserve à cet ouvrage la revue LQ, le critique Antoine Boisclair écrit: « Ce recueil émouvant, très maîtrisé du point de vue formel, témoigne d’un savoir-faire indéniable. » Le critique et poète français Pierre Perrin écrit dans sa revue trimestrielle de littérature, la revue française « Possibles », ne pas confondre avec la revue québécoise du même nom : « Daniel Guénette a le vers sûr, souvent proche de l’alexandrin, parfois très bref. Il sait restituer une vie, avec sa foudre, ses éclairs, et les moments de calme, voire de communion. La Châtaigneraie constitue un beau recueil presque filial. » Pour sa part, dans Le Ou'tam’si magazine, Nathasha Pemba déclare que « La châtaigneraie est un recueil de poésie qui a l’allure d’un hommage, d’un renouvellement du contrat amical. C’est une poésie ontologique qui va au fond des choses pour faire émerger l’être. Daniel Guénette une fois plus confirme qu’il est poète, le poète de l’amitié, le poète de l’altérité, le poète de l’éternité. » Outre ces recueils de poésie, l’auteur fait paraître quelques nouveaux romans. De Miron, Breton et le mythomane, paru en 2017 à La Grenouillère, Dominic Tardif écrit dans Le Devoir : « Chronique des glorioles imaginaires d’un grand taquin aimant (se) conter des histoires et fabuler une légendaire vie d’aventures, Miron, Breton et le mythomane est le carton d’invitation d’une fête organisée en l’honneur du mensonge auquel s’abreuve n’importe quelle forme de littérature digne de ce nom. » Pour sa part, Dédé blanc-bec reçoit dans Nuit Blanche un commentaire signé Gaétan Bélanger : « Le ton poétique empreint d’humour et de nostalgie adopté par l’auteur rend extrêmement agréable la lecture de ce roman émouvant. Il faut préciser que, tout d’abord, il est un peu déroutant de suivre les bonds fréquents de la narration dans le temps. Plus que de simples digressions, elles donnent parfois l’impression que l’auteur saute du coq à l’âne pour revenir aux mêmes événements, observés sous un angle différent. Mais on s’habitue vite à cette manière ou à ce style et on l’apprécie pour son originalité. Voilà donc un roman au texte minutieusement poli et se démarquant par sa qualité et son audace. » Vierge folle est le dernier roman de l’auteur. La recension parue dans Culture Hebdo se termine avec ces mots : « Nous vous laissons le soin de découvrir la conclusion. Excellent, est un euphémisme. On a adoré. » Ce roman, sans doute le meilleur de l’auteur, s’il a suscité l’enthousiasme de ses lecteurs n’a guère fait l’objet de recensions sérieuses. Pour des recensions sérieuses, il aura fallu attendre l’hiver 2023. Au billet d’Antoine Boisclair portant sur La châtaigneraie, se sera ajoutée dans Le Devoir une chronique de Louis Cornellier consacrée non pas à un roman ou un recueil, mais à un essai. Le journaliste y salue d’abord le travail entrepris par l’écrivain sur son blogue : « Fin lecteur de poésie, l’écrivain s’y impose comme un critique raffiné, érudit et amical dont le style, limpide et élégant, s’apparente à celui de la conversation relevée. Ces qualités en font une rareté dans le paysage littéraire québécois. » Puis, il rend compte de l’essai : « Dans Le complexe d’Orphée (Nota bene, 2023, 186 pages), l’écrivain se fait plus essayiste que critique en proposant « une manière de promenade » dans laquelle il tente « de saisir la nature de la poésie ». Fidèle à son approche modeste et exploratoire, il déambule en compagnie des poètes et penseurs qu’il aime afin de délimiter son objet, tout en cultivant le souci de ne pas l’enfermer. » Il conclut sa chronique en ces termes : « Partisan des « poèmes limpides » qui disent de « simples vérités », Guénette trouve dans la poésie un antidote « à l’endormissement de [ses] facultés » ou, comme l’écrit Valéry, un discours « chargé de plus de sens, et mêlé de plus de musique, que le langage ordinaire n’en porte et n’en peut porter ». Fénelon aurait aimé ce livre admirable. » La conclusion de l’article d’Antoine Boisclair portant sur La châtaigneraie était elle aussi plutôt réjouissante : « Romancier accompli (son dernier récit, Vierge folle, est paru en 2021 aux éditions de La Grenouillère), critique littéraire important (son blogue, intitulé Dédé blanc-bec, offre des comptes rendus très étoffés sur des publications québécoises), Daniel Guénette est aussi un poète qui mérite toute notre attention. »

2 réflexions sur « Fernand Ouellette : Ces anges de sang : in Poésie – poèmes 1953-1971 : Éditions de l’Hexagone : 1972 : 283 pages »

  1. J’ai pris beaucoup de retard à lire tes blogues.

    Ton subtil complexe d’Orphée en est principalement la cause!

    Je reste fasciné par ta traque Ouelletologique. Qu’un poète québécois reçoive une telle recherche et une telle appréciation de ta part m’incite à penser que tu as probablement flairé chez lui les germes qui en feront un Immortel.

    Vivons vieux pour connaitre le jugement de l’Histoire!!!

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    1. Vivons vieux, mon vieux ! Tu as pris du retard ! Moi, j’ai joué de la guitare. J’ai remis à plus tard mes « petites études ». Quant à l’ami Ouellette, là aussi, je tarde à poursuivre mes travaux. Demain, j’aurai un jour de plus. Si je n’en profite pas, le temps va passer en un éclair et encore une fois je « farnienterai ».

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