Philippe-Daniel Clément : Le chevalet, la palette et le pliant : Roman : Éditions du Wampum : 2023 : 168 pages

Roman ? Plutôt « Roman par nouvelles » ; c’est ce qu’indique la page de titre du livre. Dans l’avant-propos, l’auteur apporte d’importantes précisions sur la nature de son ouvrage, sur la méthode adoptée pour l’écrire et les intentions l’ayant animé pour ce faire. Il a écrit un portrait de Vincent van Gogh, voire une série de portraits s’échelonnant sur diverses périodes de la vie du peintre. Il précise qu’on trouvera dans son roman non pas une biographie en bonne et due forme, mais bien plutôt un « récit mythique », et que ce récit procédera des impressions qu’ont laissées sur lui les œuvres et les propos du peintre. Les « nouvelles » de son roman correspondent à ce que l’auteur appelle des « tableaux de mots ». Il rappelle que le peintre « considérait l’art de la parole ou du mot aussi difficile que celui de la peinture », que, par ailleurs, dans sa correspondance il établissait un parallèle entre la peinture et la littérature ; « peindre avec des mots », voilà ce que selon lui certains auteurs parvenaient à réaliser.

Dans le cas qui nous intéresse, « peindre avec des mots », ç’aura été pour Philippe-Daniel Clément, travailler à partir d’une imposante documentation, notamment la correspondance du peintre, s’inspirer des œuvres de ce dernier, approcher son univers avec empathie et s’en pénétrer afin que l’imaginaire de l’écrivain témoigne de celui du peintre. La méthode adoptée aura consisté à s’imprégner des réalités objectives fournies par les documents et les œuvres pour plonger ensuite de manière tout impressionniste et subjective dans le monde du « rouquin » que l’auteur appelle affectueusement par son prénom, Vincent. Cette subjectivité, l’empathie dont fait part l’auteur, le fait qu’il n’ait pas cherché à rédiger « une histoire détaillée », à relater tous les événements marquants de la vie du peintre justifie l’association au genre romanesque. Cependant, à mon avis, ce que l’auteur est parvenu à accomplir est bien davantage qu’un roman. C’est en tout cas un ouvrage fort original, un récit justement mythique dont la méthode, la composition et l’écriture font tout le prix, l’auteur ne tombant pas dans le piège qui aurait consisté à fictionnaliser une existence, à prétendre la représenter en toute objectivité, à chercher à rendre l’apparence du « vrai ». Comment dire ? Ce Vincent ainsi portraituré, il me semble que c’est toute son âme résumée que par ses « tableaux de mots » l’écrivain reconstitue et fait resurgir sous nos yeux, tel un fantôme, tel un reflet, une illusion disant mieux qu’un semblant de réalité objective.

En épigraphe est donné un court extrait de la correspondance de Vincent. Dans une lettre adressée à son frère Théo, le peintre écrit : « Cela n’empêche pas que j’ai un besoin de, dirai-je le mot — de religion —, alors, je vais la nuit dehors pour peindre les étoiles. » Dirai-je le mot ? Religion. Comment le comprendre, alors que l’on tourne la page rapidement ou distraitement pour se lancer dans la lecture du « roman », et qu’on oublie ce mot ? Il reviendra toutefois, et l’on comprendra mieux alors le sens que lui donne Vincent. Nous en reparlerons.

Premier tableau de mots. On voit l’enfant en toute liberté, échappé au joug familial. Le voici au milieu de « la nature voluptueuse ». Il est attentif à tout. Il observe « le vol flotté des alouettes, les nids d’art des loriots jaunes, les allées et venues envoûtantes des insectes et des arthropodes de l’air, de l’eau et de la terre. » Premier constat du lecteur, et que confirmera magnifiquement la suite de l’ouvrage : la palette de l’auteur est riche, son vocabulaire, abondant et précis, tandis que son style qui parfois, mais rarement, est fleuri, confère à l’ensemble un surplus de qualité contribuant à en accroître la valeur. La prose de l’auteur pourrait prudemment être qualifiée de poétique.

Pourquoi prudemment ? Parce que le terme « poétique » lorsqu’appliqué au domaine du récit peut prêter à confusion. On pourrait croire à tort que l’auteur privilégie les mots pour les mots, alors que tout le travail de Philippe-Daniel Clément consiste à agencer les mots de manière à s’approcher davantage et au mieux de son sujet. Son écriture est poétique en ce sens où une manière d’alchimie du langage opère en son sein. Il peint avec des mots et réalise donc des tableaux de mots. Or, fait assez remarquable, ces mots représentent justement l’équivalent de ce que sont les couleurs dans les œuvres du peintre.

La méthode, on le comprend assez tôt en lisant ce récit mythique, est tout à fait appropriée à l’objet que cherche à dépeindre l’auteur. Et de même que tout semble bouger dans les tableaux du maître, les mots de l’écrivain montreront un monde animé. Nature, objets de toutes sortes, maisons, meubles, pinceaux et spatules, à l’instar de leur animation dans les toiles ou sous les yeux du peintre cherchant à en percer les mystères, tout s’animera sous la plume de l’auteur. Ainsi, on voit que le chemin « s’échine en pèlerin », alors qu’« une église implore le ciel de sa pointe de fer » Vincent est-il dans sa chambre, au moment où il s’apprête à se mettre au travail, voilà qu’« un tabouret s’impatiente » de le voir commencer à travailler. Ces personnifications ne sont pas que le fait de l’auteur. Ici comme partout ailleurs dans son récit il se montre fidèle à son sujet. Il procède à sa manière. À propos de la pierre noire dont il se sert pour dessiner, Vincent écrit qu’elle « comprend ce que l’on veut, elle écoute avec intelligence et obéit […]. »

Tout ici a une âme et s’anime. L’alchimie chez Vincent réside en cela justement qu’il s’agit pour lui de créer des œuvres vivantes. À ce propos, Clément écrit : « La craie deviendra chair et le papier s’animera. » Encore une fois, cette alchimie n’est pas ici une invention de l’auteur. La correspondance du peintre le confirme. S’agissant d’une toile à laquelle il travaille avec obstination, il écrit, à Théo : « Je crois bien qu’elle est vivante maintenant. »

Il y a là une contagion positive. La faculté qu’ont les pinceaux de Vincent à rendre à l’inerte une manière de mobilité se propage à la plume l’auteur : « Vincent recommença à croquer les coursiers de bois qui se mirent aussitôt à naviguer dans son cahier sur des flots d’encre et de graphite. »  La périphrase désigne ici, on l’aura compris, les embarcations qui sur les vagues « montaient et descendaient tels des chevaux de manège. »

Parlant de manège, je ne peux résister ici à la tentation de citer, à titre d’exemple de l’intérêt que représente le style de Clément, un assez long passage dans lequel est décrit justement un manège. En fait, nous assistons ici à un rêve de Vincent qui est « cloué sur son lit d’hôpital à Saint-Rémy- de-Provence où il s’est porté volontaire à l’internement » : « Sur le site du foirail, le peintre endormi hésite. À senestre un manège exotique de bois et de verre entraîne sur des bêtes domptées des cavaliers en délire. Ils montent et ils descendent maintenus sur leur selle par des fils de lumière irisée. Leurs montures, des chevaux zébrés d’aube et de crépuscule, de mer et de forêt, se ruent à hue et à dia, virant et virevoltant sur leur pivot d’argent. Le beau carrousel vit de joie et de rires d’adultes redevenus enfants. Dans le haut s’étale une corniche de tableaux champêtres et bucoliques encadrés de trumeaux rococo. Elle s’incurve, interminable, vers un horizon jamais atteint. Une garniture ornementale de frises et de panneaux multicolores court sur le bas peinant à maintenir le rythme des étalons et des juments en tête de course. »

Ce dernier rêve est assez représentatif de la peinture de Vincent, en cela que tout dans ce manège est en mouvement, en mouvement circulaire, comme dans les tourbillons de couleurs où apparaitront sous peu les étoiles dans les ciels que Vincent peindra de nuit. Tout est mouvements et couleurs. L’auteur fera le commentaire suivant : « Les étoiles se meuvent de leur plein gré, par leur propre volonté, comme les animaux. »

La contagion positive, je devrais plutôt la nommer « réciprocité », car ce n’est pas tant l’influence que Vincent peut avoir sur Clément qui est responsable des similitudes que j’observe entre la manière du peintre et celle du poète, moins cette influence que cette espèce de prodige rendu possible par l’empathie dont il est fait mention dans l’avant-propos. Cette empathie permet ce que le sociologue français, Louis Moreau de Bellaing, cité par Clément, identifie comme étant le « récit mythique » ; elle favorise aussi selon moi cet accord profond entre les deux artistes. Bien entendu, le style de Clément est plus sage que celui de Vincent, moins fiévreux, mais il est au service, comme j’en ai déjà fait mention, de cette intention qui l’anime, à savoir portraiturer l’artiste en rédigeant des « tableaux de mots ». Là où Clément dans son art rejoint surtout Vincent, c’est dans cette faculté qu’il a de répondre au mot d’ordre ou, si l’on préfère au précepte, que Vincent élabore dans l’une de ses nombreuses lettres à son frère : « Lorsque la chose représentée en tant que style est absolument d’accord avec la façon de la représenter, n’est-ce pas là ce qui fait la tenue d’une chose d’art ? » Voilà ce qui me frappe dans le travail de Clément, une parfaite adéquation entre la chose (Vincent) et le style (tableau de mots).

Il y a pourrais-je dire une complémentarité. Je n’ai pas suffisamment insisté sur l’importance de la couleur, de la préoccupation qu’a Vincent à son endroit dans la réalisation de ses œuvres. Or, certaines d’entre elles sont reproduites dans l’ouvrage de Clément. Elles le sont cependant en noir et blanc, autrement dit en gris, ce qui laisse en suspens tout un plan du travail de Vincent, le plus essentiel si l’on a compris le propos de Clément qui insiste beaucoup sur ce point. Le peintre alchimiste pour animer ses tableaux comptait énormément sur le génie de la couleur : « Les plantes mûres occupaient le centre et s’étaient animées dès l’entrée en scène du grand maître du coloris, tendre ou violent. » Un des chapitres du roman s’intitule « Outrer la couleur », un autre, « Hurler le jaune ! » On peut y lire les déclarations de Vincent : « J’ai cherché à exprimer avec le rouge et le vert les terribles passions humaines. »

À l’exception de l’Autoportrait au chapeau de paille illustrant la couverture, en couleur celle-ci, le livre ne compte pas moins de quinze reproductions d’œuvres du peintre. Ces dernières sont, je le rappelle, en noir et blanc. Or, cette omission de la couleur est loin d’être un défaut ; il ne me viendrait pas à l’esprit de déplorer qu’il en soit ainsi, car il revient alors à l’auteur de suppléer ce manque par ses propres mots. Là se trouve la complémentarité mentionnée ci-haut. La couleur revient au cœur de ces œuvres grâce à la magie du verbe. J’ajoute que le noir et blanc des reproductions sied tout à fait au noir des mots sur le blanc de la page. Ce dispositif est tout à fait pertinent.

Je veux en terminant revenir un instant sur la question de la « religion » et des étoiles. Dans l’un des derniers chapitres, il est abondamment question de Millet. Van Gogh déclare à son sujet : « Ah Millet ! Millet ! celui-là comme il a peint l’humanité et le ‘‘quelque chose là-haut’’ familier et pourtant solennel. » Là-haut brillent les étoiles, Vincent écrit : « certaines étoiles sont citronnées, d’autres ont des feux roses, verts, bleu myosotis. » Il en viendra à déclarer que la couleur n’est pas l’essentiel. Qu’est-ce qui l’est alors ? Ce qui est essentiel, Clément le révèle dans cette toute petite phrase : « Il avait soif de lumière éternelle, de la source mystique qui baigne l’univers, d’un au-delà inatteignable, mais combien attirant et perturbant. »

Je donne une dernière fois la parole à Vincent : « Et sentir néanmoins les étoiles et l’infini en haut clairement. Alors la vie est tout de même presque enchantée. »

En refermant ce livre, je me suis rappelé que le plus beau compliment que l’on peut adresser à un auteur, c’est de lui faire savoir qu’une fois notre lecture achevée, nous avons songé à la reprendre depuis le tout début’ Ce serait dans le but de renouer avec le plaisir de la découverte, afin d’accompagner à nouveau le personnage de Vincent sur les sentiers de la création. Philippe-Daniel Clément a réussi à peindre Vincent van Gogh tel qu’en lui-même. En cela, il a réalisé une œuvre d’alchimiste. Il a touché l’étoile.

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Auteur : Daniel Guénette

Né le 21 mai 1952, Daniel Guénette est originaire de Montréal. Il a vécu la majeure partie de son existence dans l’arrondissement de Saint-Laurent. Après des études en lettres à l’Université de Montréal, où il obtient un diplôme de maîtrise en création littéraire, il enseigne la littérature au cégep de Granby. En 2011, il prend sa retraite après 34 années d’enseignement. À l’aube de la soixantaine, il renoue avec l’écriture qu’il avait cessé de pratiquer durant près de vingt ans. Il publie chez Triptyque deux recueils de poésie, Traité de l’Incertain en 2013 et Carmen quadratum en 2016, ainsi qu’un récit, L’École des Chiens, en 2015. Dans son œuvre antérieure alternaient ouvrages de poésie (3 titres au Noroît, 2 chez Triptyque) et productions romanesques (3 titres chez Triptyque). Ces ouvrages furent publiés entre 1985 et 1996. L’ensemble fut bien reçu par la critique. À l’occasion du vingtième anniversaire des éditions Triptyque, feu Réginald Martel écrivait : « Et on soupçonne que bien des éditeurs seraient ravis d’inscrire à leur catalogue, parmi quelques auteurs de Triptyque, le nom d’un Daniel Guénette, par exemple. » J. Desraspes a enchanté Jean-Roch Boivin : « Ce roman est un délicieux apéritif, robuste et délicat, son auteur un écrivain de talent et de grands moyens. » Réginald Martel parle d’un roman « qu’on dévore sans reprendre son souffle » ; il salue également la parution des romans qui suivent, se montrant surtout favorable à L’écharpe d’Iris. Pierre Salducci écrit dans Le Devoir un article élogieux sur ce roman : « L’écharpe d’Iris est une réussite, une petite musique qui nous parle de la nature humaine et qu’on n’arrive pas à oublier. Un roman magnifique, un vrai. Pas un phénomène de mode. Pas un produit branché et périssable. Mais de la littérature. Tout simplement. » L’École des Chiens, qui en 2015 marque le retour de l’auteur au récit, a été commentée par divers blogueurs, dont le poète Jacques Gauthier : « Ce beau récit du poète Daniel Guénette évoque, avec pudeur et humilité, les onze années vécues auprès de Max qu’il a dû faire euthanasier à cause d’un cancer. Ils sont rares de tels livres qui traitent si tendrement de la relation entre un homme et son animal de compagnie. Ça parle de vie et de mort, d’attachement et d’amitié, d’enfance et de solitude. » Pour sa part, Topinambulle écrit : « Dans ce très beau récit, un homme apprivoise doucement le deuil de son chien. À la manière de Rousseau, Daniel Guénette nous invite à le suivre dans ses promenades, dans les méandres de ses souvenirs, où l'évocation de l'ami fidèle nous servira de guide. ». Dominic Tardif, dans Le Devoir, 4 juillet 2015 a rendu compte chaleureusement de L’école des chiens. Il a souligné qu’avec ce récit, l’auteur avait produit « de la vraie littérature » : « Plus qu’un livre sur un maître et son animal, L’école des chiens célèbre le pouvoir de l’écriture qui, chez Daniel Guénette, n’aspire pas à remplacer l’en allé, mais bien à en continuer la vie. » Recommandé avec enthousiasme à ses téléspectateurs, L’école des chiens a fait l’objet d’un échange de cadeaux à l’émission LIRE présentée sur ARTV. À partir de 1975, l’auteur a collaboré à diverses revues de littérature à titre de poète et de critique. On a pu lire ses recensions dans la revue Mœbius. Pour l’une d’elles, l’auteur a été finaliste au Prix d’excellence de la SODEP 2016, dans la catégorie Texte d’opinion critique sur une œuvre littéraire ou artistique. Plus récemment, l’auteur a publié deux nouveaux titres en poésie, Varia au Noroît en 2018 et, à l’hiver 2023, La châtaigneraie aux Éditions de la Grenouillère. Pour ce recueil, le poète a été finaliste au Prix d’excellence du webmagazine La Métropole. Dans la recension que réserve à cet ouvrage la revue LQ, le critique Antoine Boisclair écrit: « Ce recueil émouvant, très maîtrisé du point de vue formel, témoigne d’un savoir-faire indéniable. » Le critique et poète français Pierre Perrin écrit dans sa revue trimestrielle de littérature, la revue française « Possibles », ne pas confondre avec la revue québécoise du même nom : « Daniel Guénette a le vers sûr, souvent proche de l’alexandrin, parfois très bref. Il sait restituer une vie, avec sa foudre, ses éclairs, et les moments de calme, voire de communion. La Châtaigneraie constitue un beau recueil presque filial. » Pour sa part, dans Le Ou'tam’si magazine, Nathasha Pemba déclare que « La châtaigneraie est un recueil de poésie qui a l’allure d’un hommage, d’un renouvellement du contrat amical. C’est une poésie ontologique qui va au fond des choses pour faire émerger l’être. Daniel Guénette une fois plus confirme qu’il est poète, le poète de l’amitié, le poète de l’altérité, le poète de l’éternité. » Outre ces recueils de poésie, l’auteur fait paraître quelques nouveaux romans. De Miron, Breton et le mythomane, paru en 2017 à La Grenouillère, Dominic Tardif écrit dans Le Devoir : « Chronique des glorioles imaginaires d’un grand taquin aimant (se) conter des histoires et fabuler une légendaire vie d’aventures, Miron, Breton et le mythomane est le carton d’invitation d’une fête organisée en l’honneur du mensonge auquel s’abreuve n’importe quelle forme de littérature digne de ce nom. » Pour sa part, Dédé blanc-bec reçoit dans Nuit Blanche un commentaire signé Gaétan Bélanger : « Le ton poétique empreint d’humour et de nostalgie adopté par l’auteur rend extrêmement agréable la lecture de ce roman émouvant. Il faut préciser que, tout d’abord, il est un peu déroutant de suivre les bonds fréquents de la narration dans le temps. Plus que de simples digressions, elles donnent parfois l’impression que l’auteur saute du coq à l’âne pour revenir aux mêmes événements, observés sous un angle différent. Mais on s’habitue vite à cette manière ou à ce style et on l’apprécie pour son originalité. Voilà donc un roman au texte minutieusement poli et se démarquant par sa qualité et son audace. » Vierge folle est le dernier roman de l’auteur. La recension parue dans Culture Hebdo se termine avec ces mots : « Nous vous laissons le soin de découvrir la conclusion. Excellent, est un euphémisme. On a adoré. » Ce roman, sans doute le meilleur de l’auteur, s’il a suscité l’enthousiasme de ses lecteurs n’a guère fait l’objet de recensions sérieuses. Pour des recensions sérieuses, il aura fallu attendre l’hiver 2023. Au billet d’Antoine Boisclair portant sur La châtaigneraie, se sera ajoutée dans Le Devoir une chronique de Louis Cornellier consacrée non pas à un roman ou un recueil, mais à un essai. Le journaliste y salue d’abord le travail entrepris par l’écrivain sur son blogue : « Fin lecteur de poésie, l’écrivain s’y impose comme un critique raffiné, érudit et amical dont le style, limpide et élégant, s’apparente à celui de la conversation relevée. Ces qualités en font une rareté dans le paysage littéraire québécois. » Puis, il rend compte de l’essai : « Dans Le complexe d’Orphée (Nota bene, 2023, 186 pages), l’écrivain se fait plus essayiste que critique en proposant « une manière de promenade » dans laquelle il tente « de saisir la nature de la poésie ». Fidèle à son approche modeste et exploratoire, il déambule en compagnie des poètes et penseurs qu’il aime afin de délimiter son objet, tout en cultivant le souci de ne pas l’enfermer. » Il conclut sa chronique en ces termes : « Partisan des « poèmes limpides » qui disent de « simples vérités », Guénette trouve dans la poésie un antidote « à l’endormissement de [ses] facultés » ou, comme l’écrit Valéry, un discours « chargé de plus de sens, et mêlé de plus de musique, que le langage ordinaire n’en porte et n’en peut porter ». Fénelon aurait aimé ce livre admirable. » La conclusion de l’article d’Antoine Boisclair portant sur La châtaigneraie était elle aussi plutôt réjouissante : « Romancier accompli (son dernier récit, Vierge folle, est paru en 2021 aux éditions de La Grenouillère), critique littéraire important (son blogue, intitulé Dédé blanc-bec, offre des comptes rendus très étoffés sur des publications québécoises), Daniel Guénette est aussi un poète qui mérite toute notre attention. »

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